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Grand débat : les citoyens les plus pauvres prennent la parole

Les citoyens les plus pauvres ont été les grands oubliés du Grand débat national. ATD Quart Monde a récolté leurs réflexions et propositions et souhaite les faire entendre.

Né suite aux revendications du mouvement des gilets jaunes, le Grand débat national a permis à « environ 1,5 millions de personnes » de faire entendre leurs revendications, selon le gouvernement. ATD Quart Monde reste cependant assez dubitatif sur la manière de prendre en compte la parole des personnes en situation de grande précarité.

Limites du Grand débat

Le gouvernement a en effet limité le Grand débat à quatre thèmes : la transition écologique, la fiscalité, la démocratie et la citoyenneté, l’organisation de l’État et des services publics. Cela apporte un biais à la consultation et ne permet pas réellement un travail approfondi tenant compte de l’aspect multidimensionnel de la grande précarité. Les droits fondamentaux, civiques, politiques, économiques et sociaux sont indivisibles et interdépendants.

Les conférences régionales, organisées par le gouvernement au cours du mois de mars 2019, ont en outre chacune regroupé une centaine de personnes tirées au sort à partir des bases de données des numéros de téléphone. Cela exclut donc de fait une partie de la population. Une fois le numéro tiré au sort, il était ensuite nécessaire de confirmer sa participation sur Internet. Un processus bien complexe ne prenant pas en compte la réalité, alors que 12 % de la population française ne se connectent jamais à Internet. Aucune aide n’a par ailleurs été prévue pour permettre aux plus pauvres de participer à ces conférences : donner les moyens du transport, de la garde d’enfant, d’une compensation financière pour ceux qui manquent le travail…

Réaffirmer les droits fondamentaux

Malgré les limites évidentes de l’exercice et des avis très contrastés sur la pertinence de l’organisation de ce Grand débat national, ATD Quart Monde a proposé à ses membres de prendre la parole et d’y contribuer, notamment à l’occasion d’Universités populaires Quart Monde. L’enjeu de cet exercice de participation, l’ampleur des défis à relever et la volonté des personnes en grande exclusion d’être enfin entendues a conduit le Mouvement à ce choix.

Tous les thèmes du Grand débat ont été largement abordés lors des événements organisés par ATD Quart Monde, qui ont également permis de mener des réflexions plus larges sur d’autres problématiques. Le malaise comme les aspirations exprimés à l’occasion du mouvement des gilets jaunes touchent en effet tous les domaines du quotidien et des droits fondamentaux : le travail, la culture, le logement, l’éducation, la santé, etc. Alors que les revendications s’appuient sur les inégalités sociales en France, le Grand débat national aurait dû réaffirmer ces droits fondamentaux et leur indissociabilité. L’attente est désormais très forte. ATD Quart Monde espère que les évolutions issues du Grand débat seront à la hauteur.

Accéder à la synthèse des contributions et aux propositions

Photo : Université Populaire Quart Monde de Reims le 29 janvier 2019, © Pascal Laurent, ATDQM.