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Les riches font-ils le bonheur de tous ?

Les riches font-ils le bonheur de tous ?

« Contrairement aux déclarations politiques destinées à alimenter la croyance populaire - et qui ne sont plus ni méditées, ni questionnées, ni même vérifiées -, la richesse amassée au sommet de la société n'a absolument pas ruisselé sur les niveaux inférieurs et ne nous a rendus ni plus riches, ni plus heureux, ni plus sûrs et plus confiants dans notre avenir et l'avenir de nos enfants. »

Selon les théoriciens de l’économie de marché, « la recherche du profit individuel est le meilleur moyen d’assurer le bien commun ». Et pourtant, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ne fait qu’augmenter : les 20 % les plus riches de la population mondiale consomment 90 % des biens produits et les 20 % les plus pauvres 1 %. Les inégalités se réduisent entre les pays mais augmentent au sein de chaque pays et l’avenir d’un enfant est déterminé beaucoup plus par son lieu de naissance et le rang social de ses parents que par ses aptitudes ou son travail.

« Des chercheurs et des analystes de plus en plus nombreux soulignent que l’inégalité a un impact négatif sur la qualité de la vie. Elle a aussi un effet néfaste sur la performance économique ; au lieu de la stimuler, elle l’entrave ».

L’auteur énumère quelques présupposés considérés comme évidents :
– la croissance économique est la seule réponse possible aux défis posés par la cohabitation humaine ;
– l’augmentation de la consommation ou la rotation des objets consommés est le meilleur moyen de satisfaire la recherche du bonheur ;
– l’inégalité des hommes est naturelle ;
– la coopération et la solidarité sont présentées comme des choix difficiles et coûteux. Seule la rivalité peut nous faire progresser.

Le message est transmis par tous les canaux de communication : le bonheur est dans les magasins. Nous sommes tous des consommateurs et ceux qui ne peuvent consommer sont des bons à rien. « Une fois confirmé et couronné par le consentement des victimes de l’inégalité elles-mêmes, le verdict de culpabilité empêche la contestation, nourrie par l’humiliation, de se recycler en revendication d’une vie différente et gratifiante ». Les inégalités supportées par nombre de personnes et depuis longtemps paraissent normales, comme ce fut le cas pour l’esclavage ou la condition inférieure des femmes.

Dans notre société individualisée les droits humains finissent par être utilisés pour remplacer et éliminer la notion de bonne politique, c’est-à-dire celle qui a pour fondement le bien commun. Les interactions entre deux êtres humains sont progressivement calquées sur le modèle client-marchandise, relation asymétrique, fragile et révocable, entraînant la peur de l’abandon, de l’exclusion.

Annick Mellerio

Éditions Armand Colin – 2014 – 126 p.