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Claire Hédon devant le Forum Convergences : « Tout le monde est employable »

La nouvelle présidente d’ATD Quart Monde, qui a pris ses fonctions le 1er septembre, a débuté son mandat avec un plaidoyer en faveur du dispositif  « Territoires Zéro chômeur de longue durée. »

« Tout le monde est employable même si tout le monde n’est pas rentable » : Claire Hédon a présenté avec enthousiasme, le 8 septembre à Paris, l’expérimentation qu’ATD Quart Monde met en place dans cinq territoires afin de lutter contre le chômage de longue durée. La présidente d’ATD Quart Monde, qui succède à Pierre-Yves Madignier, était invitée au 8ème Forum Mondial Convergences organisé à Paris du 7 au 9 septembre 2015.

Dans le grand auditorium du Palais Brongniart, siège historique de la Bourse, Claire Hédon a exposé les principes du dispositif « Territoires zéro chômeurs de longue durée » qui a reçu le soutien d’Emmaüs, du Secours catholique et du Pacte Civique. Elle siégeait à la tribune au côté de quatre personnalités (1) invitées pour un débat intitulé «Quelles innovations dans les territoires pour lutter contre le chômage en Europe ? ».

« Les emplois ne manquent pas »

« L’idée est de créer des entreprises qui vont créer des emplois », a-t-elle commencé devant une assistance d’emblée très attentive. Car au risque de surprendre, a ajouté Claire Hédon, « ce ne sont pas les emplois qui manquent ».

La présidente d’ATD Quart Monde a cité des exemples d’emplois dont on a besoin mais qui ne sont pas créés car ils ne sont que partiellement solvables. Ces exemples proviennent des territoires, généralement ruraux, engagés dans l’expérimentation – services aux personnes âgées, livraison de pain, entretien de cours d’eau, aménagement de sentiers…

« Il y a de l’argent »

« Il y a aussi de l’argent », a assuré Claire Hédon. Elle a alors égrené tous les coûts engendrés par le chômage et la précarité – l’ASS (allocation de solidarité spécifique), le RSA (revenu de solidarité active), les prestations de Pôle emploi… Il faut y ajouter le manque à gagner pour les impôts ou encore les cotisations sociales non perçues.

« Nous avons calculé que tout cela représentait au minimum 15 000 euros par an et par personne », a expliqué la présidente d’ATD Quart Monde, « des sommes que l’on pourrait rediriger vers l’emploi ».

En plus de ces fonds existants, les futures entreprises seraient financées par leurs propres chiffres d’affaires. Elles engageraient les chômeurs au SMIC sur des contrats à durée indéterminée.

Une loi d’expérimentation

Il restait à évoquer le combat du moment d’ATD Quart Monde : obtenir le vote d’une loi permettant le transfert de ces fonds d’Etat, condition sine qua non pour la mise en œuvre de l’expérimentation.

Une proposition de loi en ce sens a été déposée par le député PS de Côte d’Or Laurent Grandguillaume, qui devrait être débattue en novembre. « Avec une telle loi, dès le lendemain, l’idée commencerait à se concrétiser dans les territoires », a lancé Claire Hédon, chaleureusement applaudie.

Lors de la discussion qui a suivi, soucieuse de « ne pas rester dans l’unanimisme », elle a évoqué les 14 millions d’euros de bonus touchés en partant par le PDG d’Alcatel . «Un quart de cette somme nous suffirait pour notre expérimentation », a-t-elle souligné devant une salle manifestement acquise.

Véronique Soulé

(1) Autour de Laurent Joffrin, directeur du quotidien Libération, qui animait le débat, il y avait aussi : Claude Alphandéry, président du Labo de l’ESS (économie sociale et solidaire), Dominique Attias, vice-bâtonnière élue au Barreau de Paris, Pascal Lagarde, directeur exécutif en charge de l’International et du Développement à Bpifrance, et Gabrielle Gauthey, directrice des Investissements et du Développement local au Groupe Caisse des Dépôts.