Entrez votre recherche ci-dessous :

« Faire vivre l’Europe pour et avec les jeunes » : réelle volonté ou utopie affichée ?

Les 9 et 10 juin, un séminaire sur la participation des jeunes au projet européen a eu lieu à Strasbourg. Environ 80 membres d’organisations de jeunesse et d’éducation populaire, des mondes institutionnel et de la recherche se sont rassemblés au Centre européen de la jeunesse pour participer à ce dernier événement jeunesse tenu dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne. ATD Quart Monde est intervenu lors d’une table ronde à propos de l’inclusion de tous les jeunes dans le Dialogue UE-jeunesse.

Des espaces de participation déjà existants pour les jeunes, mais inconnus par un certain nombre d’entre eux, un passage d’une participation conventionnelle en déclin (élections, référendum, signature de pétitions…) à une participation moins conventionnelle (engagement associatif, manifestations, activisme via les réseaux sociaux, discussions entre pairs ou en famille…), un besoin de lever certaines barrières pour que les jeunes avec moins d’opportunités puissent prendre toute leur place… Comment faire en sorte que tous les jeunes puissent influencer, être entendus, façonner le projet européen à leur manière ? Comme le précise Biliana Sirakova, coordinatrice jeunesse à la Commission européenne : « Plus nous écoutons les jeunes, plus ils participent. Et plus nous les écoutons, plus ils feront confiance aux institutions. »

Année européenne de la jeunesse

L’année 2022 a été officiellement actée par les instances de l’Union européenne fin décembre 2021. Cette année a créé beaucoup d’attentes et d’efforts de la part des organisations et collectifs de jeunesse et d’éducation populaire. La Rencontre européenne des jeunes, organisée par le Mouvement en juillet 2022, est d’ailleurs labellisée Année européenne de la jeunesse. Mohamed Mahamuud, du ministère de la Santé, du Bien-être et du Sport aux Pays-Bas, a souligné « les missions fantastiques des différentes organisations » pour toucher certes des jeunes déjà en lien avec les organisations de jeunesse, mais également ceux plus éloignés. ATD Quart Monde, comme les autres organisations présentes, attend beaucoup de la suite de cette année, dont les travaux ne doivent pas rester lettre morte.

Des dispositifs… mais qui s’en empare ?

Selon l’Eurobaromètre sur l’Année européenne de la jeunesse réalisé par la Commission européenne, les jeunes européens sont de plus en plus engagés. Aujourd’hui, 58% des jeunes seraient actifs au sein de la société dans laquelle ils vivent et ont participé à une ou plusieurs organisation de jeunesse au cours des 12 derniers mois contre seulement 41% en 2019. Cette amélioration se confirme depuis plusieurs années et laisse optimiste mais questionne malgré tout. Il est nécessaire de distinguer des engagements de jeunes dont les parcours de vie et réalités sont très divers. Comme Biliana Sirakova a pu l’évoquer, de nombreux lieux et dispositifs existent pour s’engager : associations, établissements scolaires, portail européen de la jeunesse, Dialogue UE-jeunesse, Erasmus +, Coalition pour l’éducation pour le climat… Mais où sont les jeunes en situation de pauvreté ? Connaissent-ils ces opportunités et la société est-elle prête à leur permettre de s’engager ?

Le dialogue UE-jeunesse : quelle inclusion ?

Le dialogue UE-jeunesse, dans lequel ATD Quart Monde est investi en France, cherche à permettre la co-construction des politiques de jeunesse européennes avec des jeunes et des décideurs. Ce dialogue, initié au niveau européen, se vit à plusieurs niveaux : local, régional, national, et européen. Cependant, l’inclusion et l’aller vers restent les maîtres mots relevés au cours de la grande majorité des interventions réalisées par les jeunes responsables : « Il faut laisser plus de place à des jeunes moins formés que les délégués », souligne Antoine Chavanne, du Conseil national de jeunesse belge.

L’intervention de Maëlys Garcia, qui représentait le Mouvement à la table ronde intitulée « Comment le dialogue UE-Jeunesse peut-il s’étendre à une proportion beaucoup plus grande de la population des jeunes de manière inclusive ? » a particulièrement interpelé les participants. Les intervenants suivants ont à plusieurs reprises souligné la pertinence des propos tenus et des réalités partagées. Un succès qui semble faire plutôt l’unanimité au sein des organisations de jeunesse. Une manière aussi de faire entendre à certains participants que, si on n’accepte pas de prendre le temps et de mettre davantage de moyens, notamment financiers et humains, on pourra certes peut-être toucher davantage de jeunes en renforçant la visibilité des dispositifs ou la redevabilité, mais les plus éloignés de ces processus le resteront.

 

Photo : Séminaire sur la participation des jeunes au projet européen à Strasbourg, 9-10 juin 2022. © MENJ – H. Hamon.