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Films et expositions à voir en décembre 2016

SWAGGER. Olivier Babinet. France. Documentaire. 2016. 1H24

Le mot swagger a pour origine les ghettos américains noirs (et aussi Shakespeare !). A Aulnay et Sevran, il dit une manière de se comporter au monde avec style, une aptitude à fanfaronner, à relever la tête, à garder sa dignité. Ayant organisé des ateliers vidéo dans un collège pendant deux ans, l’auteur a eu l’envie de filmer ces jeunes dans leur univers et de les laisser s’exprimer devant sa caméra sur des sujets qui les passionnent : les Blancs, les Roms, la famille, la mode/le look, l’amour, les rêves, les métiers, l’argent, la musique, la religion/l’Islam, leur avenir…Ils ont leur franc-parler, leur jargon et ils disent des vérités pas toujours faciles à entendre. Au hasard : « la maternelle, ma pire année » ou : « je ne sais pas c’est quoi des Français, on n’en voit pas par ici ». Les entretiens alternent avec des scènes du quotidien et d’autres carrément fictionnées (rejouées) pleines d’humour, façon comédie musicale ou science-fiction (effets spéciaux. Les adolescents jouent le jeu (sans instrumentalisation aucune) avec un plaisir…communicatif. Leur énergie de vie, confrontée à la dureté de l’environnement, nous interpelle.

ENFIN DES BONNES NOUVELLES. Comédie de science (économique) fiction. France. Vincent Glenn. 2016. 90 mn.

Les créateurs de l’agence Vigi’s (interviewés par Radio Plurielle), anciens chômeurs, exclus de la société ont eu une idée de génie : fonder une agence de notation financière qui évalue les entreprises sur des critères éthiques et déontologiques. Grâce à une application mobile révolutionnaire, les « consomm’acteurs » du monde entier imposent le respect d’une certaine déontologie aux empires industriels et financiers. Impact environnemental, politique salariale, égalité des genres au sein de l’entreprise… tous les critères qui font qu’une organisation humaine est éthique. L’influence des médias est aussi abordée. Des multinationales sont désormais sous la coupe de Vigi’s. Mais les fondateurs, deviennent richissimes à leur tour et, tout vertueux qu’ils sont, se trouvent happés par le succès qui leur monte à la tête. Chacun est invité à prendre du recul par rapport à son quotidien pour mieux réfléchir aux moyens de le transformer, à partir de ce film ludique, impertinent et réjouissant. La bonne nouvelle c’est que dans beaucoup d’endroits, des utopies deviennent concrètes, à échelle humaine, et que « aujourd’hui les gens sont preneurs, alors ils savent déplacer des montagnes ».

EXPOSITION « SOULEVEMENTS ». Musée du jeu de Paume Paris. Jusqu’au 15 janvier 2017.

Des forces psychiques, corporelles, sociales ont existé de tous temps pour transformer l’accablement en énergie, la soumission en révolte, le renoncement en joie. Elles vont de pair avec les idées, illustrées par des chants, des tracts, des affiches, toutes sortes de messages. De Goya à nos jours, en passant par Daumier, les barricades, Godard, les migrants en marche vers d’autres horizons, et tant d’autres, l’exposition propose des images et des supports variés : peintures, gravures, ciné tracts, vidéos, installations parfois saugrenues. Une partie « Résistantes numériques » est également consultable sur place. Une invitation à réinventer nos espoirs.

EXPOSITION ANDRES SERRANO. Maison Européenne de la photographie. Paris. Jusqu’au 30 janvier 2016.

Photographe contemporain américain, souvent provocateur, Serrano, dans les premières salles présente des visages de l’identité américaine dans sa diversité et de Cuba. La seconde partie Signs of the Times, Nomads, Residents of New York s’organise autour de son travail avec des personnes sans abri à New York et à Bruxelles, qu’il considère comme des résidents à part entière. 20161124_120952Il a d’abord acheté et photographié leurs pancartes, puis plus tard, lors d’un hiver très rigoureux il leur a proposé de poser pour lui. Leurs attitudes, leurs visages sont en très gros plans. Les photos monumentales dégagent une grande force. Elles ont été exposées dans une station de métro de NY à la place de publicités. Des hommes et des femmes plantent leur regard dans nos yeux, ou bien se voilent volontairement. En 1990, l’artiste expliquait son propos : « Je voulais montrer leur dignité, et les réintroduire dans la société dont ils ont été bannis. » Une vidéo montre l’artiste au travail, discutant avec ses modèles et leur donnant de l’argent. Certes, il nous invite à regarder autrement des personnes souvent devenues invisibles aux passants que nous sommes, néanmoins certains d’entre nous se ressentiront comme voyeurs.

Bella Lehmann-Berdugo