
Greg Newman : « la bande dessinée possède ce pouvoir sorcier de nous faire réfléchir en nous faisant rêver »
ATD Quart Monde a lancé une campagne de crowdfunding afin de financer la publication d’une BD « Stop aux préjugés sur les pauvres ».
Greg Newman, scénariste de cet album dont il est l’auteur de 9 des 10 histoires, nous parle de ce projet.
D’où vient l’idée de ce projet ?
C’est une belle idée d’ATD Quart Monde. Ce sont des gens convaincus et convainquants !
Quels sont les thèmes que vous avez choisis de développer dans cet album ?
Lorsqu’il s’agit de personnes en précarité, les idées reçues – par exemple – sur la fraude sociale, l’incapacité à s’intégrer et à se situer dans une dynamique de recherche d’emploi sont, hélas, bien ancrées. Une dizaine de thèmes de ce genre est donc abordée dans l’album. Mais le plus important d’entre eux, sans doute, concerne le besoin de culture exprimé par les gens en souffrance sociale. On voit bien que lire ou aller au cinéma peut être, pour certains, aussi important que de s’abriter ou de manger. Le titre de l’album, « La bibliothèque, c’est ma maison » (d’après une riche histoire vraie), vient de là.
Comment le thème de la pauvreté est-il généralement traité dans la bande dessinée ?
Assez périphériquement la plupart du temps. Avec cet album sur lequel une dizaine de dessinateurs et dessinatrices travaillent en donnant le meilleur d’eux-mêmes ce sera du frontal !
Pensez-vous qu’une bande dessinée a la pouvoir de combattre les préjugés ?
Oui ! Mille fois oui ! Tout comme le roman, le cinéma et l’art en général. Dans cet album, 10 graphistes de talent apportent leur sensibilité, leur style, leur vision proche du réel ou décalée. Du coup, des univers BD bien différents seront représentés : humour bien sûr mais aussi aventure, poésie, super-héros et fantastique sont au rendez-vous (on croisera même des héros légendaires comme Pinocchio et Popeye !), le tout mêlant histoires vraies et pures fictions. Certains graphismes parleront plus à tels ou tels lecteurs, d’autres toucheront le voisin d’à-côté. Mais tous, on peut l’espérer, feront entendre leur petite musique singulière et, qui sait, changeront peut-être le regard porté sur les personnes en lutte pour survivre. Cet album va amuser, surprendre, émouvoir. Car la bande dessinée possède ce pouvoir sorcier de nous faire réfléchir en nous faisant rêver.
Propos recueillis par Chloé Moitié le 1er décembre 2016.