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Garder l’humanité (édito du Journal d’ATD Quart Monde de sept-oct 2017)

Il y a 60 ans, Joseph Wresinski arrivait à Noisy-le-Grand, dans le bidonville où 250 familles vivant dans un dénuement total faisaient face au mépris des institutions et des citoyens mieux lotis. A ceux que la misère rassemblait là, Joseph Wresinski va demander de se mobiliser pour transformer leur quotidien et ouvrir un avenir à leurs enfants, à tous les enfants.

Des hommes se mettent à construire. Les femmes organisent la vie autour de la laverie et du foyer féminin. Les enfants jouent et apprennent. A ces gens déconsidérés par tous, Joseph Wresinski demande de donner leur énergie, leur sens de l’autre, leur espoir en l’avenir, d’oser sortir du silence que la misère impose pour que l’on cesse de les ignorer.

Au récent colloque international sur la pensée Wresinski, à Cerisy-la-Salle, Marie Jahrling, militante d’ATD Quart Monde, revenant sur sa jeunesse au camp, nous dit : « Nous gardions l’humanité ».

Aujourd’hui encore, en France et à travers le monde, des personnes et des familles entières sont condamnées à vivre dans l’extrême pauvreté. Partout aussi des citoyens reconnaissent que la misère est une violation des droits de l’homme et qu’il faut la détruire.

Pour cela, dans tout ce que nous entreprenons, créons les conditions pour que ceux qui vivent l’injustice de la misère puissent exprimer leurs savoirs, révéler leur intelligence et leur courage. Associons-nous avec ceux qui, aujourd’hui encore, gardent l’humanité pour renouveler nos initiatives et nos politiques. C’est ainsi que nous pourrons faire « société autrement ».

Isabelle Pypaert Perrin, Déléguée générale d’ATD Quart Monde