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Roms en (bidon) villes

Roms en (bidon) villes

Pourquoi les Roms sont-ils particulièrement stigmatisés en France ? Qui sont-ils, d’où viennent-ils ? Quelles sont les causes de cette ‘question Rom’, latente depuis des années, qui occulte les véritables questions sociales ?

Quelle place pour les migrants précaires aujourd’hui ?

Conférence-débat de l’Association Emmaüs à l’École normale supérieure

Martin Olivera a mené pendant plusieurs années des recherches en ethnologie sur les Roms en Roumanie, constatant qu’ils font partie intégrante de la société dans leur pays d’origine. Cette expérience contredit l’opinion selon laquelle ils sont difficilement intégrables. La question Rom, latente depuis 1990, réactivée dans certain discours politique, ne fait que recréer l’amalgame entre ethnie et pauvreté, évitant ainsi « d’interroger les causes structurelles de l’augmentation de la précarité et de l’exclusion dans nos démocraties néo-libérables ».

Malgré leur résorption dans les années 1970, le retour des bidonvilles depuis 20 ans est devenu un symbole marquant dans l’opinion et les médias. On ne parle plus de bidonvilles mais de campements illicites, parce que les Roms ne sont pas des migrants comme les autres : ils vivent dans des zones insalubres, sont plus ou moins délinquants et relèvent des politiques du ministère de l’intérieur…

Ils ne constituent pas une communauté homogène. Les Roms migrants seraient environ 15 mille en France, dont la moitié en région parisienne, les trois quarts d’entre eux venant de Roumanie. Pour tous les raisons d’émigrer sont les mêmes : fermeture des entreprises d’Etat et des fermes collectives, délitement des services publics et du système de santé, inflation, hausse des prix de l’énergie, etc. Les migrations roumaines sont comparables aux autres migrations économiques européennes.

Leur volonté de s’intégrer est constamment contrariée par des politiques de rejet. Bien que ressortissants de l’Union Européenne depuis 2007, les citoyens roumains et bulgares font face, dans certains pays dont la France, à une juridiction restrictive limitant l’accès au marché du travail et par suite aux droits sociaux : ils doivent obtenir un titre de séjour avec autorisation de travailler pour pouvoir être employés, comme les étrangers non communautaires. Depuis 2007, les expulsions incessantes dont ils sont l’objet, avec souvent le retour forcé au pays, rendent impossibles toute évolution positive et toute tentative d’insertion.

Dans sa conclusion, l’auteur élargit le débat : « La focalisation en France sur les ‘Roms migrants’ relègue à l’arrière-plan les difficultés structurelles auxquelles tous les précaires sont brutalement confrontés : absence de réelle politique de logement, secteur médico-social dénué de moyens et subissant la pression de logiques gestionnaires et comptables, marché de l’emploi sinistré par la financiarisation de l’économie, etc. ».

Éditions Rue d’Ulm – La rue ? Parlons-en ! – 2011 – 80 pages.