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Emmanuelle Soumeur-Méreau, directrice de Résovilles : « le croisement des savoirs a modifié ma pensée sur la société »

À l’occasion de la sortie du DVD « De la participation au croisement des savoirs », Emmanuelle Soumeur-Méreau, directrice de Résovilles, répond à nos questions.

Qu’est-ce que Résovilles ?

C’est un centre de ressources pour la Bretagne et les pays de la Loire, basé à Nantes, qui est au service des professionnels, des élus et de tous celles et ceux qui sont concernés par la mise en œuvre de la politique de la ville.

Quelle est votre expérience du croisement des savoirs ?

J’ai participé à la première coformation qui a lieu en 2005 à l’INSET(1) à Angers, ainsi qu’à trois séminaires de croisement des savoirs pour la préparation du colloque Wresinski à Sciences-Po en 2008.
Je suis membre du réseau « Participation – croisement des savoirs » et j’ai collaboré à la formation à l’animation du croisement des savoirs en 2013 et 2014.

Qu’est-ce que le croisement des savoirs a changé dans vos pratiques ?

À peu près tout ! Cela a profondément modifié ma pensée sur la société. C’est une des découvertes dans ma vie qui font que je ne suis plus la même après qu’avant. Le croisement des savoirs a aussi une forte dimension politique. Il aide à comprendre comment on peut mettre en œuvre ce principe de base de la politique de la ville qu’est la participation de tous les habitants, y compris de ceux qui sont confrontés à la pauvreté et à l’exclusion.

Parvenez-vous à diffuser cela dans votre milieu professionnel et dans le cadre de Résovilles ?

C’est difficile et exigeant. Depuis des années, j’essaie humblement de faire connaître le croisement des savoirs autour de moi. J’apprends la patience ! Cela prend beaucoup de temps et me remet face à la réalité de ce qu’est la lutte contre la pauvreté et aux changements à mettre en œuvre dans la société. J’ai tenté plusieurs fois de mettre sur pieds des coformations. Mais je n’ai pu réunir que cette année les conditions essentielles à leur réussite. Quand ces conditions ne sont pas réunies, il vaut mieux ne pas en faire.

Qu’est-ce qui manquait jusqu’à présent ?

Une coformation était en projet il y a deux ans, mais la question de son évaluation et des perspectives à donner étaient insuffisamment prise en compte.
La première coformation que j’ai pu réaliser dans les conditions requises s’est déroulée en mai 2015. Son thème était la participation des habitants aux politiques publiques et la mise en place des conseils citoyens, en quoi cela apporte un renouveau à la démocratie et quelle est la place des plus pauvres. Cette coformation a concerné une trentaine de personnes : des professionnels issus des collectivités, des responsables associatifs et des militants Quart Monde. Cela a été une réussite. Il y a eu beaucoup de changements de regards chez l’ensemble des participants.

Quels sont vos projets aujourd’hui par rapport au croisement des savoirs ?

Lorsque les participants à une coformation regagnent leur milieu professionnel, ils se retrouvent très vite isolés dans leur désir de lancer de nouvelles pratiques de participation. Notre projet en 2016 est de proposer aux personnes qui se sont formées avec nous de continuer à se voir pour approfondir, partager leurs initiatives et se soutenir mutuellement dans leurs projets. Cette démarche rejoint celle du réseau « Participation – croisement des savoirs », des liens se tisseront certainement entre elles.

Propos recueillis par JC Sarrot

(1) Institut national spécialisé d’études territoriales