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Travail social, les raisons d’agir

Travail social, les raisons d’agir

L'aventure concrète, créative, innovante, pleine de défis et de risques, difficile mais enthousiasmante d'une association en questionnement permanent, dont nombre de collectifs pourraient s'inspirer.

L’ouvrage se présente comme un ensemble de courtes chroniques poétiques et philosophiques. Pourtant c’est la vie d’une association dont il est finalement concrètement question dans des textes illustrés par une multitude de petites photos. Intermèdes Robinson est installée à Longjumeau dans un quartier très défavorisé. Nous y découvrons une multitude d’actions souvent en partenariat avec d’autres structures : le jardinage communautaire, les ateliers de rue (qui s’inspirent des bibliothèques de rue d’ATD Quart Monde), les conseils d’enfants qui font circuler la parole, les soirées autour de repas interculturels et intergénérationnels, les sorties, les chantiers jeunesse, l’importance accordée à la toute petite enfance avec un projet de crèche très sociale.

Tous ces textes expriment l’engagement, l’envie de vivre, de réfléchir, de créer, de partager, de produire ensemble dans un quartier où les difficultés de survie s’accumulent. L’auteur met en évidence les entraves institutionnelles au droit d’agir, au pouvoir de faire, subies par l’association et par un public qui collectionne les sans : sans espace, sans légitimité, sans propriété, sans papiers quelquefois, sans toit trop souvent, sans revenus décents fréquemment, sans accueil et sans voix, un public qui subit le déni des droits les plus fondamentaux.

Le travail effectué explore des territoires où « les sécurités ne se fondent pas sur le contrôle », où « l’avenir se construit avec ceux qui n’en ont pas », où « mondialité n’est pas mondialisation », où « personne n’est, s’il est interdit que les autres soient », où le « pouvoir des exclus se développe sur des espaces en friche », où « l’association est transformatrice de destins ». « Nous n’avons pas besoin d’utopies, nous avons besoin de vrais lieux, en commun ».

Tout au long de cet ouvrage rafraîchissant sont développés des thèmes souvent décalés mais combien justes face à un conformisme généralisé qui, consciemment ou pas, laisse de côté une population épuisée par les difficultés de tous ordres. Y sont proposées des solutions alternatives et innovantes où chacun peut trouver à agir et à se sentir reconnu. Cependant rien n’est facile : le travail en extérieur par tous les temps, la recherche permanente pour rester éveillé et poursuivre un travail de création, la surdité ou l’incompréhension des pouvoirs publics, les besoins de financement qui se font toujours attendre. Ceci sans ressentiment, juste un constat ! Et cette volonté, toujours, de rebondir sur les difficultés pour rester avec les plus précaires !

Ce travail social plein de références à des auteurs de transformation sociale qui ont du mal à « essaimer dans l’espace », pourrait se résumer à un des titres de ces 237 chroniques : « Ce n’est pas en perfectionnant la bougie qu’on invente l’ampoule ». « Nous apprenons sur notre pratique au fur et à mesure et en y réfléchissant ensemble; nous découvrons ainsi progressivement un certain nombre de conditions pour une action sociale collective efficace ».

Perrine Levasseur

Éditions Érès – L’éducation spécialisée au quotidien – 2013 – 256 p.

Sur le même sujet aux Éditions Quart Monde :
Agir avec les pauvres contre la misère
A la rencontre des milieux de pauvreté