Entrez votre recherche ci-dessous :

Courrier des lecteurs du Journal d’ATD Quart Monde (novembre 2017)

Allocation de rentrée scolaire et placement

« Mon rôle de mère est moins respecté »

Des militants Quart Monde de Rennes, dont les enfants sont placés, nous ont écrit pour dire comme ils vivent mal le fait de ne plus recevoir l’allocation de rentrée scolaire.

Madame A

«  J’ai un fils qui est en Institut médical éducatif (IME). Quand je suis allée à l’IME, ils m’ont dit que c’était à moi de faire les achats pour la rentrée : le bleu et les gants de travail, les chaussures de sécurité.
J’ai eu la liste par la famille d’accueil. J’ai demandé d’avoir une aide financière à l’éducatrice.
Elle a fait un chèque à la famille d’accueil et elle m’a demandé d’acheter les fournitures scolaires.
Sachant que je n’aurai plus l’ARS, j’avais mis de l’argent de côté. Mais j’ai pris sur mes ressources, l’AAH (allocation aux adultes handicapés).
Je voulais faire sentir à mon fils que je payais des choses. Je n’aurais pas eu d’argent de côté, j’aurais fait comment ?
Avant j’y arrivais financièrement, mais maintenant, je dois faire attention.
Je le vis mal que ça arrête. Je sens une humiliation, je vois que mon rôle de mère est moins respecté.
J’allais acheter avec lui les affaires. Il demandait de venir avec moi. Il était content que nous fassions les achats ensemble.
Ça vient du fait que des parents gaspillaient l’ARS. Tout le monde trinque après. »

Madame B

« C’est frustrant, cette mesure. Quand je participe à la rentrée scolaire de mes enfants, c’est comme si je participais à leur vie scolaire. Je me rends utile, ça donne des choses positives en moi.
Comme on ne peut pas emmener nos enfants le jour de la rentrée. C’est une manière de participer. C’est pourquoi je tenais tant à payer. On avait un rôle et un droit qu’ils nous enlèvent, celui de faire quelque chose pour nos enfants. Avec l’ARS, je pouvais aussi remeubler la chambre de mon fils.
Les parents ne peuvent plus prendre ce que les enfants aiment.
En plus, on a maintenant la baisse de l’APL (l’aide personnalisée au logement) de 5 euros. »

Monsieur C

« L’an dernier, on n’était pas au courant de la mesure, elle a été mise en place pendant les vacances.
La CAF (caisse d’allocations familiales) et les services sociaux n’étaient pas au courant non plus.
Tu as des achats à faire, ça oblige à se serrer la ceinture un peu plus et de piocher dans le peu qu’on a. Le peu qu’on a aujourd’hui, on nous l’enlève.
Une fois de plus, on arrive à retirer un lien entre les enfants et les parents, qui ne fait que fragiliser la position familiale. Je suis obligé de courir après des secours pour la nourriture, pour tout.
Il faut accepter qu’on n’est rien, de devoir se plier, nous les parents comme les enfants.
Ça ne m’a pas empêché d’acheter des bureaux pour mes deux enfants, parce que j’ai réussi à obtenir un secours de l’action sociale. Derrière, c’est l’action sociale qui paye l’ARS, les aides financières, les fournitures qu’achètent les familles d’accueil.
Il y a eu une main levée de placement. Mais les allocations de 2016 et 2017 vont rester bloquées sur un compte jusqu’aux 18 ans de mes enfants. »

Focus sur L’ARS et les enfants placés

Depuis la loi de protection de l’enfant du 14 mars 2016, l’allocation de rentrée scolaire (ARS) due aux familles dont les enfants sont placés va sur un compte bloqué, géré par la Caisse des dépôts et consignations. Les sommes accumulées sont ensuite versées aux jeunes au moment de leur majorité ou de leur émancipation. Il s’agit, avec ce pécule, de les soutenir lorsqu’ils sortent du dispositif de placement.
L’ARS est versée, sous conditions de ressources, aux familles ayant au moins un enfant scolarisé âgé de 6 à 18 ans, pour les aider à financer les dépenses de rentrée scolaire.

290 000

mineurs étaient pris en charge en protection de l’enfance au 31 décembre 2014 dont la moitié étaient placés, selon l’ONPE (Observatoire national de la protection de l’enfance).

Nous recherchons des véhicules

Le centre international d’ATD Quart Monde recherche des véhicules de 7 et 9 places pour des navettes à l’aéroport, des déplacements des participants aux sessions…, basés dans l’idéal en Région parisienne, en bon état et avec le moins d’électronique possible.
Le don d’une voiture donne lieu à un reçu fiscal de valeur égale à sa cote Argus, donc à une réduction d’impôt. Pour une entreprise, le don d’un véhicule neuf donne lieu à un reçu fiscal de valeur égale au prix de revient.
Contact : Pascale Tissier, 01.30.36.22.20 et arrierepays@atd-quartmonde.org

Droit de suite

« Ne pas réduire la pensée de Wresinski »

Lucien Duquesne, volontaire permanent d’ATD Quart Monde, a réagi à l’interview du sociologue Frédéric Viguier parue dans Le journal d’ATD Quart Monde de juin 2017.
« A la question sur comment le regard sur les pauvres a changé avec Wresinski, écrit Lucien Duquesne, Frédéric Viguier répond : «  Avec lui, les pauvres sont des acteurs à part entière de leur prise en charge ».
« Ce n’est pas juste de réduire à ce point la pensée de Joseph Wresinski, explique Lucien Duquesne. Il n’a cessé d’appeler à ce que les personnes les plus exclues puissent débattre là où débattent les autres hommes, pour l’avenir de toute l’humanité et non pas pour l’amélioration de leur prise en charge ! Il n’a cessé de répéter que ceux qui ont subi les pires injustices depuis toujours ont une parole essentielle à dire pour faire avancer la justice pour tous et non pour eux seulement. »
« Plus bas, ajoute Lucien Duquesne, Frédéric Viguier dit que Wresinski a été le plus cohérent dans la volonté d’appliquer cette exigence jusqu’au bout, à toutes les étapes des politiques sociales. Là encore, la pensée de Joseph Wresinski est ratatinée. Il s’est battu pour que les citoyens les plus en difficulté aient leur mot à dire dans la conception et dans l’évaluation des politiques publiques, pas seulement sociales ! »