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Pauvre et malade, la mauvaise équation / ARTICLE
Description
Pauvre et malade, la mauvaise équation.
Être pauvre en France aujourd’hui quand on doit se soigner, c’est parfois devoir signer une reconnaissance de dette pour passer un scanner dans un CHU, au cas où la Sécurité Sociale refuserait de rembourser… C’est avoir droit à des soins de moindre qualité ou voir sa réanimation remise en cause en raison de son milieu.
Avec le passage du RMI au RSA, le droit à l’accès aux soins n’est plus automatique et il est de plus en plus difficile d’obtenir la couverture maladie universelle (CMU). Le labyrinthe des démarches administratives rend la vie des patients infernale. Comme si l’on voulait diminuer le nombre de bénéficiaires en transformant en parcours d’obstacles l’accès à ce droit essentiel. La CMU avait été créée en 2000 pour assurer un droit et non être un secours octroyé par bonté. Après l’espoir de pouvoir être soignée, une femme de condition modeste nous confie sa désillusion : « J’y ai cru. Mais face à la réalité tu replonges plus bas, avec des frais sur le dos, des frustrations. Le mieux, ce serait de ne plus dépendre des autres. »
Les pauvres n’ont plus la possibilité de se soigner comme les autres. Les déremboursements ont rendu l’accès à certains médicaments impossible. Les coûts représentent un obstacle à la chirurgie ou au recours aux actes de rééducation. Une mère de famille déclare : « Je reçois des courriers pour ma fille, un pour les dents, un pour les yeux, un pour les oreilles. Impossible d’aller voir tous les spécialistes, alors je les mets dans un tiroir et je les brûle quand j’ai déménagé ». Les spécialistes pratiquent souvent les dépassements d’honoraires, il faut avancer les frais, sans compter que beaucoup refusent de vous soigner quand vous indiquez être à la CMU. S’endetter en raison du coût des soins est une crainte.
Lors d’une étude menée récemment, nous avons constaté que dans près de 40% des cas, les difficultés d’accès aux soins rencontrées par le patient conduisent à un retard dans les soins, voire à un abandon. Acceptons-nous qu’aujourd’hui en France des milliers de nos concitoyens ne puissent plus se faire soigner ? Cette remise en cause du système de santé est intolérable.
Libération, vendredi 28 janvier 2011.