
Avec les familles roms : quand les regards changent
Quand des militants associatifs, des riverains et l’État s’investissent pour accueillir et accompagner l’intégration de familles roms, les regards changent de part et d’autre.
Fin 2015, ATD Quart Monde a démarré une bibliothèque de rue avec les familles roms du terrain de la Feyssine près de Lyon. Début 2016, avec le démantèlement du bidonville, celle-ci a suivi une quinzaine d’entre elles qui ont été relogées par l’État à St-Genis-les-Ollières, dans un village d’insertion mis sur pieds avec l’association Habitat et Humanisme. L’objectif : permettre en trois ans de retrouver un emploi et d’accéder à un logement ordinaire. Deux familles ont déjà réussi et sont parties dans la Nièvre, remplacées par deux autres originaires de Hongrie.
Les enfants s’appellent Sorin, Florin, Cosmin, Roxana, Baya, Felix, Maria… Ils vont tous à l’école dans les communes alentour et viennent à la bibliothèque de rue le samedi après-midi. Vifs, curieux, imaginatifs, attachants, certains peuvent lire pendant une heure « Kirikou » ou « Les voyages de la famille Oukilé » ; d’autres se posent plus difficilement et préfèrent les comptines ou les marionnettes. Les plus petits viennent perturber nos lectures et réclament nos genoux. Tous ont appris le Français en quelques mois. Certains tentent d’enseigner des mots de romani aux animateurs. Cela prend plus de temps ! Seuls les enfants des deux familles nouvellement arrivées ne parlent que le hongrois et nous obligent à nous replonger dans les imagiers et les abécédaires.
Les plus grands sont déjà allés voir « La tsigane de Lord Stanley », une pièce de théâtre jouée par une troupe d’enfants de Saint-Denis, qui raconte la rencontre pas facile entre un groupe de familles tsiganes et des villageois opposés à leur installation.
Petit à petit, des parents participent à la bibliothèque de rue. Une maman commence à venir lire avec son enfant.
En 2016, des pétitions d’habitants avaient circulé contre l’ouverture du village d’insertion, bien relayées par les médias. En réaction, une association de riverains s’est créée pour accueillir et soutenir les familles roms. Maintenant, le climat est plus apaisé. Les habitants voient que cela se passe plutôt bien. En discutant avec les uns et les autres, on se rend compte que beaucoup de personnes ne sont en fait pas opposées à l’installation de ces familles et souhaitent s’investir pour la réussite du projet.