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Politique de la ville – conseils citoyens : Permettre la participation de ceux que l’on entend le moins

Des élus, des professionnels de la politique de la ville et des personnes en situation de pauvreté se forment ensemble

La loi sur la ville et la cohésion urbaine de février 2014 rend obligatoire la création de conseils citoyens dans les quartiers prioritaires et la présence d’habitants — en particulier ceux que l’on entend le moins — dans les instances de pilotage de la politique de la ville.

Face à ce défi, la Préfecture de Seine-Saint-Denis, Profession Banlieue et ATD Quart Monde ont mis en œuvre une co-formation par le croisement des savoirs et des pratiques avec des personnes en situation de pauvreté © selon la charte éthique, épistémologique et méthodologique développées par ATD Quart Monde. Pendant quatre jours, élus et professionnels de la politique de la ville (délégués du préfet et agents des villes) intervenant dans sept villes de Seine-Saint-Denis (Dugny, Épinay-sur-Seine, Montreuil, Saint-Denis, Sevran, Tremblay-en-France et Villepinte) ont croisé leurs savoirs avec des militants Quart Monde, personnes ayant l’expérience de la pauvreté et de l’exclusion.

C’est à travers un travail sur les représentations (autour des mots quartiers, citoyens et pauvreté), des analyses de récits relatant des expériences de participation problématiques et l’apport des militants Quart-Monde, que les participants ont pu réfléchir aux conditions de la participation des personnes les plus exclues. Lors des temps d’échanges, élus et professionnels ont ainsi constaté que leurs points de vue, leurs expériences et leurs savoirs avaient besoin d’être questionnés, revus et complétés par la connaissance vécue de la misère et de l’exclusion.

Des propos de militants ont permis de faire tomber certains présupposés : « Comment aller aux réunions, si on a personne pour garder nos enfants ?», « moi, si l’on m’invite à participer aux conseils citoyens, je ne viendrai pas. Mais, je suis prêt à donner mon avis, si l’on vient me le demander», « certains lieux font peur : la mairie, le centre social, l’école » . D’autres paroles ont remis en cause des modes de fonctionnement habituels : « c’est mieux si celui qui nous invite est quelqu’un en qui on a confiance », « il est important de ne pas y aller seul, d’être accompagné et d’être soutenu par une association citoyenne », « on a besoin de réfléchir à plusieurs, de préparer nos interventions entre nous ». Flyers, affiches et courriers ont montré leurs limites. Il est temps de faire autrement.

La co-formation a permis aux élus et professionnels de faire évoluer leur problématique de départ. Plutôt que de se demander comment faire venir ceux que l’on entend le moins dans les instances de participation, il faut se demander comment les rejoindre pour entendre et prendre en compte la connaissance qu’elles ont.

Les conditions pour permettre la participation de ceux que l’on entend le moins

Ainsi, une trentaine de conditions ont été co-construites et sont présentées dans le document ci-joint.

Parmi elles, citons : ne pas forcer les gens à venir participer ; permettre à un collectif d’habitants d’inviter les institutions à dialoguer avec eux sur un sujet de leur choix (logique ascendante) ; avoir conscience que des mots peuvent blesser ; travailler sur les représentations mutuelles des différents acteurs ; permettre à chacun de prendre la parole avec ses mots, de s’écouter jusqu’au bout en favorisant le travail en petits groupes ; aller à la rencontre des habitants, là où ils sont…

Ces conditions montrent que la question de la participation et de la mise en œuvre des conseils citoyens nécessite de rentrer dans des processus qui demandent du temps, qui ont besoin d’une volonté politique forte, de s’appuyer sur des associations citoyennes (non prestataires de services) et sur des liens de confiance. Une professionnelle de la politique de la ville disait : « Ces conditions vont permettre d’alimenter notre démarche citoyenne en allant au-delà du cadre de référence des conseils citoyens et en revenant vraiment à ce qu’est l’esprit de la loi ».

Marianne De Laat et Frédéric Subbiotto (et merci à Candice Vincent !)

Le compte rendu de la co-formation

Compte rendu de la coformation sur la participation de ceux que l’on entend le moins

Venez débattre avec nous

«Les absents ont toujours tort.»

QUELLE PARTICIPATION POUR CEUX QUE L’ON ENTEND LE MOINS ?

Rendez-vous au Nouveau Théâtre de Montreuil

10 place Jean Jaurès – M°9 Mairie de Montreuil

Vendredi 29 mai de 14H30 à 16H30