
Famille sans domicile : trois caissières d’hôpital impulsent un comité
Un matin à la prise de leur service, des caissières d’un hôpital parisien s’alarment de la présence sur des bancs d’une maman nigeriane avec ses cinq enfants de 2 à 14 ans. Visiblement tous ont dormi là. Elles échangent difficilement car la maman ne parle qu’anglais. Elles comprennent que toute la famille n’a pas mangé depuis la veille midi. N’ayant pas le droit de quitter leur poste pour aller faire quelques courses, elles s’arrangent avec leurs bons restaurant pour fournir à manger à la famille.Puis elles contactent l’association Dom’Asile et ATD Quart Monde et négocient auprès du service social de l’hôpital une prise en charge au moins pour la nuit. En effet, la famille attend depuis deux nuits une prise en charge par le 115 dans l’attente de son rendez-vous avec la Coordination de l’Accueil des Familles Demandeuses d’Asile (CAFDA). En fin de journée, les caissières nous apprennent que la famille va bénéficier d’une «mise à l’abri pour une nuit» et sera même nourrie au service des urgences. La surprise est totale quand le lendemain en téléphonant à l’hôpital nous apprenons par les caissières que la famille a été renvoyée hier soir et a disparu avec ses enfants.
L’assistante sociale de l’hôpital finalement nous explique que «la mise à l’abri pour une nuit»n’est pas une obligation pour les hôpitaux qui ne sont pas là pour «accueillir toute la misère du monde.» Nous retrouvons la famille en galère dans un Mac do
de la gare toute proche. La maman terrorisée a fait dormir sa famille dans une voiture dont les portes étaient restées ouvertes. Elle est épuisée comme sa fille aînée car toutes deux, se sont empêchées de dormir pour surveiller les plus petits. C’est leur troisième nuit dans la rue. Le 115 ne pouvant toujours pas proposer un hébergement, la famille aurait encore dormi à la rue si un membre du comité (citoyenne indignée) ne l’ avait accueillie chez elle.
Le lendemain, une autre citoyenne indignée obtient du Secours Catholique de sa ville de payer les deux nuits suivantes à l’hôtel en espérant qu’elle 115 trouve un hébergement à la famille. La maman qui a fui son pays suite au mariage forcé de deux de ses filles âgées de 9 et 13 ans se retrouve avec ses enfants dans un hôtel disponible à Pigalle, payé par un membre du comité. Le 115 appelé sans cesse propose enfin à l’issue de la première nuit un centre d’hébergement pour accueillir la famille. (Il ne sera pas possible de récupérer les 200 euros versés à l’avance pour la deuxième nuit.)
La mobilisation des caissières de l’hôpital, du serveur du Mac do et l’acharnement des personnes engagées à Dom’Asile, au Secours Catholique et à ATD Quart Monde auront été nécessaires pour que la famille cesse de dormir à la rue et soit prise en charge par le 115. Nous espérons que cette famille rencontrera d’autres citoyens prêts à se battre pour
le respect de ses droits à des conditions sécurisantes d’existence, scolarisation des enfants, etc.
Pour lire l’intégralité de la Chronique n°20 (Décembre 2013)