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Geneviève de Gaulle Anthonioz « a levé une armée des pauvres »

Répétition de la cérémonie d’entrée au Panthon de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay, Germaine Tillion et Pierre Brossolette

 

Pour Geneviève de Gaulle Anthonioz, « la pauvreté n’était pas une fatalité individuelle mais une défaillance collective » : dans un discours de trois quarts d’heure prononcé mercredi 27 mai, le président François Hollande a rendu un hommage très solennel aux quatre personnalités de la Résistance qui entraient au Panthéon – outre la présidente d’ATD Quart Monde entre 1964 et 1988, Germaine Tillion, qui fut sa compagne de déportation dans le camp de Ravensbrück, Jean Zay, le ministre de l’Instruction Publique assassiné par les miliciens en 1944, et Pierre Brossolette, journaliste résistant qui s’est défenestré pour ne pas risquer de parler sous la torture de la Gestapo.

Le chef de l’État a célébré devant le parterre des invités – représentants de l’État, des familles, des jeunes … – « ces 4 héros si différents », « ces deux femmes rescapées de l’enfer des camps », « ces deux catholiques et ces deux francs-maçons (Jean Zay et Pierre Brossolette, ndlr) qui ont incarné l’esprit de la Résistance et l’esprit de résistance ».

François Hollande, qui s’adressait notamment à la jeunesse, est revenu sur le parcours des quatre « panthéonisés » qu’il a présentés, à l’image de tous ceux qui ont résisté durant la Seconde guerre mondiale, comme des symboles «de constance,  d’engagement et de courage ».

Il a aussi fait des liens avec la situation actuelle. Par exemple, évoquant la figure de l’ethnologue Germaine Tillion qui avait fondé le réseau du Musée de l’Homme dont Geneviève de Gaulle fut membre et qui, plus tard, avait dénoncé la torture en Algérie, le chef de l’État a déclaré : « si elle était vivante, elle serait dans les camps de réfugiés de Syrie et d’Irak », « aux côtés des chrétiens d’Orient », s’inquiétant du « sort des migrants de Méditerranée».

Évoquant Jean Zay dont le père était juif et la mère protestante, le président François Hollande a voulu lancer un avertissement selon lequel le pire pouvait se reproduire. Il a parlé des « haines du protestant, du juif, du franc maçon, du libre penseur » qui s’étaient focalisées contre Jean Zay, avant d’ajouter : « 70 ans, après ces haines reviennent toujours avec les mêmes mots et les mêmes intentions ».

Avec Geneviève de Gaulle Anthonioz, « la compassion s’appelle fraternité ». Le président a rappelé le fil rouge de la vie de l’ancienne présidente d’ATD Quart Monde, depuis son engagement dans la Résistance jusqu’à son combat pour une loi contre l’exclusion, qui sera votée en 1998 : refuser l’inacceptable, que ce soit dans le camp de Ravensbrück ou dans le bidonville de Noisy le Grand. « Elle a utilisé son nom comme un drapeau pour éradiquer les bidonvilles », a-t-il lancé, avant de poursuivre: «elle a levé elle aussi une armée des ombres, l’armée des pauvres, pacifique et exigeante, prête aujourd’hui encore à demander des droits ». « L’indifférence, voilà l’ennemi commun », a clamé le chef de l’État devant le Panthéon.

Véronique Soulé

Photo ATDQM