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Favoriser le dialogue par le théâtre-forum

Le 18 mai, une représentation de théâtre-forum a réuni à Paris plusieurs membres d’ATD Quart Monde, mais aussi des comédiens venus d’autres horizons, sous la direction du metteur en scène Philippe Osmalin.

« Si vous étiez venus vous reposer, c’est mal parti ! » Le ton est donné dès le départ dans la salle de la Canopée, à la Maison des pratiques artistiques amateurs. Les plus timides s’enfoncent un peu dans leur fauteuil. Mais ils n’y échapperont pas. Tout le monde est invité sur scène pour un échauffement. Le public apprend ainsi qu’il va jouer un rôle majeur dans cet atelier de théâtre-forum qu’une dizaine de comédiens amateurs préparent depuis plusieurs mois.

« On casse le mur entre les artistes et le public », explique Philippe Osmalin, comédien, metteur en scène et directeur du Théâtre de la Fugue, lui-même membre d’ATD Quart Monde, qui a une longue pratique du théâtre-forum. Parfois connu sous le nom de « théâtre de l’opprimé », il s’agit d’une méthode d’éducation populaire initiée dans les années 1960 par un dramaturge et homme politique brésilien, Augusto Boal.

Débloquer des situations

Ce soir-là, deux saynètes sont jouées. L’une se passe dans une cité de banlieue où les habitants sont en conflit avec les jeunes à cause du bruit. L’autre se déroule à l’école, dans une classe, puis lors d’une rencontre entre la directrice et des parents d’élèves. « Nous mettons en situation une scène de la vie quotidienne qui aboutit à une impasse, à un blocage. Elle est jouée en entier une première fois, puis les ‘spect-acteurs’ sont invités à interrompre le jeu au moment de leur choix et à venir sur scène pour remplacer l’un des personnages. L’objectif est de proposer des pistes pour débloquer la situation conflictuelle », poursuit Philippe Osmalin.

Très réactifs, de nombreux spectateurs se prennent au jeu et entrent en scène, parfois persuadés de trouver facilement des solutions.

Une expérience engagée

Mais les acteurs s’adaptent et improvisent, tout n’est pas si simple… « L’oppression, ce n’est pas simplement un oppresseur et un opprimé. Il peut s’agir de situations beaucoup plus larges, comme un enseignant qui ne sait pas comment gérer un élève en échec scolaire et devient oppresseur, sans le vouloir. On ne maîtrise pas toujours tous les paramètres. »

Il n’y a donc pas de « bonne réponse », mais des pistes à trouver ensemble, un dialogue à construire. L’atelier permet de faire se rencontrer des personnes issues de parcours et de milieux sociaux différents, souhaitant partager une expérience humaine et engagée. « Nous avons gagné en aisance sur scène, tous ensemble », constate Véronique, volontaire permanente d’ATD Quart Monde. Pour Sonia, militante Quart Monde, cette expérience permet « d’oublier les soucis. Cela demande beaucoup d’efforts, pour apprendre le texte, oser aller sur scène. Mais cela m’a aidée à m’exprimer mieux dans la vie de tous les jours ». Par ces scènes écrites et jouées ensemble, puis retravaillées avec le public, tous ont le sentiment d’avoir acquis des outils pour améliorer le dialogue et la coopération. Julie Clair-Robelet

Photo : Atelier de théâtre-forum, le 18 mai 2019 à Paris. © Javier Quijano Morán