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Comment mobiliser plus largement ?

A l’Université d’été rebelle et solidaire des mouvements sociaux et citoyens, qui s’est déroulée à Grenoble du 22 au 26 août, ATD Quart Monde co-organisait, sur l’invitation du Festival des Solidarités, un atelier sur le thème « Acteurs de solidarité internationale et acteurs de solidarité locale : comment travailler ensemble pour sensibiliser et mobiliser largement ? ». Vaste sujet dont les co-organisateurs ont déjà su démontrer la pertinence dans leur travail de préparation ensemble pour cette première collaboration. Une quarantaine de personnes ont participé à ce temps d’échanges et d’apprentissage.

Impliquer les premiers concernés

L’un des enjeux majeurs de cet atelier était de réfléchir à comment impliquer les premier.e.s concerné.e.s dans les actions de sensibilisation et de mobilisation. L’une des participantes , impliquée aux côtés de migrants près de Chambéry se pose des questions sur les risques que les actions font peser sur les migrants. Les actions coup de poing, est-ce vraiment ce qu’ils souhaitent ? Pouvons-nous trouver des façons de concevoir les actions de façon plus participative ? Une autre personne, travailleuse sociale, exprime également la difficulté et surtout le manque de temps pour impliquer davantage les personnes. Des membres du Secours catholique de Grenoble racontent une expérience ratée d’un jeu de sensibilisation sur la solidarité internationale. Ce jeu fonctionne très bien avec des étudiants mais demandait à être adapté pour un autre public. Fort de cette expérience, les membres ont compris la nécessité d’une grande préparation en amont et d’une co-construction avec les personnes.

Sortir de l’entre soi

Cette université d’été, organisée par le CRID et ATTAC avec 200 partenaires (associations, syndicats, …) n’échappe pas à l’écueil de l’entre soi. Ce sont majoritairement des hommes et des femmes blancs-ches , diplomé.e.s et de classe moyenne qui investissent cet événement. Comment lutter contre cet entre soi ?

Un premier élément de réponse avec l’envie des participants à l’atelier de développer l’échange d’expériences. Mieux comprendre les combats des autres pour mieux s’armer dans nos mobilisations. Une personne évoque l’idée de temps de rencontre, voire de formations collectives pour développer une culture commune sur un sujet.

Un second élément de réponse émerge de l’un des groupes : partir de l’autre, de ce qui est important lui. Cela peut se faire en prenant le temps et avec des questions ouvertes.

Antoine, d’Artisans du monde, explique par ailleurs qu’il est important de créer. Un groupe local de son organisation a réalisé une vidéo pédagogique qui a été repéré par le Réseau Canopée qui édite des ressources pédagogiques pour la communauté éducative. Cette vidéo trouvera donc un nouveau public qui ne l’aurait pas forcément connu sans ce second souffle.

Complémentarité entre le local et l’international

La question du local et de l’international a été centrale dans l’atelier. Comment faire des passerelles ? Les mobilisations locales sont très concrètes. Sur le terrain, les synergies entre acteurs se font. On le voit par exemple avec la Journée mondiale du refus de la misère ou le Festival des Solidarités qui sont des temps forts collectifs qui permettent de créer des liens pérennes. Il est important de sentir que son action locale s’inscrit dans un mouvement de fond à une autre échelle.

Anaïs, engagée avec Quartiers du Monde, explique que nous avons beaucoup à apprendre de pratiques locales qui viennent d’ailleurs. Son organisation s’inspire d’outils, de méthodes, de sujets importés d’Amérique latine. Adrien, d’Alliance citoyenne Grenoble, souligne quant à lui les complémentarités entre l’international et le local. Un combat local contre l’accaparement des terres en Afrique a par exemple mobilisé des personnes à Paris car l’entreprise responsable est française.

De cet atelier on retiendra que la co-construction entre acteurs de solidarité locale et de solidarité internationale fonctionne et donne des échanges fructueux.

En un peu plus de deux heures, on ne peut pas tout explorer mais les frustrations générées appellent nécessairement de nouvelles rencontres.

Photos: 1. Durant l’atelier le 25 août 2018 – 2. L’équipe organisatrice de l’atelier (ATD Quart Monde, Artisans du Monde, Quartiers du monde, Alliance citoyenne Grenoble, le Festival des Solidarités, Secours Catholique Grenoble) ©GR, ATQM