
Georges de Kerchove, une parole pour tous
Georges de Kerchove n’est pas du genre à se raconter. Quarante-cinq ans d’expérience avec ATD Quart Monde lui permettent d’avoir la bonne anecdote à distiller au bon moment. De faire rire ou d’interpeller.
Avocat, il croyait avoir grandi loin de la pauvreté. À présent, il revisite sa mémoire avec un regard différent qui lui fait comprendre qu’elle était proche, chez certains voisins ou camarades de classe. Il m’a raconté sa première intervention au côté de personnes précarisées, faite de justifications bredouillantes et de gêne. « Il est ampoulé, l’avocat ! » : cette répartie d’une militante a sonné comme une prise de conscience, celle de devoir être avant tout présent auprès des plus fragiles comme personne et non seulement comme juriste. Depuis, il a sans cesse cherché à redonner une parole à celui qui en est privé, pour qu’il redevienne un citoyen et non plus une ombre modelée par la honte et l’indifférence.
C’est en relisant le manuscrit de son livre « Rue des Droits de l’Homme » (à commander p.7) que j’ai connu Georges : sa propension à soutenir les plus fragiles, sa discrétion (il ne se cite pas une fois), son souci du détail, sa faculté d’interpellation pour faire jaillir la réflexion…
Les quarante ans qui nous séparent ne posent aucune difficulté lors de nos entretiens : tant que les droits humains seront violés quotidiennement par ceux qui ont le pouvoir de les faire respecter, les idées défendues par Georges ne prendront pas une ride.
Son positionnement est inspirant pour un jeune comme moi, qui a vécu aussi à côté de la pauvreté sans le savoir. Il le résume ainsi : « N’est-ce pas en définitive l’ultime vocation des plus faibles de rendre plus humain chacun d’entre nous ? ». Puisse-t-il être entendu dans les Parlements.
Gilles, 29 ans, en découverte du volontariat en Belgique