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De la galère au logement, un parcours du combattant

ATD Quart Monde soutien des familles en grandes difficultés afin qu’elles reprennent pied. Pour faciliter leur relogement, le Mouvement a fait dialoguer tous les acteurs du secteur.

Travailler tous ensemble pour accompagner les familles en galère, leur permettre de reprendre pied puis de trouver un logement : c’est l’objectif que se fixe ATD Quart Monde avec ses partenaires. Mais pour cela, il reste des obstacles à surmonter. La pénurie de logements sociaux accessibles aux plus pauvres en est un. Au delà, il faut aussi apprendre à se parler entre acteurs, éteindre les malentendus et parfois même certaines rancoeurs.

Capture du 2016-03-09 13:52:38Le 29 janvier dernier, ATD Quart Monde organisait à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), une journée baptisé « Un logement pour tous dans la dignité ». Etaient invités des représentants des pouvoirs publics et des bailleurs, des équipes d’ATD Quart Monde engagées sur le terrain et des associatifs, enfin des familles ayant connu le non logement.

« Nous avons des procédures »

Dans le cadre de la démarche du croisement des savoirs (1), les uns et les autres ont évoqué leurs difficultés et leurs incompréhensions réciproques. L’objectif était d’instaurer un dialogue afin de mieux se connaître et de mieux coopérer.

D’emblée, Denis Burckel, le directeur général d’Osica, l’un des principaux bailleurs et constructeurs d’Ile-de-France, a mis le doigt sur ce qui fait mal : les logiques différentes, voire opposées, des associations pour qui il est urgent de reloger une famille en difficultés, et des bailleurs qui mettent en avant les règlements. « Vous ne pouvez pas nous dire : « Faites passer ma famille avant parce qu’elle est en galère, tout ça c’est de la bureaucratie ! », a lancé Denis Burckel, nous avons des procédures à respecter et nous n’y dérogerons pas ».

Le directeur d’Osica a défendu le fait qu’il existe plusieurs catégories de logements sociaux au nom de la mixité sociale – une conséquence est que des familles dans la précarité se voient proposer des appartements bien trop chers pour elles. Il a conclu en rappelant que « la vraie réponse était la fin de la pénurie de logements », soulignant les efforts récents en Ile-de-France, la région la plus touchée.

« Les plus prioritaires des prioritaires »

Capture du 2016-03-09 13:52:49Florence Limosin, de la DRIHL 93 (Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement), a souligné la préoccupation des pouvoirs publics pour ces problèmes mais aussi leurs moyens limités. La Seine-Saint-Denis est l’un des départements les plus pauvres et les plus jeunes de France. Face à une démographie galopante, la demande est forte et le déficit se creuse car avec la crise, les locataires ont peur de lâcher leurs logements qui tournent de moins en moins.

Chef du Service hébergement et accès au logement, Florence Limosin a donné des chiffres résumant le dilemme : 9500 ménages sont classés « public prioritaire » en Seine-Saint-Denis selon la loi Dalo (lire ci-contre) – ils quittent un hébergement, vivent dans des habitats indignes, doivent être relogés dans le cadre de la rénovation urbaine… Face à cela, la DRIHL peut compter sur la « réserve » préfectorale : un peu plus de 3000 logements mis à disposition chaque année. « Il faut alors déterminer les plus prioritaires des prioritaires », a-t-elle déploré.

Quatre femmes ayant connu la galère ont ensuite témoigné: « L’errance déstabilise les familles », « Le logement passe en premier quitte à manger de la bouillie », « On a le souci de ne pas rater l’éducation de nos enfants »… Avant de conclure : « Il faut être forte, rester debout, surtout ne pas désespérer ».

(1) démarche confrontant les savoirs des personnes en situation de pauvreté aux savoirs universitaires et professionnels.

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Photo : A la veille de leur évacuation, des familles roms quittent un terrain vague à Aubervilliers pour s’installer plus loin, près d’un canal, en 2006 (François Phliponeau)