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L’avenir de la solidarité

L’avenir de la solidarité

Un petit ouvrage qui rassemble des contributions sur les débats actuels concernant les différentes manières de traiter le chômage et la précarité et, en particulier, une analyse du Revenu de solidarité active (RSA).

Cet ouvrage rassemble six contributions.

De la protection sociale comme droit.
Robert Castel s’empare des raisons économiques et politiques qui ont présidé à l’adoption du Revenu de solidarité active (RSA) pour démontrer comment s’effectue la déconstruction du droit républicain de la solidarité au profit d’une exigence de responsabilisation des individus, « mobilisés selon une logique de la contrepartie afin de mériter les ressources dont ils peuvent être les bénéficiaires ». Il formule trois souhaits : « augmenter l’allocation de base au dessus d’un misérable revenu de subsistance » ; « renforcer l’accompagnement des personnes » ; développer des actions pour réguler le marché du travail et améliorer la qualité des emplois.

Les cycles de la solidarité envers les pauvres.
Serge Paugam décrit les changements de perception et de réaction de la société, vis-à-vis des droits sociaux de solidarité ou d’assistance : il apparaît qu’en période de crise et de pénurie d’emplois « la population prend conscience que si les chômeurs ne trouvent pas d’emploi ce n’est pas forcément de leur faute. Mais, aussitôt que la reprise économique se manifeste, le processus s’inverse ».

Pour un bilan du workfare et de l’activation de la protection sociale.
Jean-Claude Barbier étudie ici les conséquences de ces mesures, instaurées aux États-Unis dès 1969 par Richard Nixon, mais qui n’ont pas empêché la pauvreté d’augmenter fortement depuis cette date.

Les victimes collatérales du RSA.
Hélène Périvier économiste à l’OFCE souligne deux ambiguïtés du RSA : cette mesure s’adresse surtout aux personnes pauvres en âge de travailler et aptes à le faire et répond en fait à une conception uniquement monétaire de la pauvreté laborieuse ; de plus, elle gère la pauvreté seulement comme un fait sans aborder la question préalable du pourquoi sont-ils pauvres. M. Hirsch avait pourtant rappelé que la précarité en était la cause première et le gouvernement d’alors avait pour ambition de réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans.

Le RMI à la Réunion : leçons d’un décentrement.
Nicolas Duvoux analyse ici la situation de nombreux travailleurs qui, s’accommodant du RMI en compensation de la faiblesse des revenus d’activités notoirement sous-payées dans l’île, se sont habitués à vivre dans un contexte de pauvreté intégrée qui les conforte finalement dans cette dépendance. En extrapolant, l’auteur se demande si le RSA ne va pas avoir une conséquence identique en pérennisant, cette fois en métropole, une pauvreté intégrée ?

De la charité publique à la mise au travail ?
En 1795 les magistrats du Berkshire avaient institué une allocation de secours dont le montant dépendait de la taille de la famille et du prix du pain et pouvait s’ajouter au revenu du travail. Il s’agissait alors d’une aide fiscale attribuée sans condition de pauvreté particulière mais selon des critères économiques et démographiques. Jacques Rodriguez analyse les raisons de son abrogation en 1834 par les libéraux anglais, pour qui ce système était tout à fait contraire au modèle de l’individu indépendant et responsable : il fallait « que la population dépendante soit graduellement […] exposée à l’influence vivifiante et émancipatrice de la liberté économique ».

Jean-Pierre Touchard

Presse Universitaires de France – 2013 – 112 p.