conférence sur « Quand un peuple parle ». Bibliothèque Buffon à Paris

La première des conférences sur le livre « Quand un peuple parle » a eu lieu à Paris, à la belle bibliothèque Buffon. Il était animé par François Gèze, fondateur des Editions La Découverte qui m’a accompagné dans l’écriture. A mes côtés pour parler du livre se trouvait François Vercoutere DG de la fédération des Centres Sociaux et Céline Braconnier professeur de sociologie politique,  directrice de Science Po Saint Germain en Laye et co auteure de « les Inaudibles » avec Nonna Mayer.

Voici la vidéo complète:

https://www.youtube.com/watch?v=B2gAZ-noWic

 

https://www.youtube.com/watch?v=-0CPuamtakI

Conférence sur le livre « Quand un peuple parle » A Créteil Mont Mesly

Un moment inoubliable puisque cette conférence à l’invitation de militants du front de gauche se tenait à 500 metres de la cité des Emouleuses, là où mon engagement a commencé en 1977, par la rencontre des familles comme celle de Jeanine, René, Eric… Et Jeanine était là ce soir là. Voir la vidéo

 

En fin de soirée un adjoint au maire a proposé qu’une rue du Mont Mesly soit nommée Maud Desandrée, cette militante qui avait créé un club d’échec — les enfants considérés incapables à l’école, orientés dans des classes pour déficients et qui me battaient aux échecs… cela m’a marqué. Et puis Maud avait aussi tenté de faire comprendre aux militants du parti communiste de l’époque l’ambition du Mouvement ATD Quart Monde. Et ce soir là à Créteil, ils s’en sont souvenus.

 

Recension dans le journal l’Humanité

Bruno Tardieu : « Les pauvres ne sont pas le problème, mais la solution »

Entretien réalisé par 
Pierre Duquesne
Vendredi, 16 Octobre, 2015
L’Humanité
ATD Quart Monde est à l’origine de cette journée du refus de la misère, célébrée ce samedi. À cette occasion, Bruno Tardieu, figure du mouvement, lance un appel pour en finir avec la stigmatisation des plus démunis et pour une alliance entre progressistes et laissés-pour-compte.

Sociologue, militant associatif, mais aussi élu, artiste, écrivain… À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, l’Humanité a décidé de donner, au fil de ses pages, la parole à six personnalités. Chacune, avec son regard et sans résignation, décrypte le fléau de la pauvreté qui tue chaque année dans le monde près de six millions de personnes. La politologue Céline Braconnier, l’actrice Marina Vlady, le maire Philippe Rio, le prix Goncourt Pierre Lemaître, le sociologue Nicolas Duvoux, le militant d’ATD Quart Monde Bruno Tardieu… Tous, à leur manière, appellent à ne pas s’habituer à cette litanie des statistiques sur « les pauvres » qui déshumanise la souffrance. Mais aussi à refuser ce mépris de classe qui, caché derrière les oripeaux de la charité ou de la philanthropie, exclut les plus démunis du champ social. « Ce n’est pas que les plus pauvres n’ont rien à dire, c’est qu’on ne les entend pas », résume Céline Braconnier.

Éradiquer la pauvreté d’ici à 2030, tel est le nouvel objectif phare fixé fin septembre par les Nations unies, qui soulignent que le nombre de personnes vivant en situation d’ « extrême pauvreté » a été divisé par deux depuis 1990, passant de 1,9 milliard à 836 millions en 2015. Un progrès qui s’accompagne d’une explosion des inégalités entre plus riches et plus pauvres. Et n’éteint en rien l’urgence d’agir.

Quand un peuple parle (1). Le titre du livre de Bruno Tardieu, ancien dirigeant du mouvement ATD Quart Monde, avait de quoi attirer l’attention d’un journal comme l’Humanité. Il l’a écrit « pour jeter un éclairage sur l’expérience politique et citoyenne » de cette association non caritative. Au final, ce livre-programme donne des pistes pour changer radicalement la manière de lutter contre la pauvreté.

La Journée internationale du refus de la misère est toujours l’occasion d’une avalanche de chiffres, de baromètres et d’indicateurs sur la pauvreté. Dans votre livre, vous parlez peu de chiffres. Pourquoi ?

Bruno Tardieu Certains chiffres, présents dans le livre, méritent d’être rappelés. Six millions de personnes, dont trois millions d’enfants, meurent de faim chaque année dans le monde, selon le ­Programme alimentaire mondial. C’est l’équivalent d’un Holocauste annuel. En France, un cadre de 35 ans peut espérer vivre dix-huit ans de plus qu’un chômeur du même âge. Cet écart s’est même creusé. Les statistiques peuvent être utiles. Elles nous ont permis, par exemple, de ­démontrer que la précarité pouvait être un critère de discrimination à l’emploi. Mais le risque à parler uniquement de la misère au travers les chiffres, c’est de la banaliser, de « chosifier » les pauvres. Et d’éviter de poser la question des causes profondes de la pauvreté, de notre propre responsabilité. Le père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, a eu le mérite d’avoir sans cesse montré que la pauvreté matérielle est une conséquence des relations humaines, du mépris des hommes pour les hommes et d’un rapport social.

Il s’agit d’un processus « d’exclusion sociale » et non d’un état de fait. Il répétait souvent : « La misère n’est pas une fatalité. Elle est l’œuvre des hommes et seuls les hommes peuvent la détruire. »

 

La bataille contre la misère passe aussi par les mots. Vous refusez de parler de « pauvres », et vous préférez évoquer des « personnes en situation de pauvreté ». Pourquoi ?

Bruno Tardieu En développant la notion d’exclusion sociale, le père Wresinski souhaitait en finir avec l’idée que les pauvres sont des « cas sociaux ». Or, cette expression est revenue sur le devant de la scène avec une très grande violence, ces dernières années. Sous l’effet de l’ultralibéralisme, une idéologie de l’élimination des plus faibles a pénétré très profondément notre société. Tous les jeux télévisés actuels sont basés sur l’élimination des candidats. L’institution scolaire et ceux qui la défendent ont toutes les peines du monde à résister à la logique infernale de la sélection et du tri social. C’est pire dans les entreprises. La dépréciation du monde populaire est telle que l’on parvient à nous faire croire que les gens normaux sont ceux qui partent en vacances, qui paient trop d’impôts, qui gagnent bien leur vie. C’est un mensonge. Environ 50 % des Français ne partent pas en vacances. Une grande partie de la population ne paie pas d’impôts sur les revenus, même si les plus démunis y contribuent massivement via la TVA ou les taxes sur l’essence ou les cigarettes. Quand on arrive à faire croire à une grande majorité de la population un mensonge, c’est le début du totalitarisme, expliquait Hannah Arendt. Il faut lutter bec et ongles contre cette pensée dangereuse qui veut nous faire croire qu’une partie entière de la population sont des ratés, que les riches sont supérieurs aux personnes en situation de pauvreté.

 

Ne faut-il pas aussi exiger, d’abord, une hausse du RSA et des minima sociaux ?

Bruno Tardieu Évidemment. On s’est battu sans relâche avec les associations de lutte contre la pauvreté pour obtenir une revalorisation du RSA, en 2012. Cette hausse de 10 euros par mois a d’ailleurs permis de réduire très légèrement les inégalités de ­revenus, l’année suivante. Mais nous sommes encore très loin de l’objectif, et l’État vient au contraire d’annoncer des économies sur cette prestation sociale. Avant cette revalorisation, le RSA était tombé à 43 % du Smic. À son lancement, le RMI représentait la moitié du salaire minimum. Il constituait un revenu prévisible qui évitait la mendicité. Avec le décrochage du RSA, les plus précaires ne disposent pas d’un revenu digne et doivent constamment quémander des aides, faire la queue aux Restos du cœur ou au Secours populaire. Leur énergie est absorbée par le fait qu’ils doivent prouver qu’ils sont impuissants, condamnés à baisser la tête et à dire merci. Cette logique humanitaire avilie les plus défavorisés. Ceux-ci sont vus comme des personnes en carence. ­Carence de sandwichs, ­carence d’hébergement, ­carence de compétence ou de savoirs… et il faudrait leur venir en aide avec des circuits séparés et des sous-droits. Demandons-nous plutôt ce que ces personnes peuvent offrir, ce qu’elles veulent ­apporter à la société.

 

Que peut-on apprendre des précaires ?

Bruno Tardieu En 2008, beaucoup de journalistes voulaient savoir comment les moins favorisés percevaient la crise. « La crise ? Quelle crise ? On a toujours vécu dans la crise ! » répondaient les militants d’ADT Quart Monde. Après des années d’exclusion, les plus défavorisés font la preuve de leur formidable capacité de résistance. Ils peuvent, bien mieux que d’autres catégories sociales, nous ramener sur des valeurs bien plus fondamentales que celles du marché ou de la consommation. L’état de la planète, ravagée par le capitalisme prédateur, va nous contraindre à faire attention à notre consommation d’énergie, à faire de la récup. Le monde populaire sait le faire depuis longtemps. Au Pérou, où l’on doit faire face à la fonte des glaciers, on redécouvre dans les traditions populaires des méthodes ingénieuses pour économiser l’eau. Les personnes défavorisées sont, de par leur situation sociale, les meilleurs experts pour poser les questions les plus ­radicales et trouver des solutions nouvelles. De nombreuses innovations sociales sont nées dans les zones pauvres. La méthode pédagogique de Maria Montessori est appliquée dans tous les beaux quartiers. Peu savent qu’elle fut élaborée dans l’un des quartiers les plus pauvres de Rome, à San Lorenzo. Toutes les couches sociales profitent aujourd’hui d’un système des retraites obtenu de haute lutte par les ouvriers…

 

Comment faire passer les plus démunis d’une position de coupables à celle de victimes pour, enfin, les faire entrer en résistance ?

Bruno Tardieu Il faut créer une alliance du monde populaire, unissant les forces historiques du mouvement ouvrier et les plus démunis. Né dans la misère, le père Wresinski, qui a fait partie de la Jeunesse ouvrière chrétienne et a été proche de la mouvance communiste, a toujours rêvé que les forces progressistes expriment leur solidarité avec les plus démunis. Or, les courant de tradition marxiste, comme le mouvement d’empowerment de Saul Alinsky aux États-Unis, n’ont jamais fait le lien avec ce que l’on a longtemps appelé le sous-prolétariat. Les plus pauvres, trop fatigués et abîmés, ne sont pas en capacité de lutter. C’est vrai qu’ils ne peuvent peut-être pas s’inscrire dans le rapport de forces, mais ils peuvent apporter leur expertise sur les conséquences des injustices, leur savoir et leur intelligence par le biais d’un croisement des savoirs entre les forces organisées et les plus démunis. Ne plus être seulement dans un rapport des forces, mais aussi dans un rapport des savoirs qui engagent. Ensemble on peut faire bouger les lignes, comme nous avons réussi à le faire dans le domaine de l’école. Si nous, ATD Quart Monde, avons réussi à inscrire la pédagogie de la coopération dans la loi de Refondation de l’école, en 2013, c’est parce que nous avons réussi à réunir dans une même pièce des syndicats d’enseignants, des associations de parents d’élèves, des chercheurs et une centaine de parents de familles démunies. Penser ensemble, cela donne des idées nouvelles. Les fédérations de parents d’élèves ou les syndicats n’avaient pas forcément conscience des préoccupations des parents les plus éloignés de l’école. Il en est sorti des propositions pédagogiques fortes : créer des espaces de dialogue entre les parents et les professeurs, faire en sorte que les enfants apprennent les uns des autres…

 

Cette manière de lutter contre la misère peut-elle être érigée en politique ?

Bruno Tardieu Pour cela, il faut que l’État social change radicalement de paradigme. Il ne devrait plus être seulement d’aider Untel ou Untel, mais de mettre ses moyens à disposition pour lancer une remobilisation de l’intelligence citoyenne, refonder des espaces de discussion collective. Son objectif premier, ce devrait être de mettre en mouvement les citoyens contre l’exclusion des plus fragiles. Un travailleur social, plutôt que d’appliquer des procédures, devrait aider les bénéficiaires à se défendre les uns les autres. Même chose en matière de médecine, en développant les centres de santé comme l’ont déjà fait de nombreuses villes communistes. L’État ne doit pas seulement protéger, mais aussi mobiliser, par des politiques actives, les plus démunis. Faire en sorte qu’ils ne soient plus des usagers, mais des citoyens militants du service public. Cela permettra de sortir du paradoxe actuel : l’État social est attaqué par l’ultralibéralisme, mais aussi par les usagers qui ont le sentiment d’être mal protégés et que l’État pense à leur place. Cela nécessite un changement de posture des professionnels de l’État social, qu’ils soient enseignants, travailleurs sociaux ou médecins, afin qu’ils acceptent de se défaire de l’idée qu’ils détiennent une supériorité du savoir, de la science, et qu’ils savent ce qu’il faut faire. En résumé, il n’y a pas de solution au mal-logement, à l’échec scolaire et à tous les autres fléaux de la grande pauvreté, qui serait purement institutionnelle, technique ou humanitaire : il en va de la responsabilité de tous les citoyens. Tous les citoyens ont une intelligence de la société, y compris les plus éloignés des centres de décisions. Il faut en finir avec la délégation aux experts, aux professionnels, aux associations humanitaires ou à la science pour définir et résoudre des problèmes de société. Nous sortirons du totalitarisme de l’argent en ouvrant les espaces du « penser », où tous les citoyens doivent discuter et ­réfléchir ensemble au monde commun.

(1) Quand un peuple parle. ATD Quart Monde, 
un combat contre la misère, de Bruno Tardieu. La Découverte, 264 pages, 13,50 euros.

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recension dans le magazine Actualités Sociales Hebdomadaire ASH

ASH 2923 –Bruno Tardieu – « Quand un peuple parle.ATD Quart Monde , un combat radical contre la misère » (La Découverte – 2015).

Bruno Tardieu a été délégué national d’ATD Quart Monde pour la France de 2006 à 2014. Il est aujourd’hui coresponsable du centre international Joseph Wresinski. Il publie : « Quand un peuple parle.ATD Quart Monde , un combat radical contre la misère » (La Découverte – 2015).

Comment avez-vous connu ATD Quart Monde ?

Je préparais les concours aux écoles d’ingénieurs lorsqu’un ami, en 1974, m’a proposé de l’accompagner sur un chantier d’été organisé par ATD. J’ai été très étonné d’y découvrir l’existence de la misère en France. À l’époque, on parlait surtout de la pauvreté dans le Tiers Monde mais pas chez nous. Une fois mes études terminées, j’ai commencé à animer une bibliothèque de rue en tant que bénévole. Par la suite, en 1981, j’ai été volontaire permanent à ATD pendant deux ans comme qu’objecteur de conscience. Après quoi mon épouse, qui était enseignante, a également rejoint le mouvement et nous sommes partis comme permanents dans un quartier pauvre de New-York où nous avons vécu avec nos deux premiers enfants. C’est à ce moment-là que nous avons basculé dans un choix de vie plus radical au sein d’ATD.

De quelle façon est née ATD Quart Monde ?

Durant l’hiver 1954, l’Abbé Pierre a lancé son fameux appel en faveur des sans-logis. Un certain nombre de camps ont pu ainsi être créé pour accueillir des personnes sans logements. Cette campagne a fait émerger une misère familiale qui demeurait invisible. Emmaüs a regroupé dans un camp à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, toutes ces familles dont on ne savait pas trop quoi faire. Mais au fil du temps, ce camp est devenu embarrassant. C’était de l’urgence qui durait sans perspective pour les familles. L’évêque d’Île-de-France a alors proposé au Père Joseph Wrésinski de devenir aumônier du camp. Il faut dire qu’il avait l’expérience de la misère, étant lui-même issue d’une famille très pauvre. Il s’est installé dans le camp de Noisy le 11 novembre 1956. Il savait aussi que nourrir et abriter les gens ne suffit pas car ce n’est pas cela qui les émancipe. Et il avait la conviction que ces gens, chassés de partout, avaient en commun d’être réunis et qu’il était possible de faire reconnaître leur existence. C’est dans cet objectif que l’association a été créée avec les familles du camp.

Le grand public voit souvent ATD comme une simple organisation caritative… Continuer la lecture

Recensions du livre « Quand un peuple parle »

Le livre Quand un peuple parle Ed La découverte est paru il y a deux mois, et il y a plusieurs recensions dans des journaux grand public, mais aussi des revues et des sites professionnels. Je vais reproduire ici quelques unes pour encourager les lecteurs qui le peuvent à faire et publier des critiques dans leurs réseaux ou sur les sites de ventes de livres. Voici déjà une critique de Boris Petrov ancien DGA du conseil départemental du Val de Marne sur le site www.adtinet.fr  de l’Association des dirigeants territoriaux et anciens  de l’Inet.

Quand un peuple parle

C’est le titre de l’ouvrage écrit par Bruno TARDIEU, qui fut délégué national d’ATD Quart Monde de 2006 à 2014.

Notre site a une vocation de partage de contributions diverses et variées, susceptibles de nous amener à réfléchir sur nos pratiques professionnelles et à rester éveillés et attentifs au monde, celui qui se voit et celui aussi des invisibles. C’est ce que nous propose Boris PETROFF à travers cette belle fiche de lecture teintée d’un grand humanisme, que nous vous proposons de lire et de partager largement.

« quand parle ce peuple que nous avons condamné au silence sans même jugement,

quand il nous dit son droit d’être considéré comme un peuple d’hommes et de femmes, dignes et créatifs, comme tous les autres peuples

quand il dénie notre droit à charité à son égard parce qu’aussi injustifiable que douloureuse, aussi méprisante qu’inefficace

quand nous découvrons sa souffrance et la violence que nous lui faisons chaque jour et souvent inconsciemment,

quand il refuse de toujours être sacrifié pour de moins malheureux qu’eux, et de se voir traité d’asocial/incurable,

quand ce peuple de la misère quotidienne se redresse et dit son amour de la vie, son espoir des lendemains, sa force et ses capacités

alors je crois qu’il nous faut l’entendre : pour lui, pour nous, pour l’humanité.

C’est le message que je retiens du livre passionnant que vient d’écrire Bruno Tardieu qui fut délégué national d’ATD Quart Monde et explique en 250 pages pourquoi le combat initié par le père Joseph Wrezinski est une nécessité pour tous les hommes épris de liberté et de justice.

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Liberté Egalité Fraternité

Quelles que soient ses chaines

Dans le cœur de chaque homme

est écrit le mot Liberté

 

Quel que soit l’injustice de son sort

Dans le coeur de chaque homme

est écrit le mot Egalité

 

Quel que soit le mépris qui l’écrase

Dans le coeur de chaque homme

est écrit le mot Fraternité

 

 

Ce poème a été écrit pour l’inauguration de la première dalle à l’honneur des victimes de la misère, de la faim, de l’ignorance de la violence le 17 Octobre 1987, par le Père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde. Alors que plusieurs peuples et chefs d’état disent leur solidarité avec la France en mentionnant ces trois mots, ce poème m’est revenu à l’esprit. Il me dit que ces valeurs n’existent pas en dehors des personnes et qu’elles existent comme un immense espoir dans le cœur des personnes à qui elles sont refusées. I

Il a été mis en musique par plusieurs musiciens. Peut être que d’autres aimeraient s’y essayer?

 

« Quand un peuple parle » — articles dans la presse

Actualités Sociales Hebdomadaires:

https://www.dropbox.com/s/3wqw3smtc49fcgo/2015-09-04~1985%40ACTUALITES_SOCIALES_HEBDOMADAI%5B1%5D.pdf?dl=0

La Croix:

https://www.dropbox.com/s/7fjjmewkasmttqr/2015-09-23~1366%40LA_CROIX%5B1%5D.pdf?dl=0

Alternatives Économiques:

https://www.dropbox.com/s/1ywnxlcxbv6yw5x/2015-09-28~1102%40ALTERNATIVES_ECONOMIQUES%5B1%5D.pdf?dl=0

 

Bientôt dans l’Humanité (le 16 Octobre 2015)

Quand un peuple parle extrait N°8 du rapport de force au croisement des savoirs qui engagent

Le livre « Quand un peuple parle — ATD Quart Monde un combat radical contre la misère » Editions La Découverte,  est maintenant sorti en librairie. Vous pouvez le commander sur le site des Éditions Quart Monde:

http://www.editionsquartmonde.org/catalog/product_info.php?products_id=738

Une tournée de rencontres autour de ce livre s’organise, dans des librairies ou autre. Si vous souhaitez organiser une telle rencontre, écrivez à editions@atd-quartmonde.org

Voici un dernier extrait pour la route en attendant de vous rencontrer!

chapitre 4 Du rapport de force au Croisement des savoirs qui engagent

(…)

Autrement que par le seul rapport de force

L’efficacité politique d’ATD Quart Monde est souvent rapprochée des approches d’empowerment radicales de Paulo Freire ou de Saul Alinski. Pour avoir vu des mouvements mettant en œuvre la méthode de Saul Alinski, j’ai pu en mesurer l’efficacité. A Brooklyn, où nous travaillions et vivions dans les années 1980, l’Industrial Area Foundation, appliquait ces méthodes et a totalement transformé en 10 ans le quartier d’East New York où avait habité la famille de Brigitte et Charmaine, participantes de la bibliothèque de rue évoquées plus haut. Des kilomètres carrés de maisons à moitié murées sont devenus des habitations pour classes moyennes décentes. Les collègues d’ATD Quart Monde qui nous ont succédé dans le quartier ont vu la transformation à l’œuvre, par la création d’un rapport de force avec la mairie. Mais ils ont vu aussi que ce combat n’avait nullement besoin des 20 % les plus démunis. Ceux-ci ont décroché et ont rejoint le nombre grandissant de réfugiés urbains, errant de centres d’hébergement en hébergement chez des particuliers. Ainsi, si les méthodes d’Alinski sont considérées comme les plus radicales, elles ne se sont pas départies du paradigme du pouvoir classique qui de fait élimine les moins puissants. Cette méthode consiste à réunir des populations déjà organisées par des églises locales, à leur montrer que si elles s’unissent, elles auraient un rapport de nombre et de force qui leur permettrait d’obtenir des améliorations. Ceci a deux conséquences. D’emblée ceux qui ne sont pas déjà inclus dans ces églises sont mis hors de la démarche. Ensuite, les combats seront choisis par les plus dynamiques du quartier, et la radicalité des défis soulevés par ceux qui subissent le plus les injustices disparaitra. Vouloir prendre les puissants à leur propre jeu, celui du pur rapport de force, amène aussi à un écrémage. Celui-ci est assumé par la pensée d’Alinski. Ce dernier, se référant à demi-mot au marxisme, l’a aussi suivi dans sa méfiance à l’égard du Lumpenproletariat, cette population inutile, voire réfractaire aux rapports de force[1].

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