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Familles Roms : Vers un équilibre fragile… Agglomération lyonnaise (69)

Deux familles Rroms, originaires de Serbie et du Kosovo, la famille de Malina et la famille de Goritsa, sont arrivées en France en 2001. Elles ont tout quitté et laissé derrière elles un pays dévasté par la guerre. La plupart des enfants sont nés en France. Depuis 2001, neuf années d’errance à travers l’agglomération lyonnaise, une quinzaine d’expulsions, sans ressources, sans Droit, avec la peur d’être renvoyées dans leur pays d’origine.
« Je veux vivre ici car je n’ai pas un couteau sous la gorge »
Les familles ne souhaitent pas retourner en Serbie, leur vie est ici, les enfants malgré les conditions, les aléas des lieux, de climat, de transport continuent une difficile scolarisation : « Pour les enfants, c’est mieux ici, ils apprennent quelque chose… »

En neuf ans, le clan familial vit des situations difficiles, de rejet, de cohabitation, de peur et depuis avril 2010, le clan « s’est séparé » espérant ainsi faciliter des solutions individuelles.

Autour de ces familles, une mobilisation de citoyens, d’associations s’est constituée « pour les soutenir, pour ne pas tomber, pour rester digne ».
« Avec Gilberte, Bernadette, Annie, Marion, notre présence régulière nous a permis de nous connaître, de nous respecter mutuellement et d’avancer dans ce combat pour qu’enfin les familles soient connues et reconnues.

[ Expulsion ]

Courant Avril 2010, Malina et ses six enfants restent seuls sur le terrain de l’ancienne Auberge de Jeunesse de Vénissieux. Le reste de la famille s’installe sur un autre lieu mais Malina est fatiguée de bouger, elle est découragée. Son mari J. a été expulsé en Serbie en Janvier 2010. Le clan familial est disloqué.
Avril 2010, au petit matin Malina est expulsée avec ses 6 enfants. En discutant avec les responsables de l’expulsion, je me rends compte combien un gouffre nous sépare. Extrait :

– « Ce soir, la famille sera à la rue, où sont les propositions d’un autre accueil ? »

« Mais vous vous rendez compte que sur ce terrain c’était trop dangereux pour les enfants. »

« Et à la rue c’est pas dangereux ? »

« Ce n’est plus de nos compétences. »

Exceptionnellement les associations « offrent » deux nuits d’hôtel à Malina et ses six enfants. Un hôtel « sordide », de passage… Dans les yeux de Malina c’est la tristesse d’offrir cela à ses enfants.

[ Solution temporaire ]

Médecins du Monde décroche une place au 115 (veille sociale) , foyer C., au bout du bout de l’ancien Marché Gare de Lyon. ENFIN, une réponse aux différents courriers envoyés et recherches auprès des autorités compétentes : une chambre au 115 pour sept jours voire plus…

Pour elle et ses enfants, c’est difficile, le foyer rassemble soixante personnes (soit 8 familles), une collectivité, des règles mais aussi une grande chambre par famille. Pour Malina, sept lits et un repas matin et soir.

[Reprise en main]

Cinq mois sont passés, la vie au centre d’accueil reste difficile pour Malina, la cohabitation avec des familles « abîmées par la rue », l’isolement d’avec sa famille, la rupture avec le clan familial… et pourtant au fil des jours Malina a pris de l’assurance : avec ses enfants elle a repeint leur chambre commune, offert ses services pour le ménage des lieux communs, trouvé du temps pour aider des personnes qui arrivent le temps de se poser…
Les enfants ont repris le chemin de l’école. Elle les accompagne chaque matin, rencontre régulièrement les instituteurs. Son visage est moins crispé, on la sent apaisée. Les enfants se posent aussi, doucement.
Pour Malina et ses enfants, l’accueil à C. est peut-être la solution pour un meilleur avenir… Cependant dans les yeux de Malina, toujours ces mêmes questions :

– « Et après qu’est ce que je vais faire ? »

« Pourquoi je reste là ? »

« Pourquoi je n’ai pas de maison ? ».

L’angoisse revient vite.
Autour de Malina, des personnes sont mobilisées pour que cet équilibre fragile continue, se renforce pas à pas. C’est aussi le sourire de Malina qui nous fait avancer sur ce chemin.»