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Je ne suis pas comme ils disent ! / RENCONTRE AUTEUR
Description
Rencontre avec Agnès de Lestrade
ATD Quart Monde et vous, finalement c’est une histoire de famille…
Quand j’avais 18 ans, je cherchais à m’engager avec une association et j’ai trouvé une présentation d’ATD Quart Monde dans un annuaire. On y expliquait comment ce Mouvement cherchait non pas à aider les gens très pauvres mais à trouver des moyens pour permettre la rencontre, en mettant en avant qu’on était tous égaux, en insistant sur l’importance de la culture, le respect de la parole de chacun. Ça correspondait vraiment à ce que je ressentais moi-même, à ce que je cherchais. Alors je me suis engagée avec le mouvement Tapori et j’ai animé bénévolement un groupe Tapori pendant trois ans, dans une cité de Bordeaux, la cité de la Fraternité. Quand j’ai annoncé ça à mes parents, j’ai été étonné d’apprendre qu’ils connaissaient ATD Quart Monde depuis 20 ans, sans m’en avoir jamais parlé ! Puis, en 84, alors que j’étais étudiante, j’ai présenté une pétition qu’ATD faisait circuler, en faveur des Droits de l’homme. Et j’ai été très surprise quand des élèves m’ont dit « On vient de la signer, cette pétition ! ». J’ai alors su que cet étudiant, que je trouvais peu sympathique a priori, était lui aussi membre d’ATD. Et c’est comme ça que j’ai connu mon mari ! Plus tard, en 1985, mon mari et moi avons choisi de nous engager comme volontaires et nous sommes venus nous installer au centre international d’ATD Quart Monde, en région parisienne. Je travaillais, entre autre, avec Jean-Michel Defromont à la préparation d’une exposition sur les 30 du Mouvement, principalement à partir de dessins envoyés par des enfants de divers groupes Tapori dans le monde, une exposition qui a été ensuite présentée à la mairie de Paris. Au bout d’un an et demi à peu près, Joseph Wresinski nous a envoyé à Bordeaux, à la maison des métiers, où nous avons passé plus d’un an auprès des jeunes.
Vous avez ensuite choisi de prendre du recul ?
Oui, nous avons décidé de faire une pause, pour vivre une vie « comme tout le monde ». Nous sommes restés alliés du Mouvement et entre autre, nous avons accompagné un jeune qui suivait une formation de médiateur du livre. Il travaille aujourd’hui dans une médiathèque et je suis toujours très heureuse quand j’ai l’occasion de le rencontrer en tant qu’auteure ! Et au début des années 2000, mon mari et moi sommes venus vivre à la campagne. J’avais toujours voulu être écrivain, depuis l’âge de huit ans ! Et un matin, j’ai eu l’idée d’un titre, La petite fille qui ne voulait plus cracher !. Et j’ai commencé à travailler à partir de ce simple titre, j’ai envoyé le manuscrit et j’ai eu la chance qu’il soit publié par l’Ecole des loisirs ! Depuis, c’est mon métier et j’ai publié une cinquantaine d’albums et de romans et une soixantaine de textes.
Quels points communs pour vous entre ces deux activités ?
Pour moi, c’est que je les vis toutes les deux avec un enthousiasme total. Ce que je vis, cela devient ma vie, pas seulement ce que j’ai en tête mais quelque chose qui me possède, que je sens dans mon cœur, dans mes tripes ! Et bien évidemment, ATD Quart Monde m’a imprégnée en tant qu’individu, dans ce que je suis devenue et ça se ressent par exemple dans un mes derniers ouvrages, J’habite sous les étoiles . Souvent, j’interviens dans des classes et les enfants me demandent : « Est-ce que vous avez vécu ça ? ». Je leur explique que non, d’abord parce que la famille qui est présentée dans cette histoire n’est pas une famille du Quart Monde, elle n’a pas subie comme tant d’autres que j’ai pu rencontrer toutes les injustices, tous ces poids qui empêchent de grandir. Et puis, même si j’ai envie de raconter l’histoire d’enfants pauvres, c’est toujours l’histoire qui est en moi qui commande, c’est elle qui décide. Alors, je glane, je guette, des choses et quand l’histoire s’impose, ça vient tout seul. Un roman dont le héros serait un enfant du Quart Monde, ça viendra un jour, en attendant je mûris tout ça.
Pourtant, pour Je ne suis pas comme ils disent !, vous avez suivi une démarche inverse puisque vous êtes partie de témoignages qui avaient auparavant été publiés dans la collection Les enfants du courage .
Oui, mais j’aime aussi bien me lancer des défis, faire des choses que je n’avais jamais faites auparavant. Et puis ces histoires me plaisaient beaucoup, chacune à leur façon. Certaines ne sont pas très « bavardes », mais je crois que la vie peut nous rendre joyeux ou tristes sans faire de grands fracas. Ça m’a ému ces petites histoires qui ont l’air de ne pas y toucher mais qui sont toutes très sensibles.