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Des droits de l’enfant « plus ou moins respectés »

Idéklic est un festival international pour l’enfance et la jeunesse né en 1990 à Moirans-en-Montagne, dans le Jura. Créé par une équipe de bénévoles et d’élus animée d’une passion partagée pour l’éducation, les arts et la culture, le festival transforme, chaque année en juillet, tout le village en une pépinière fourmillant d’artistes, d’artisans, de spectacles et d’ateliers offerts à la curiosité et à l’appétit des enfants, des adolescents, et de leurs accompagnants.

Depuis 2011, l’AGSAS (Association des groupes de soutien au soutien) est présente pour animer des ateliers de philosophie qui accueillent ensemble des enfants, des adolescents et des adultes. La spécificité de cette forme d’atelier intergénérationnel tient essentiellement au second temps, quand nous échangeons sur le vécu de l’atelier. Les réactions sont toujours très positives. Les adultes semblent découvrir les capacités de penser des enfants et des adolescents, surtout la profondeur de cette pensée. Et les enfants apprécient que le cadre permette cette égalité de parole en tant que « des personnes du monde ». Il n’y a pas la suprématie d’une parole adulte, la parole de « celui qui sait ».

Parmi les nombreux mots inducteurs proposés en juillet 2019, nous avons invité les participants d’un atelier à co-réfléchir autour des Droits de l’enfant. Le groupe était composé de deux enfants, cinq adolescents et quatre adultes. Dans un premier temps d’environ dix minutes, le bâton de parole a circulé et voici ce que nous avons relevé :

« C’est important. C’est une notion assez récente. Les enfants ont le droit de jouer et d’aller à l’école, le droit de penser différemment des parents, et le droit de vivre en paix. C’est une chance pour nous, les enfants. Cela constitue la société actuelle. Cela permet de faire des études. Grâce à cette Constitution, on reconnaît l’enfant comme un être à part entière. Cette reconnaissance a permis de faire reculer le taux de mortalité infantile. Les enfants ont le droit de participer à des décisions. Par rapport au lieu d’origine, ces droits sont plus ou moins respectés, il y a une inégalité. Les droits impliquent aussi des devoirs. »

Les participants se sont interrogés sur la manière de garantir l’application des droits. « Les droits doivent être connus pour pouvoir être appliqués et respectés, ils doivent être aussi compris, explicités. Les droits des enfants ne sont pas respectés dans tous les pays. Le droit d’aller à l’école est remis en question par l’achat des fournitures, les transports… Les droits des enfants sont définis par des adultes, pour protéger. Ils posent des interdits pour aider les enfants à grandir. Ils interdisent les châtiments corporels à l’école, et dans les familles. Ils auraient du être travaillés avec les enfants, il faudrait les consulter. Qu’est-ce que les enfants aimeraient avoir comme droits ? C’est quoi un droit ? »

Droit inéquitable à la scolarisation

Dans un second temps, les participants ont échangé sur la manière dont ils avaient vécu cet atelier. Ils ont souhaité prolonger la discussion trouvant que le sujet aurait mérité plus de temps. Certains auraient souhaité pouvoir relire, se replonger dans la Déclaration des droits de l’enfant et son histoire…

Trois des adolescents ont entamé une discussion riche approfondissant certaines idées notamment sur les inégalités existantes quant à l’application des droits. Il leur paraissait injuste et inacceptable que, dans un pays comme la France, le droit à la scolarisation puisse s’appliquer de manière inéquitable en fonction de qui on est, de là où on se trouve, du statut social , et que ce droit puisse être compromis :

– par le manque d’argent,

– par le fait de n’avoir pas de papiers en règle,

– par le lieu d’habitation, le contexte familial, social lourd à porter…

Ils ont également pointé l’importance des normes du paraître et du poids de celles-ci pouvant conduire à une stigmatisation de certains jeunes… La problématique de l’estime, de la confiance en soi et de la construction de l’identité, est apparue, mettant en lumière l’importance de pouvoir être soi, de se sentir libre de choisir son look, ses centres d’intérêts, ses valeurs indépendamment du regard des autres.

L’échange a également porté sur les différences de perception des bonnes conditions de scolarisation en lien avec ce qu’ils connaissaient pour eux, en France, et ce qu’ils souhaitaient voir changer, améliorer et les réalités dans d’autres pays. Ils ont alors abordé les contraintes d’une scolarisation obligatoire et l’envie d’apprendre, contestant la rigidité de forme de l’institution scolaire, mais soulignant la nécessité du point de vue des droits de l’enfant de la gratuité et de la laïcité de l’École.

Midi a sonné mettant fin à la discussion, chacun est parti, enchanté de ce partage en se promettant de relire la Convention des Droits de l’enfant dans le détail… et promettant de continuer la réflexion avec leurs proches… et pas seulement le 20 novembre prochain, jour anniversaire de cette Convention ! Pascale Mermet-Lavy, adhérente de l’AGSAS

Illustration : Julien Lamas, Festival Idéklic 2019, Agsas