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Avis CESE « une école de la réussite pour tous », une démarche originale (Lettre n°62)

1) Une démarche originale

Fin 2014, la Section éducation communication culture du CESE s’est auto saisie pour écrire un avis « Une école de la réussite pour tous » suite de la Loi de Refondation de l’école de la république voté en juillet 2013.

  • Le lien CESE – Éducation Nationale

Travail original puisque réalisé en étroite collaboration avec Jean-Paul Delahaye, Inspecteur général, chargé par la Ministre de l’Éducation Nationale d’une mission « Grande pauvreté, réussite scolaire ». La saisine du CESE et la mission de la ministre prescrivaient cette coopération. Ainsi Jean Paul Delahaye et Marie Aleth Grard ont pratiqué la majorité des auditions ensemble. Avec plus de 200 auditions, 8 académies parcourues et la création d’une plate-forme collaborative (reussitedetous.lecese.fr, site où chacun pouvait expliquer une réussite dans son école), ils ont recherché ce qui est nécessaire pour faire de l’école française « Une école de la réussite pour tous ».

  • Le groupe croisement des savoirs

Travail original parce qu’un groupe croisement composé de 6 professeurs, 4 chercheurs, 4 acteurs de quartier, 5 parents solidaires et 9 parents militants qui vivent ou ont vécu la grande pauvreté a été formé.

Ce groupe est allé à une des auditions avec les membres du CESE. Il s’est ensuite réuni et a travaillé sur les textes de 6 autres auditions, en utilisant la méthode de Croisement des savoirs : un premier travail a eu lieu d’abord par groupes de pairs, puis les groupes se sont retrouvés pour partager le fruit de leurs réflexions et ensuite, en groupes mixtes, ils ont construit une présentation pour chacune des 6 thématiques dégagées, qui ont été présentées à la section éducation du CESE.

Thématiques retenues : « Parents et école », « A l’arrivée à l’école maternelle », « formation des enseignants et des autres personnels de l’école », « Climat de confiance et coopération entre les élèves », « Parler de la vie des plus pauvres », « Et pourtant ça ne se fait pas »

Suite à cette présentation, pour la première fois, une section du CESE a travaillé sur chacun des thèmes en coopération avec les membres du croisement, d‘abord par une réflexion en petits groupes puis par un échange avec l’ensemble des personnes présentes. Ce travail s’est effectué lors de 3 réunions de section.

« C’était une nouvelle façon de travailler et les 3 séances n’ont pas été faciles, explique Marie Aleth Grard, : il a fallu affronter et dépasser des peurs réciproques ; mais au fur et à mesure, la confiance s’est mise en place et une autre façon de voir la réussite de tous a émergé. »

  • Le Comité inter-partenarial

Travail original parce que en parallèle les membres du Comité inter-partenarial se sont réunis pour enrichir leurs expertises. 

Lorsque le mouvement ATD Quart Monde a entrepris d’élaborer des propositions pour une école de la réussite de tous (programmation 2008), l’ensemble du mouvement s’est mobilisé. Nous avons voulu confronter ce qui émergeait de ce travail avec l’expérience et la pensée sur l’école des acteurs institutionnels. C’est pourquoi nous avons demandé à un certain nombre de ces acteurs de travailler en partenariat avec ATD Quart Monde. C’est ainsi qu’est né fin 2010 le comité inter-partenarial composé de quatre syndicats d’enseignants (SNES-FSU, SNUipp-FSU, SGEN-CFDT, SNPDEN-UNSA), trois fédérations de parents (FCPE, PEEP, APEL), quatre mouvements pédagogiques (ICEM-Freinet, GFEN, Montessori, AGSAS) et ATD Quart Monde. Ce comité a préparé les Ateliers pour l’école de Lyon (11, 12 et 13 novembre 2011) puis a écrit la plateforme « Construire ensemble l’école de la réussite de tous », signée donc par tous les partenaires.

Lorsque le travail sur l’avis du CESE « Une école de la réussite pour tous » a démarré fin 2014, le comité inter-partenarial s’est réuni à nouveau. Il a suivi le même plan de travail que le groupe de croisement des savoirs à partir des auditions faites au CESE.

  • Marie Aleth Grard

Pour retrouver ‘intégralité de l’explication de Marie Aleth Grard sur l’originalité de cette démarche : http://reussitedetous.lecese.fr/

2) Les impressions sur cette démarche originale

  • Ce qu’en pensent quelques membres du CESE après la présentation de l’avis « Une école de la réussite de tous » et du rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire » le 12 Mai 2015 au CESE

« La démarche originale de mise en place d’un « groupe de contacts » constitué de parents, d’enseignants et de chercheurs qui, mélangé aux conseillers de la section, a su nous questionner et nous pousser à une réflexion approfondie. » CGT.

«Une démarche originale visant à faire remonter les expériences de terrain » Outre Mer.

« Son originalité a résidé dans la façon d’aborder la question, en regardant ce qui se fait sur le terrain, les innombrables initiatives que l’on y rencontre en faveur d’une école de la réussite pour tous et en essayant d’en tirer des leçons non pas pour prescrire de façon descendante une énième « réforme »ou un quelconque « bon comportement »mais avec l’idée que les équipes doivent pouvoir s’en emparer en étant soutenues, encouragées, accompagnées par l’institution et la recherche » M. Aschieri.

  • Ce qu’en pensent certains membres du groupe croisement :

Qu’est ce que ce travail en croisement m’a apporté personnellement ?

« J’ai pris conscience de certaines difficultés que peuvent rencontrer les parents qui les empêchent de se rendre à l’école et j’ai découvert de nouvelles pratiques pédagogiques. »

« J’ai été très surpris de voir comment un groupe, avec des personnes de milieux si différents pouvait travailler ensemble ; j’avais beaucoup d’appréhensions et j’ai été agréablement surpris ! »

« Nous avons partagé nos connaissances, sans qu’aucun n’impose ses idées. Chacun pouvait exprimer son point de vue et il pouvait être remis en cause ; nous argumentions sans froisser. Je me sentais un participant à l’égal des autres. »

« Ce travail m’a permis de me positionner et d’adapter mon attitude à un groupe de personnes que je ne connaissais pas. J’ai dû m’exprimer avec plus de forme et de modération que dans un groupe familier. »

Quelles préconisations vous semblent les plus importantes dans l’avis ?

« La loi sur la SEGPA : la possibilité pour un enfant scolarisé en SEGPA de suivre certains cours de classe ordinaire. »

« L’intégration des parents dans l’école : il faut que les parents puissent s’approprier les lieux car ce n’est pas naturel pour tous. »

« La formation à la communication et à la connaissance des milieux de grande pauvreté me semble incontournable si on souhaite mettre en place les autres préconisations. »

Avez-vous eu l’impression que votre travail a été utile pour la rédaction de l’avis ?

« Oui, ce travail a prouvé qu’il est possible et bénéfique qu’un groupe de personnes très différentes et des experts réfléchissent ensemble et partagent des idées dans un objectif commun. »

« Ce travail a permis de faire changer le regard des membres du CESE sur l’utilité d’une telle démarche avec un tel groupe. »

  • Ce qu’en pensent certains membres du Comité inter-partenarial :

Comment avez vous participé à la rédaction de l’avis ?

« Dans le cadre du Comité inter-partenarial réuni à l’initiative d’ATD Quart Monde, au nom du SNUipp, j’ai eu l’occasion de partager les points qui nous paraissent essentiels « pour une école de la réussite de tous » à savoir : une formation aux gestes professionnels, une école bienveillante (importance de l’environnement, de l’organisation spatio-temporelle, de la langue) et la reconnaissance de l’expertise des enseignant-es.

J’ai également pu m’exprimer sur les résultats d’un croisement des savoirs, en portant des propositions concernant le thème « parents et école » ou « formation des enseignant-es ». »

« Nous avons relu le projet d’avis lors d’une réunion spécifique avec le comité partenariat. »

En quoi votre participation a été importante ?

« Je pense qu’elle a confirmé ce que Marie-Aleth Grard a vu, entendu lors de ses visites et auditions. Notre spécificité de praticiens Freinet dans les classes et écoles permettait de dire lors des réunions : oui c’est possible, c’est déjà pratiqué et d’illustrer, mais ce n’est pas assez développé. »

« Tout au long du processus, il était important, à nos yeux, que le SNUipp soutienne l’avancée des travaux de Marie-Aleth Grard. En effet, le partenariat dans lequel nous sommes associés depuis 2011 avec ATD nous a confortés dans l’idée que nous mettons en exergue depuis notre création : l’école doit avoir l’ambition de la réussite de tous. Débattre avec d’autres, à partir des travaux divers menés par ATD, y compris dans le cadre des auditions, était l’occasion de confronter des représentations, des propositions, des valeurs, dont nous savions que Marie-Aleth saurait en tirer le meilleur pour rédiger des préconisations que nous aurions à cœur, ensuite, de partager pour les faire devenir réalité. »

Quelles préconisations vous semblent les plus importantes dans l’avis ?

« Il est difficile de faire un classement… car pour transformer l’école, vraiment, toutes ces préconisations ont leur importance.

Peut-être la toute première d’abord, parce qu’elle se situe au tout début de la scolarité : « prévenir les difficultés scolaires dès la maternelle » . En effet, nombre d’études pointent les écarts entre enfants du même âge, essentiellement en fonction de leur origine sociale. Alors oui, pour démarrer sur des acquis communs solides ce que l’on appelle les apprentissages fondamentaux, donner à l’école maternelle les moyens de gommer ces inégalités, de faciliter pour tous l’accès aux apprentissages à venir, c’est une nécessité !

Ensuite, je prioriserais deux préconisations concernant les deux autres acteurs essentiels de cette réussite : les parents et les enseignant-es. Il n’est pas possible de prétendre faire réussir nos élèves si l’on ne considère pas « les parents comme un maillon essentiel ». Les rencontres, sous des formes diverses, doivent permettre d’instaurer une confiance réciproque, avec pour objectif commun la réussite de l’enfant, une vision partagée qui participe d’un meilleur climat scolaire, et doivent aussi permettre d’éviter tout particulièrement les conflits de loyauté dans lesquels les enfants ont parfois à se débattre. Quant aux enseignant-es, si certain-es peuvent avoir des approches pédagogiques discriminantes, qui confortent les élèves ayant une connivence avec l’école et en éloignent toujours plus les autres, ou encore des réactions inappropriées vis à vis des parents, c’est le plus souvent par manque de formation : celle-ci en effet doit prendre en compte la nécessité de connaître le milieu dans lequel vivent les familles, qu’elles soient populaires ou non sédentaires, par exemple, car ces situations ont un impact sur les élèves, et peut rendre leur accès à l’école, ses codes et les apprentissages bien plus difficile. Des enseignant-es bien formé-es auront davantage à cœur de mettre en œuvre l’ensemble des préconisations présentées dans cet avis, auquel nous souhaitons un bel avenir! »

« Celles développées dans

– Ouvrir davantage l’école « lieu social » :

  • Découverte et compréhension du milieu : 23, 24, 27
  • Les parents, un maillon essentiel : de 28 à 33

– Des pratiques pédagogiques innovantes : de 34 à 47 »

3) Le contenu de l’avis au CESE

La présentation de projet d’avis « Une école de la réussite pour tous », dont la rapporteure est Mme Marie-Aleth GRARD au nom de la section Éducation, culture et communication, a eu lieu en Séance Plénière, le mardi 12 mai 2015 après midi, au Conseil Économique, Social et Environnemental. Jean-Paul Delahaye, Inspecteur Général de l’éducation nationale, a présenté également son rapport « Grande pauvreté, réussite scolaire ».

Trois fondements se dégagent :

Une école inclusive

Une école où la mixité sociale et scolaire est systématique

Une école pour laquelle la politique publique soutient et évalue les initiatives

« Une école qui permet à chaque jeune de s’insérer pleinement dans la société, d’être acteur, chercheur, responsable, autonome et de se former à devenir citoyen dans une démocratie » précise Marie-Aleth Grard.

Le Conseil Économique Social et Environnemental préconise de :

Permettre aux enseignants de mieux connaître les milieux les plus pauvres et les territoires où ils enseignent.

Avoir une attention particulière pour les territoires ultramarins.

Supprimer le volet social dans l’affectation des élèves vers les filières spécialisées ou du handicap.

Renforcer les liens entre l’école, « lieu social » et les parents , en ouvrant l’école ou le collège pour des moments formels et informels.

Développer les pédagogies coopératives qui permettent la participation de tous les élèves.

Mettre en place une évaluation qui encourage et donne des repères communs .

Renforcer la formation initiale et continue des enseignants.

Institutionnaliser l’analyse de pratiques entre professionnels.

Former les personnels d’encadrement à l’animation d’une équipe et au travail collectif.

Développer des programmes de recherches-actions en établissement