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Fati / EXTRAIT
Description
L’heure des livres
[…]
Dehors, un cri suivi d’un calme soudain attire l’attention de Fati. Bientôt, on n’entend plus aucune musique mais une voix d’homme à l’accent étranger, une sorte de colporteur lançant un mot ou deux : « La dérive ! » ou « Le délire ! » Fati ne parvient pas à les identifier. En écho, des voix d’enfants sur les coursives répètent à leur façon l’obs- cur signal de ralliement : « La délivre ! »
Ah ! dit Méméditat se levant aussitôt, excuse, ma fille, mais on va s’installer dehors. Tiens, prends-moi cette chaise et viens. Ça va t’intéresser. Sans comprendre, Fati s’exécute et imite sa tante qui sort avec un fauteuil en plastique blanc, la serviette éponge sous l’aisselle.
Qu’est-ce qui se passe ?
C’est « l’heure des livres » pour les marmailles. Je dois veiller à ce qu’ils soient sages.
Deux jeunes, un gars et une fille, étendent une couverture contre le vent, sur les marches à l’ombre du bâtiment principal. Des petits genoux serrés s’alignent déjà sur le tapis, bouches béantes comme des oisillons scandant :
Une histoire ! une histoire !
Ça vient, ça vient, dit l’homme d’une voix chantante, déposant près d’eux un premier panier de livres, avant d’en chercher d’autres.
Vos mains sont propres, marmailles ? questionne la tante, cou tendu, avant que les enfants farfouillent dans le panier.
Des paumes se lèvent, doigts écartés, comme dans un western pour rire. D’autres gamins s’affairent autour des robinets, se disputant des bouts de savon. Méméditat donne de la voix :
Du calme, du calme. Vous savez bien que, tant que tout le monde n’aura pas les mains propres, on ne commencera pas !
Alors, madame Expéditat ? dit l’étranger rieur, posant un second carton en haut des marches. Il s’approche de la tante qui s’empresse d’essuyer sa main avant de le saluer.
Luciano, je te présente ma nièce, Marie- Fatima, enfin, Fati. Elle est maîtresse d’école. Et lui, c’est l’homme des livres. Il vient du bout du monde, exprès pour nous.
Du renfort ! s’exclame Luciano, les bras au ciel.
Une visite, une simple visite, tempère l’institutrice, amusée par tant d’exubérance. […]
Extrait pages 182 & 183