Entrez votre recherche ci-dessous :

Des « conseils citoyens » pour inventer le vivre ensemble

Michel-Bernard_250La loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 prévoit de créer un « conseil citoyen » dans chaque quartier prioritaire(1) de la politique de la Ville. Ces conseils citoyens seront mis en place sous la responsabilité des préfets. Rencontre avec Michel Bernard, sous-préfet de Reims.

Quel sera le rôle des conseils citoyens ?
Il faut bien sûr attendre l’arrêté ministériel qui va le préciser(2). La loi prévoit que ces conseils participeront dès fin 2014 à l’élaboration des « contrats de ville », ces contrats par lesquels l’État, les collectivités locales et leurs partenaires s’engagent pour le développement des quartiers en difficulté.
Comment ces conseils seront-ils composés ?
Ils comporteront deux collèges : un collège d’habitants et un autre d’associations et d’acteurs locaux.
Il existe pourtant déjà des dispositifs pour la participation des habitants…
Depuis une trentaine d’années, la politique de la ville a en effet permis le développement d’une économie associative extrêmement utile qui a contribué à la qualité de vie dans les quartiers. Elle a créé un cadre contribuant à leur développement, mais un certain nombre d’habitants demeurent toutefois à l’écart de son action. Les plus pauvres sont souvent absents des conseils de quartiers et des associations. Les porte-paroles des habitants ne peuvent être entièrement représentatifs. Leur parole est importante, mais nous devons trouver de nouveaux moyens pour associer les plus exclus, car leur parole elle aussi est importante. Il faut aider à ce qu’elle s’exprime directement, sans passer forcément par l’intermédiaire de porte-paroles ou d’associations.
Mais croire qu’il suffit de se trouver en face les uns des autres pour pouvoir dialoguer, n’est-ce pas de la démagogie ?
Oui, c’est plus complexe que cela. J’ai participé en avril 2014 à une Université populaire d’ATD Quart Monde sur le thème de la sécurité. Cela m’a donné une idée assez précise de ce qu’un conseil citoyen réussi pouvait être. Il y avait là une grande qualité de dialogue direct entre les personnes concernées, les animateurs et les représentants des pouvoirs publics, en l’occurrence Madame la commissaire de police et moi-même. J’ai entendu des personnes que l’on n’entend jamais dans les quartiers. Les animateurs de cette Université populaire faisaient en sorte que les personnes qui ne s’exprimaient pas facilement puissent prendre la parole.
C’est cela qui produit de la connaissance nouvelle…
Exactement. Je me souviens de cette femme qui a exprimé tout simplement ce qu’était son besoin de sécurité : pouvoir rester dans son logement tout en surveillant ses enfants de 8 ans jouer en bas de l’immeuble, ce qui n’était pas le cas. Dans le cadre des programmes de renouvellement urbain qui vont se mettre en place, il faut que les architectes et les urbanistes puissent entendre cela en direct afin de concevoir le bien vivre dans ces quartiers.
Associer les habitants les plus en difficulté dans ces conseils citoyens va demander du temps et des moyens…
Oui. Il s’agira de former les élus, les agents territoriaux, les habitants, et aussi les agents de l’Etat, à de nouveaux modes de participation. La loi prévoit que tous les membres des conseils citoyens bénéficieront d’un droit à la formation.

Propos recueillis par Isabelle Bouyer et Jean-Christophe Sarrot