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Conseils citoyens : 3 questions à Anne-Gaelle Baudouin-Clerc, préfète des Hautes-Pyrénées

Cela a-t-il été compliqué de créer ces conseils citoyens?

Il y a eu des interrogations, des réticences et des craintes du côté des élus. Cette mesure ne partait pas d’une initiative locale. Elle était portée par l’Etat et imposée avec la signature des contrats de ville. La ville de Tarbes a fait valoir qu’elle avait déjà des conseils de quartier. Or ils n’ont pas le même objectif – faire participer les habitants des quartiers – et ne touchent pas le même public. Il y a eu de vraies réticences, qui ont failli remettre en cause le processus, et cela reste pour nous un point de vigilance.

Et pour trouver les habitants qui vont siéger ?

C’est tout l’enjeu: comment parvenir à mettre autour de la table des habitants qui de préférence ne participent à rien, ni aux conseils de quartier ni aux associations ? Le Groupement d’intérêt public du Grand Tarbes et Lourdes (qui conduit la politique de la ville, ndlr) a réussi à faire venir des gens que l’on n’a pas l’habitude de voir. Encore faut-il qu’ils restent. Pour cela, ces conseils citoyens doivent servir à quelque chose, conduire à des projets qui font bouger les politiques. Cela ne doit pas être juste une case que l’on coche.

Ce n’est pas encore gagné ?

S’ils restent, on aura réussi. On aura changé la façon de travailler sur la politique de la ville. On aura trouvé une façon de parler ensemble. Il faut pour cela se débarrasser d’un langage officiel très codifié. C’est un travail dont on n’a pas l’habitude du côté des institutions. Cela demande beaucoup d’écoute, de remise en question, de patience. Cela nous oblige à ne plus faire comme avant.
Je réunis à la Préfecture tous les conseils citoyens le 9 février afin qu’ils puissent dire ce qu’ils attendent. Nous allons les accompagner. Mon ambition est que leur parole soit entendue par ceux qui décident et qu’elle produise des effets – la création d’un lieu d’accueil de jeunes du quartier, d’un dispositif de sécurité… Ils doivent se sentir des interlocuteurs à part entière.

Propos recueillis par Véronique Soulé