
Des militants-artistes exposent en Bretagne
Lors d’ateliers animés par Jacqueline Page, volontaire permanente, ils ont travaillé sur la représentation du Grand Cairn, site néolithique de Barnenez. Une exposition s‘est ouverte le 16 janvier avec des photos de leurs œuvres. Elle durera jusqu’au 12 juin 2019.
Les militants-artistes, qui ont participé aux ateliers de Jacqueline Page, étaient venus nombreux hier à l’inauguration de l’exposition, heureux et fiers de voir une trentaine de leurs œuvres reproduites et installées, en très grand format, sur le site. Le Grand Cairn de Barnenez (Finistère) est un mausolée du néolithique, vieux de plus de 6 000 ans, le plus grand d’Europe de cette époque.
Cette pré-pyramide, plus ancienne que les plus anciennes pyramides d’Égypte, reste encore peu connue du grand public. Aussi, depuis cinq ans, le Centre des monuments nationaux propose à des artistes de travailler autour du site. L’idée est de créer des stocks d’images, une iconographie, pour faire rêver les générations futures.
Durant un an, Jacqueline Page, une volontaire permanente d’ATD Quart Monde qui anime des ateliers de peinture, a travaillé avec vingt-huit militants de Landerneau, Brest, Rennes, Paris et Bruxelles, « afin que chacun puisse s’exprimer en toute liberté et laisser sa trace ».
L’exposition sur le site doit durer jusqu’au 12 juin 2019. Plusieurs originaux sont par ailleurs exposés au Centre d’initiation aux arts des pays de Morlaix, jusqu’au 8 février 2019.
Christelle Cambier, 46 ans, militante Quart Monde de Bruz (Ille-et-Vilaine), à côté de Rennes, a participé à cet atelier. « On était dans les locaux d’ATD Quart Monde à Paris,à Saint Fargeau. On a travaillé du 21 au 28 juillet 2018. Il fallait qu’on représente le Cairn sur une plaque en verre avec de la simple peinture à l’eau, comme ont les enfants.
J’ai jamais vu le Cairn. Mais Jacqueline avait apporté des textes, des photos. Le Cairn, ce sont des anciens tombeaux de notre civilisation. Ça parle de la mort, de l’enterrement. Aller au Cairn, c’est comme un chemin spirituel : en tout cas, c’est ce que j’ai ressenti au fur et à mesure de cet atelier.
Ce que j’ai peint ? J’ai mis la mort mais dans le positif, pas dans le négatif. J’ai peint un chemin, un arc-en-ciel et j’ai mis un couple d’amoureux avec des cœurs et des petits oiseaux..
Je suis passionnée par l’art. Je peins depuis 2003, pour moi c’est vital. Avec Claudine, une alliée de Rennes, je fais un atelier peinture une semaine sur deux. Je suis aussi au groupe culture.
Avec Jacqueline, j’évolue au niveau peinture, je me dévoile, ça me donne des émotions. Ce qui m’a plu aussi, c’est la rencontre avec les gens de Paris.
Je suis militante depuis le groupe Tapori (la branche enfants d’ATD Quart Monde). Ma maman a rencontré ATD en arrivant à Rennes en 1981 – on est du nord. J’ai grandi avec le mouvement, c’est comme une deuxième famille. Ce que j’aime c’est qu’on vit des choses, on se sent vivant. »
Danièle Roudot, 64 ans, militante à Landerneau (Finistère), a aussi participé à l’atelier sur le Grand Cairn. « On a d’abord visité le site, Jacqueline a pris des photos, on devait reproduire. J’ai fait plusieurs tableaux. J’ai peint les pierres avec les tombes de familles et de personnes seules qu’il y avait avant, et j’ai mis des têtes de morts en bas.
Une fois par mois, je fais l’atelier peinture avec Jacqueline à la Maison pour tous de Landerneau. La peinture, ça m’apaise, je laisse les soucis dehors, je suis concentrée. Je me sens bien quand j’y suis, le mercredi après-midi.
Je suis allée au vernissage de l’exposition au « Patio » (le Centre d’initiation aux arts des pays de Morlaix) le 9 janvier dernier avec Jacqueline et d’autres militants. C’était très bien. Des personnes nous ont posé des questions, des journalistes. On a réussi à répondre, on a fait des réponses sincères.
Avant, à Landerneau, on a fait théâtre. J’aurais jamais cru que je pouvais en faire un jour devant 700 personnes. Et pourtant je l’ai fait. C’est une fierté, ça fait du bien. La peinture, je pensais pas que j’aurais réussi, j’avais peur de pas savoir faire. Jacqueline nous a montré que c’était pas si compliqué que ça, elle donne confiance. »