Conseils citoyens : Montreuil veut mettre toutes les chances de son côté
Après une longue préparation pour mobiliser les habitants les plus précaires, la ville aura bientôt 5 conseils citoyens.
A Montreuil, un tiers des habitants – environ 35 000 – vivent dans les 5 quartiers classés politique de la ville. Deux conseils citoyens doivent y être lancés fin janvier. Les autres devraient suivre au cours du premier semestre.
La ville et l’agglomération qui a à charge la politique de la ville, ont choisi d’avancer pas à pas. Montreuil a une culture de participation et de nombreuses structures existent déjà – 14 conseils de quartier par exemple. Il a donc d’abord fallu expliquer aux habitants ce que cette nouvelle instance allait apporter.
Pour constituer les conseils, il a fallu aussi trouver de nouvelles personnes parmi celles que l’on ne voit jamais, et éviter que les mêmes, engagées un peu partout, se présentent à nouveau. Pour cela, la ville a recruté deux jeunes en service civique chargés du faire du porte à porte dans les quartiers prioritaires et d’informer dans les lieux publics – à la sortie des écoles par exemple.
Il y a eu aussi des réunions publiques. « On a demandé aux habitants engagés que nous connaissons de servir de relais pour faire venir ceux qui ne participent jamais, explique Muriel Casalaspro, adjointe au Maire chargée de la politique de la ville. Un homme très actif m’a dit qu’il siégerait un an au conseil, puis qu’il céderait la place à quelqu’un de nouveau. Et ça, c’est formidable. »
L’élue voit plusieurs écueils. Ces conseils peuvent être « des alibis » avec des habitants tirés au sort parmi des volontaires qui ne seraient pas parmi les plus précaires. Ils risquent aussi de pâtir des inégalités territoriales, certains disposant d’importants moyens pour former et accompagner les habitants, d’autres non.
L’élue, qui a suivi la co formation d’ATD Quart Monde, mesure aussi le chemin à parcourir pour convaincre les habitants les plus en difficultés. « Ce n’est pas parce qu’ils ne viennent pas aux réunions qu’il faut en conclure que ça ne les intéresse pas. Au contraire, ils apporteraient une vraie richesse. Mais il faut changer nos manières de faire ».
Véronique Soulé
Photo : Muriel Casalaspro lors de la formation par le croisement des savoirs et des pratiques à Pierrelaye en février 2015.
