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De « Bidonville » au « Journal d’ATD Quart Monde », l’histoire des publications du Mouvement

En juin, le Journal d’ATD Quart Monde va succéder à Feuille de route. L’occasion de remonter dans l’histoire et de voir combien la Mouvement a toujours attaché de l’importance aux publications écrites.

Des feuilles ronéotées distribuées à 500 exemplaires au journal actuel tiré à 70 000 exemplaires, ATD Quart Monde a toujours attaché de l’importance aux publications. Besoin d’entretenir un lien interne, d’informer les amis du Mouvement, d’alerter l’opinion, de réfléchir et de faire réfléchir… Son fondateur, Joseph Wresinski, signait lui-même tous les éditos qu’il écrivait avec soin, raturant jusqu’à trouver le bon mot.

Tout a commencé à la fin 1960, trois ans après la création du Mouvement dans le camp de Noisy-le-Grand, avec le journal Bidonville. Il titre à sa Une : « Des millions d’hommes vivent à l’écart de la société ». En dessous, la photo d’un enfant est ainsi légendée : « Cet enfant à demi nu est une victime de ces bidonvilles qui enserrent Paris comme un noir cordon de misère. » A l’intérieur, le journal consacre un dossier de deux pages à « la ségrégation sociale » en France, en Allemagne, aux Etats-Unis… « En France, 500 000 familles sont sans logis ! Statistique épouvantable », lit-on. Ce sera l’unique numéro de Bidonville.

Igloos

En janvier 1961, Igloos lui succède – allusion à la forme des baraques en tôle de Noisy – et publie une revue de presse sur le camp. C’est un bulletin, composé de feuilles ronéotées, qui paraît tous les deux mois. Les numéros suivants évoquent les problèmes du bidonville, racontent une colonie de vacances ou la campagne de Noël pour les enfants, rendent compte de colloques ou débattent de l’importance du volontariat.

« C’est la première publication régulière du Mouvement, l’ancêtre de Feuille de route », explique Gabrielle Erpicum, volontaire permanente d’ATD Quart Monde qui fut la secrétaire de Joseph Wresinski. Elle montre la note qu’il avait écrite, en décembre 1960, sur le numéro zéro d’Igloos: « Le premier d’une série qui, je l’espère, sera longue. »

Envoyé aux amis et aux donateurs, Igloos compte des milliers de lecteurs. « Le rêve du père Joseph était d’avoir un journal mural que les familles puissent accrocher au mur, se rappelle Gabrielle Erpicum, mais cela aurait été du gâchis car cela impliquait une face non imprimée. »

Avec de longs textes et des études sur l’exclusion sociale, l’école, les déficiences…, Igloos devient peu à peu une revue spécialisée – « elle doit être la carte de visite de l’institut de recherche », déclare Joseph Wresinski. A la mi-1966, on crée alors Quoi de neuf au camp ? pour donner des informations concrètes aux amis du Mouvement. Le bulletin, qui aura 6 numéros, parle surtout de la vie quotidienne dans le bidonville.

Feuille de route

Fin 1968, il prend le titre de Feuille de route et devient mensuel. Un nom donné par Joseph Wresinski, selon Gabrielle Erpicum, pour qui le journal « devait tracer la route » aux membres du Mouvement. Les débats de fond sont désormais traités dans la Revue Quart Monde, trimestrielle.

Le numéro 11 de février 1970 est le dernier tiré au stencil. Le Quart Monde est rajouté au titre. Il surplombe d’abord Feuille de route. Puis il apparaît en second plan – la présentation actuelle.

Au fil des ans, Feuille de route, un temps un petit fascicule broché, devient un vrai journal. Et sa présentation change : articles plus courts, davantage de photos, des titres en couleurs (du vert, puis du rouge, puis du bleu) et des rubriques – En Mouvement, Portrait… « Quand il voyait une mise en page bien faite, le père Joseph disait : c’est cela qu’il faut faire », se souvient Gabrielle Erpicum.

Le journal d’ATD Quart Monde, qui paraîtra à partir de juin, marque une nouvelle étape. Avec le même objectif  : raconter le combat du Mouvement contre la misère et le faire partager par le plus grand nombre, pauvres et non pauvres côte à côte.

Véronique Soulé