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« Faire vivre sa famille », Université Populaire Quart Monde Champagne Ardenne du 27 janvier 2014

 

Ce thème lié à l’argent s’inscrit dans une réflexion globale du Mouvement. En effet, dans notre société de consommation, les questions d’argent font notre quotidien. Et pourtant, l’argent manque pour certains. A la fin de sa vie, Geneviève de Gaulle qui fut présidente d’ATD Quart Monde nous mettait déjà en garde contre le « totalitarisme de l’argent ».
Les questions à préparer étaient :
Qu’est ce qui a changé dans notre manière de consommer depuis nos parents ?
Quels sont nos besoins essentiels pour vivre bien ? L’argent est-il toujours nécessaire ? Pourquoi ?
Qu’est-ce qu’on invente au quotidien pour faire face au manque d’argent ?

Une pratique : la récupération
Une pratique : la récupération

Dans les groupes de préparation, plusieurs militants ont dit qu’après avoir payé le loyer, les factures, et un caddie de courses, il ne reste plus rien : l’argent ne permet pas de faire autre chose. Comment faire face au manque d’argent ? Pour certains « on n’en peut plus », « ce n’est pas juste ». Il y a aussi de l’inquiétude pour la génération d’après, « ça va être encore plus dur pour eux ».

Les participants pensent qu’aujourd’hui, il y a davantage de dépenses obligatoires : les charges liées au logement, le matériel qu’on ne peut plus réparer et qu’il faut renouveler, mais aussi les petits détails comme les timbres pour écrire à la Poste ou la Sécu, les frais bancaires, les fournitures scolaires…
Face au manque d’argent, les personnes trouvent des solutions pour se battre et faire vivre au mieux leur famille. Chaque groupe avait apporté un objet qui représentait selon les personnes une façon de faire face au manque d’argent.
Quelques constats : les générations précédentes savaient coudre et raccommoder, construire des meubles et les réparer, cuisiner avec tous les légumes et ne rien gâcher… pas facile de résister aux modes de consommation d’aujourd’hui. On se rend compte aussi de toute une consommation invisible, l’électricité avec les appareils en veille ou allumés sans utilité, les magasins qui restent éclairés… qui paye au final ?
Qu’est ce qui guide nos gestes pour dépenser moins ? Bien sûr c’est souvent la nécessité, la volonté de faire plus que « survivre ». Mais sans y être obligé, quand on fait le choix de résister au sentiment de gâchis, on se sent plus utile, on est moins isolé, on est heureux de transmettre ou de retrouver des gestes de ses parents, on pratique le troc ou la récupération. Ce n’est pas facile de résister à la publicité qui nous « bouffe la vie », surtout avec les enfants, ou de résister aux tentations qui entraînent à faire des crédits…

L’invitée était Martine Massart, présidente de MUTES (multi échanges services), une association où les adhérents s’échangent des services sur la même base : le temps. Il n’y a pas d’échelle de valeurs. Aider à comprendre l’informatique, promener un chien, accompagner en voiture pour les courses, faire une petite réparation… on aide et on s’apprend. L’association sert aussi à créer des liens entre les gens.

Un participant est choqué « qu’on soit obligé de faire des associations pour s’entraider ». Mais d’autres font le constat que dans les grands ensembles, on ne connait pas ses voisins. Est-ce qu’on est dans un monde plus égoïste ? On sent qu’il faut de la volonté pour relancer la solidarité et l’aide. On voudrait aussi que nos efforts soient reconnus.

Le troc et l'échange
Le troc et l’échange

Toutes les solutions qui font vivre au quotidien, elles sont importantes pour nous-mêmes et nos familles ; à travers nos échanges, nous réalisons que c’est également important pour un monde plus juste. Les discours sur la relance économique et la croissance n’en parlent pas, ne le mesurent pas, mais nous pensons que cela devrait être pris en considération par les économistes comme quelque chose qui a du prix.

Pour finir c’est l’invitée qui a dit ce qu’elle retenait de la soirée : « Je repars riche de tout ce que j’ai entendu. J’étais invitée, mais j’ai surtout reçu beaucoup. Il n’y a qu’ensemble qu’on peut avancer, et c’est formidable de vous voir et de passer une telle soirée avec vous ».