Publié le 10 août 2017

Des orchestres à l’école pour réussir ensemble

A Gardanne (Bouches-du-Rhône), les élèves apprennent à jouer ensemble pendant trois ans.

« Avant, ma fille n’arrivait pas à se concentrer. Depuis qu’elle joue dans l’orchestre, ça va beaucoup mieux. Et cette année, en CM1, elle joue vraiment bien. Pourtant, c’est pas facile le violoncelle. »

Le projet des « Orchestres à l’école » enchante tout le quartier autour du groupe scolaire Château-Pity de Gardanne, classé en Réseau d’éducation prioritaire. Quand ils entrent en CE2, les enfants choisissent un instrument. Chaque semaine pendant trois ans, ils suivent deux cours de musique, l’un pour apprivoiser leur clarinette, saxo, tuba, trompette…, l’autre pour jouer en orchestre.

François Le Gall, ancien volontaire permanent d’ATD Quart Monde, intervenant musical et chef d’orchestre, est à l’origine du projet : « Dans ce quartier où beaucoup ont la vie difficile, l’idée est de transformer la classe en orchestre. Les enfants se sentent pris au sérieux. Ils ont un bel instrument de musique qu’ils gardent avec eux trois ans. Ils sont fiers. »

Enseignants et personnels de l’école sont aussi très motivés. Yannick, la directrice, s’est inscrite en violon à l’école de musique de Gardanne. « J’ai parfois du mal avec mon saxo, confie Géraldine, enseignante, les élèves voient que tout n’est pas facile pour la maîtresse mais que je m’accroche. Ils retrouvent le goût de l’effort. »

Sa collègue de CM2 approuve : « Un de mes élèves joue de la clarinette depuis trois ans alors que je commence. J’accepte qu’il soit plus fort que moi. Et il accepte mieux que je lui apprenne les autres matières ; ça change les relations. » L’esprit de groupe, sans compétition, la joie de réussir ensemble, suscitent le respect et la solidarité entre enfants.

Pour sa campagne 2017, ATD Quart Monde va faire jouer des enfants et des adultes de tous horizons dans des orchestres à l’école, pour faire reculer ensemble l’exclusion. Les villes de Gardanne et de Saint-Brieuc, qui accueille aussi ce dispositif, sont partenaires.

En avril, les élèves de Château-Pity ont eu la chance de jouer avec des professionnels – le pianiste argentin Miguel Angel Estrella, fondateur de l’association Musique Espérance, et le Quatuor pour la Paix. Ils leur ont demandé des autographes, sur les partitions ou sur leurs bras. « J’avais la chair de poule en les entendant, a déclaré Miguel Angel Estrella, j’ai senti qu’ils jouaient avec leurs tripes, avec leur cœur. »

Il y a quelques années, de nombreux parents demandaient des dérogations pour scolariser leurs enfants en centre-ville. Aujourd’hui, « l’école de la musique » a la cote.

François Phliponeau