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Ça a turbiné à la Rencontre sur la culture

A la Rencontre du réseau culture d’ATD Quart Monde, ça a bien turbiné – ou « spiralé » comme disent certains. Plusieurs dizaines de personnes étaient venues participer jeudi 28 mai sous la grande verrière de l’association montreuilloise « Comme Vous Emoi » à cette journée d’échanges et de débats. Et l’on a parlé de « diversification des publics », de « co-construction », de « champ social », de « combat » même…

Représentants de musées comme le centre Pompidou ou le Louvre Lens avec qui l’équipe Nord-Pas-de-Calais d’ATD Quart Monde a conclu un partenariat, représentants d’associations, de collectivités locales, membres d’ATD QM… Ils se sont assis sur les gradins amortis par des coussins de velours rouges soyeux. Très vite, l’ambiance a été studieuse, tout à la fois concentrée et bon enfant. Et participants et intervenants se sont mis à creuser ensemble le thème de cette journée « Culture et citoyenneté par les partenariats », organisée dans le cadre des Rencontres 2015 STOP aux idées fausses sur les pauvres.

Un supplément d’âme

L’adjointe à la Culture de la mairie de Montreuil, Alexie Lorca, a ouvert la journée par un discours de bienvenue. « L’installation d’ATD Quart Monde à Montreuil est comme une évidence, a-t-elle souligné, car nous partageons les mêmes valeurs : fraternité, solidarité, justice, égalité ». Puis elle a fustigé l’idée reçue selon laquelle « les plus pauvres ne tendraient à satisfaire que leurs besoins essentiels de base, boire et manger. « La culture, l’éducation, l’accès à l’art, tout cela ne serait que du bonus, du superflu, a-t-elle poursuivi, or ce n’est pas un supplément d’âme comme disent les « gloseurs » (les débatteurs professionnels, ndlr), chaque jour les haines se nourrissent de l’ignorance ».

Les trois intervenants du matin – le vice-président de la Fédération nationale des centres sociaux Dominique Garet, la chargée du développement des publics au Musée du Quai Branly Lucie Aerts, et la directrice Culture et Développement de la Fédération française des MJC Anne-Marie Bourrouilh – ont posé les grandes questions qui allaient être soulevées tout au long de la journée. Comment attirer les publics que l’on dit « éloignés de la culture» – une expression remise en cause par certains ? Pourquoi les institutions culturelles ont-elles parmi leurs missions, de faire du social alors que le secteur social n’a, lui, aucune consigne pour intervenir dans la culture ? Bien au contraire. Des projets faisant une incursion dans le culturel se font recaler sous prétexte qu’ils ne sont pas sociaux…

« Le réel en vue »

« On a oublié de parler de culture à la majorité, s’est aussi inquiété un participant venu de Marseille. Du coup, la majorité s’en fiche et ce n’est plus un enjeu politique. » Il a cité un sondage sur le profil des Marseillais qui avaient fréquenté en 2014 les grandes structures culturelles – des gens aisés, un public «social » bénéficiant de la gratuité ou de réductions, ou encore des scolaires, mais très peu de classes moyennes. Il a aussi évoqué la baisse catastrophique des crédits dévolus à la culture dans la cité phocéenne, passés de plus d’1 million d’euros en 2003 à 750 000 euros aujourd’hui.

Dominique Garet, le responsable des centres sociaux, a pointé la défaillance des politiques. « A Thionville, le festival « Le réel en vue », qui propose des films sociaux et qui existe depuis 6 ans, est aujourd’hui menacé, a-t-il expliqué, la nouvelle majorité municipale veut des vrais films. »

« Ateliers nomades »

De nombreuses initiatives sont lancées et elles marchent. Et la journée a été largement consacrée aux échanges d’expériences. Lucie Aerts, qui s’occupe de la diversification des publics au Quai Branly, a exposé deux beaux projets menés par le Musée. « La journée des associations » d’abord, à laquelle ATD Quart Monde participe, en est à sa cinquième année. « Les Ateliers nomades », ensuite, se sont déroulés durant deux semaines à Clichy-sous-Bois et à Montfermeil, en Seine -Saint-Denis. « Le Musée sort alors de ses murs, explique Lucie Aerts, et nous co-construisons des activités avec nos partenaires sur place. Des femmes musulmanes ont ainsi pu faire des activités avec leurs enfants comme prescripteurs ».

Les participants se sont séparés en espérant des rendez-vous réguliers dans le futur, pour avancer ensemble, concrètement.

Véronique Soulé