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La construction de l’identité professionnelle des assistantes sociales

La construction de l’identité professionnelle des assistantes sociales

L'auteur retrace l'activité tenace et passionnée des fondatrices de l'Association nationale des assistantes sociales (ANAS) durant les années de l'immédiat après-guerre... Cette plongée dans le passé permet de comprendre le poids actuel de l'ANAS sur la scène du travail social et met en relief les traits identitaires de la profession.

L’Association nationale des assistantes sociales. 1944-1950

Un bon exemple de ce que permet l’exploitation des archives pour revisiter la période fondatrice d’une organisation professionnelle et mettre ainsi en valeur son identité originale. L’auteur est sociologue et formateur en travail social. Il étudie l’histoire de la création de l’Association nationale des assistantes sociales (ANAS), il décrit le développement progressif du fonctionnement de son organisation, l’évolution de ses structures et de ses pratiques et il fait revivre les débats qui ont animé ses assemblées générales et ses congrès annuels.

Dès le début s’affirme une vision très claire de ce que doit être ou ne pas être le service social. Il ne peut répondre seul à toutes les carences sociales et se doit de faire valoir de nécessaires réformes auprès des instances politiques. Il n’a pas a priori une fonction de contrôle, car les assistantes sociales doivent être « au service de ceux qui s’adressent à elles » et non « au service de ceux qui les rétribuent » : elles ont peut-être un statut de salariées, mais exercent une profession libérale, dans une non dépendance qui est la base du contrat de confiance qui pourra s’établir entre elles et leurs clients. D’où la défense du secret professionnel et du principe selon lequel le responsable hiérarchique d’une assistante sociale ne peut être qu’une assistante sociale.

Henri Pascal rend compte de la codification progressive de cette déontologie professionnelle qui sera formalisée en novembre 1950 au Congrès de Marseille. Il rend compte également des tensions qui se manifestaient dans ces premières années pour déterminer qui pouvaient se prévaloir du titre d’assistante sociale : d’une part l’affirmation de la nécessité d’un diplôme pour pouvoir exercer ce métier, d’autre part la volonté d’y intégrer les personnes qui de fait avaient acquis un savoir-faire éprouvé dans ce champ d’activité. Il évoque aussi les tensions de l’époque, par exemple quant au caractère « neutre » de leur organisation, c’est-à-dire à la fois non confessionnel et non inséré dans une confédération syndicale.

La défense de la profession a conduit l’ANAS à affirmer sa représentativité auprès des ministères, des élus et des organismes publics, mais aussi à participer activement aux Conférences internationales de service social et à la création de la Fédération internationale des travailleurs sociaux.

Daniel Fayard

Presses de l’École des Hautes Études en Santé Publique – 2012 – 280 p.

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 232 : Quelle histoire, pour quel avenir ?