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Pour une planète équitable

Pour une planète équitable

Dans ce petit ouvrage très dense, l’auteure nous montre quels sont les liens entre les inégalités sociales qui perdurent dans le monde et les problèmes environnementaux, les dérèglements du libéralisme international et la permanence de zones de grande pauvreté.

L’urgence d’une justice globale

Dès le premier chapitre, Racines et ampleur des inégalités mondiales, le champ de l’étude est bien défini :
– cerner les contours de la pauvreté, mesurer le niveau des inégalités multiples et leur évolution dans le monde, au sein des pays, entre les pays, et finalement entre citoyens du monde ;
– comprendre les raisons de tant d’inégalités et tenter d’en déduire une volonté de justice ;
– montrer le rôle des états et des politiques, la toute puissance des marchés et à partir de là les conséquences de la mondialisation, la modernisation et les restructurations économiques qu’elle impose.

L’auteure analyse les différentes formes de pauvreté, relatives ou absolues selon l’environnement social. Mais il est un indicateur absolu qui prend sens pour tout habitant de la planète, c’est l’espérance de vie : 48 ans dans certains pays africains, plus de 83 ans au Japon ! Il est bien question dans ce cas de considérer les inégalités au niveau de la planète : trente années de moins d’espérance de vie n’incitent-elles pas à un sursaut de justice ?

« A l’heure où les médias diffusent à l’envi des chiffres et des images sur le monde, nul ne peut ignorer qu’il est marqué par une gigantesque fracture sociale. » C’est là tout le travail de l’auteure pour expliquer les interdépendances entre les pays : la richesse des uns ne serait due qu’à leur propre capacité à se développer et à s’enrichir, sans affecter la situation des autres ? Dans un monde fini, aux ressources énergétiques et agricoles limitées, les conséquences des développements économiques pour les uns et les causes des inégalités pour les autres doivent être confrontées aux responsabilités écologiques globales : les dégradations environnementales concernent tous les habitants du monde. La question sociale, la justice globale et la volonté écologique doivent se conjuguer.

Dans cet ouvrage, Marie Duru-Bellat nous invite, ou plutôt nous oblige à relever un défi qui englobe le social et l’écologie à la mesure de la planète, une démarche assez rare en ce temps où si peu d’entrains se manifestent pour renoncer à la course à la compétitivité et à la croissance !

Jean-Pierre Touchard

Éditions du SeuilLa République des idées2014 – 110 p.