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Avec Intermèdes Robinson, la vie dans les quartiers

Entre ateliers de rue et accompagement social, l’association va à la rencontre des plus exclus.

Il est 14 heures. L’équipe d’Intermèdes Robinson est réunie pour le brief. Chacun écoute l’autre. Ce jour-là est un peu particulier : après les ateliers l’après-midi, la troupe d’enfants de l’association, baptisée  » Aven Savore !  » (Venez tous, en tzigane), se produit ce soir à Saint Eloi, quartier sensible de Chilly-Mazarin (Essonne).

–  » Il faut passer prendre les enfants du bidonville d’Epinay pour les emmener désherber le jardin, commence Nicolae, l’un des six permanents. Qui y va ?  »

Plusieurs mains se lèvent. On manque de véhicules, avec le matériel qu’il faudra apporter pour le spectacle de danse et de chant à Saint Eloi. Nicoale va devoir faire plusieurs aller-retours.

–  » On a prévu un atelier cuisine à 16 heures : on a bien vérifié que le réchaud marchait ?, interroge Laurent, le directeur. Et qui assure les activités ?  »

Laura confirme qu’elle prend en charge l’atelier cuisine. Elodie et Maryam, l’atelier écriture.

Pour le karaoké, Laurent rappelle que les installations sur place ne sont pas toujours fiables.  » On emmène le groupe électrogène « , assure Nicolae. Reste à décider qui s’occupe du goûter.

Intermèdes Robinson, installé au centre de Chilly-Mazarin entre une pizzeria et un coiffeur africain, fait un formidable travail dans cette ville où derrière l’aspect paisible des immeubles de la classe moyenne, prospèrent des poches de pauvreté : hôtels sociaux où sont logées les personnes appelant le 115, quartiers stigmatisés, enfin campements et squats où vivent dans des conditions difficiles des familles roms.

Au coeur de son action, l’association place les ateliers de rue. Comme les bibliothèques de rue d’ATD Quart Monde, ils accueillent tout le monde sans conditions et permettent de tisser des relations.  » La différence, précise Laurent, est que nous revendiquons un but d’éducation non formelle. Dans l’idée du pédagogue Paulo Freire, on apprend aux enfants à s’exprimer dans tous les langages, l’oral, l’écrit, par le chant, les arts plastiques… »

L’association propose par ailleurs le vendredi une  » cantine  » aux familles des hôtels sociaux. Pour trois euros, les femmes viennent cuisiner et déjeunent ensemble. Il y aussi une distribution d’aide alimentaire le mardi. Pendant qu’on remplit les paniers, des cours de français sont proposés.

Laurent Ott, le directeur, était instituteur au départ et pratiquait la pédagogie Freinet.  » Mais je me suis heurté à des limites avec la tutelle de l’Education nationale. Et j’ai démissionné.  » Il se consacre alors à son association et devient aussi directeur de la MJC de Chilly-Mazarin. Mais depuis, la mairie a retiré ses subventions et la MJC a fait faillite.

L’association, qui promeut la Pédagogie sociale, est aussi un lieu de formation, notamment pour les étudiants en travail social. Entre accompagnement social et visées éducatives, la Pédagogie sociale, explique Laurent,  » est une manière de travailler hors les murs, hors institutions, hors cadre.  »

Intermèdes Robinson a encore une belle réussite à son actif : la plupart des membres de l’équipe – permanents, jeunes en service civique et stagiaires en travail social – sont roms. La preuve que l’on peut faire mentir les clichés les plus éculés.

Véronique Soulé

Plus sur intermedes-robinson.org

Photo : Lors du brief le 21 juin 2017. De g. à dr. au premier plan : Nicolae qui parle, Dusko, les deux Laura et contre le mur, Elodie et Goundo. ©FP, ATDQM