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Créer du lien dans la cité

« C’est comme la photo de l’enfant mort sur la plage… On ne peut pas rester muets ! Il faut tendre la main et essayer ! Il va falloir à un moment qu’on se mette ensemble .» Ces mots de Madame R., militante Quart Monde à Rochefort, résonnent.

Paris. Le métro est bloqué en gare. Comme d’autres voyageurs, je me demande ce qu’il se passe avec une pointe d’impatience. Je penche la tête pour regarder. Je découvre à quelques mètres un homme assis sur le bord du quai, d’une cinquantaine d’années. Plusieurs manteaux pas très propres et ses sacs plastiques remplis sont épars autour de lui. Malgré l’intervention du chauffeur et du personnel, il refuse de bouger. « Je veux plus vivre ! » , hurle-t-il à plusieurs reprises d’une voix rocailleuse. Quelques personnes s’énervent. D’autres hésitent. Malaise. Que faire ?

Un voyageur descend déjà du wagon. Il s’approche et lui parle doucement. Il met sa main sur son bras. Délicatement. J’oserais dire avec tendresse. Une dame lui prend l’autre bras. S’est-il senti entendu, respecté ? Peu à peu, l’homme s’apaise et accepte de reculer. L’homme et la femme disent qu’ils vont rester avec lui jusqu’à l’arrivée des secours. Le métro repart.

Un couple de promeneurs, un dimanche après-midi, tombe par hasard sur un campement de familles roms entre deux portes de Paris. Les conditions de vie difficiles de ces familles et de ces enfants les bouleversent profondément. Ils ne savent pas à qui s’adresser et nous écrivent pour agir.

Rencontres éphémères. Etincelles de vie. Ces personnes auraient pu fuir l’insupportable de la misère. Mais comme nous y exhorte Madame R., elles ont choisi de rester et de faire quelque chose, chacune à sa mesure. Ces refus peuvent en entraîner d’autres. Ils rejoignent notre marche pour refuser la misère et être aux côtés de ceux qui souffrent du rejet et de liens distendus.

Je repense aussi à cet homme qui habite une cité HLM à Bayonne. Il a fait un petit jardin en bas de son immeuble avec des fleurs. Il partage les graines avec ses voisins. Peu à peu, d’autres fleurissent leur balcon. Il fait des rencontres, parle à chacun et permet de l’entraide et de l’échange. Tout simplement, il crée du lien dans la cité.

Pascal Lallement, délégué national d’ATD Quart Monde