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ATD Quart Monde participe au Festival des Solidarités

Le 9 novembre 2019 a eu lieu l’événement de lancement du Festisol (Festival des Solidarités). À cette occasion, des jeunes de 14 à 30 ans, engagés pour différentes, causes ont été conviés à venir discuter entre eux, le matin, de la société actuelle autour d’une fresque sur laquelle leurs idées ont pu être écrites et illustrées. Ils ont échangé autour des questions « que dénoncez-vous dans la société actuelle ? qui ? », « quelle société souhaitez-vous pour le futur ? », et « quelles actions avez-vous menées ou quelles actions vous inspirent ? ».

Pour le lancement du Festisol, le 9 novembre, les débats ont été très riches et les sujets traités divers : inégalités, pauvreté, réchauffement climatique, migration, commerce équitable, laïcité… Malgré le très jeune âge de certains, tous ont fait preuve de beaucoup de maturité et de réalisme sur le monde dans lequel ils vivent. Beaucoup ont regretté que leurs voix, et plus globalement la voix des minorités, ne soient pas assez écoutées dans les prises de décision, surtout lorsque ce sont des décisions qui les concernent. « C’est pas parce qu’on est en difficulté, qu’on n’est pas bon à l’école, qu’on a rien à apporter, au contraire. » (Medhi, ATD Quart Monde).

Concernant la pauvreté et la précarité, le thème des aides de l’État a reçu beaucoup d’attention. Nombreux sont ceux qui ont déploré le manque d’informations sur ces aides, le manque d’accompagnement des personnes pouvant en bénéficier, et la complexité des démarches administratives qui empêche un grand nombre de personnes de recevoir les aides auxquelles elles ont droit. Une jeune a même appelé ces aides « les aides fantômes ».

Globalement, tous ont été satisfaits de cette matinée, au cours de laquelle ils ont pu rencontrer des jeunes engagés dans des causes variées. Cela leur a permis de se trouver des points communs avec des personnes investies dans des causes différentes des leurs et d’apprendre des autres. « C’est trop bien de voir autant de jeunes investis » (Judith, Youth for Climate).

Voir tout ces jeunes avoir autant conscience du monde qui les entoure, le remettre en question, et savoir qu’ils se mobilisent à leur façon pour ce en quoi ils croient est plus qu’inspirant et donne espoir quant au futur : avec de tels jeunes, la société est entre de bonnes mains !

Des solutions proposées

La journée s’est continuée l’après-midi au Sénat. Après une introduction de Sébastien Bailleul, délégué général du CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement) et Françoise Dumont, présidente de la Ligue des droits de l’Homme, établissant les difficultés dans l’application de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, les jeunes ont pu restituer leurs échanges du matin et proposer leurs solutions. Leur réflexion a été développée autour de plusieurs idées phares : pollution et réchauffement climatique, laïcité, discriminations et racisme, éducation, répression policière, et manque de représentativité de la classe politique. Les solutions proposées ont aussi été multiples : convergence des luttes, gratuité des transports, désarmement de la police, plus grande couverture médiatique de certains sujets pour éduquer la population, ou encore changer le terme  « fraternité » de la devise de la république française en « solidarité », jugé plus inclusif.

La parole a ensuite été donnée aux intervenants, divisés en deux table rondes. Durant ces prises de parole, les jeunes avaient à leur disposition des papiers verts et rouges qu’ils pouvaient lever pour exprimer leur approbation (vert) ou leur désapprobation (rouge) avec les propos des adultes.

Ces interventions ont été l’occasion de faire le constat du respect des droits de l’enfant en montrant, à travers des cas concrets, que celui-ci n’est pas encore gagné, même en France. Ainsi, la situation des enfants placés, des mineurs isolés migrant en France, les violences sexuelles touchant les enfants ou la répression vécue par des lycéens ont été décrites par des personnes travaillant sur ces thématiques ou ayant vécu certaines des situations.

Violence dirigée vers la jeunesse

Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde, était invitée à l’une des ces tables rondes. Elle s’est fortement exprimée sur la discrimination pour cause de pauvreté, l’importance d’inclure les plus pauvres dans les prises de décisions, notamment sur le réchauffement climatique, et sur l’impact de la pauvreté sur les enfants. Elle a pu insister sur le fait que lutter contre la pauvreté des enfants, c’est aussi lutter contre la pauvreté des parents, puisqu’un enfant n’est pauvre que parce qu’il vit dans une famille pauvre.

Elle a pu réagir à une proposition faite par les jeunes : celle du revenu universel, qu’elle ne considère pas comme une solution, car le manque d’argent n’est pas le seul facteur de la pauvreté, et distribuer un revenu universel ne permet pas de répondre à tout ces facteurs. Enfin, une membre de l’association Youth for Climate a pu exprimer son opposition à une prise de position de Claire Hédon sur la réponse à la violence : pour cette jeune fille, il est parfois nécessaire de répondre à la violence par la violence, ce que la présidente d’ATD Quart Monde refuse en prônant la non-violence.

On retiendra plus particulièrement l’intervention forte et passionnée de Fatima Ouassak, co-fondatrice de Front de Mère, premier syndicat de parents des quartiers populaires, qui a reçu beaucoup de soutien de la part des jeunes présents. Elle s’est longuement exprimée sur le racisme envers les enfants en France et la violence qui est, selon elle, dirigée vers la jeunesse, ainsi que sur la place des parents, et plus particulièrement des mères, pour soutenir leurs enfants et dénoncer certains faits. Cependant, elle a également conseillé aux jeunes de ne pas s’appuyer seulement sur les adultes pour se faire entendre et pour agir.

Enfin, si les discussions se référaient principalement au système actuel, une jeune fille a insisté sur le fait que ce système allait s’effondrer et qu’il est donc nécessaire, dès aujourd’hui, de penser au système que l’on veut pour le futur. « C’est notre première mission en tant que citoyen.« 

Éléanore Médard

Retrouvez la liste des événements organisés dans le cadre du Festisol

Photos : Lancement du Festisol le 9 novembre, avec notamment Siham, Nathan, Kadiatou et Quentin, quatre jeunes engagés à ATD Quart Monde. © Éléanore Médard