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ATD Quart Monde à bras ouverts

Volontaires permanents, alliés diffusant dans leur milieu le combat contre la pauvreté, militants Quart Monde ayant connu ou connaissant la précarité, volontaires en Service civique, professionnels en mécénat de compétences, salariés, bénévoles… ATD Quart Monde repose sur l’engagement de personnes très diverses, rassemblées autour de celles qui sont confrontées à la grande pauvreté, le point de départ et le cœur de son action.

Avec la campagne 2017  » Stop pauvreté « , ATD Quart Monde a voulu développer ses  » richesses humaines  » en invitant de nouvelles personnes, des jeunes notamment, à rejoindre le courant du refus de la misère. L’un des défis est de faire évoluer les formes d’engagement au regard des parcours de vie actuels.

Pour cela, la Délégation nationale a décidé de créer un Pôle Animation des richesses humaines. Parmi ses missions, il a en charge le recrutement et l’accueil de membres actifs, leur accompagnement et leur formation, le soutien aux dynamiques d’équipe, une meilleure adéquation entre les besoins du Mouvement, les aspirations et les compétences de chacun, etc.

Pour mesurer ces enjeux, centraux pour l’avenir d’ATD Quart Monde, le Journal a donné la parole à des personnes qui ont rejoint récemment le Mouvement ou qui s’en sont rapprochées, notamment à la suite de la campagne 2017. Elles évoquent leur rencontre avec ATD Quart Monde, la perception qu’elles en ont, leurs envies d’engagement, comment elles ont pu ou non trouver leur place, l’accueil qui leur a été fait.

Johan, 25 ans, nouveau à l’Université populaire Quart Monde d’Île-de-France

 » C’est d’abord Carine, puis Hugo, de l’équipe Paris d’ATD Quart Monde, qui sont venus dans mon centre (d’hébergement et de réinsertion sociale). Avec d’autres jeunes, on se réunit avec eux dans une salle et on discute. Ça m’intéresse parce que ce sont des sujets qui me touchent, la pauvreté surtout. On pose beaucoup de questions, il faut expliquer. C’est difficile au début, on finit par s’habituer.

Puis Carine m’a proposé de participer à l’Université populaire Quart Monde à Montreuil (le siège d’ATDQM) pour représenter le foyer, montrer ce qu’on a préparé. Ça enrichit beaucoup, ça redonne confiance en soi parce qu’on s’exprime. C’est bien que des associations soient là pour qu’on exprime la réalité des choses, ce qu’on vit dans la pauvreté. Les grands messieurs de la politique, la technocratie, parlent à la place des autres sans connaître.

J’ai envie de militer contre la pauvreté afin qu’on comprenne ce qu’on subit, comment on est humilié. Je vais continuer à l’UP mais je voudrais maintenant la préparer à Saint Fargeau (les locaux parisiens d’ATDQM) pour me changer la tête et sortir du foyer. « 

Christian, 67 ans, retraité, allié d’ATDQM

« Retraité, je me suis retrouvé avec beaucoup de temps libre. J’avais une liste d’occupations mais, à côté, je voulais quelque chose de plus consistant. J’étais prêt à donner un jour et demi, voire deux jours par semaine.

Je suis allé au Village des initiatives place de la République (les 14 et 15 octobre 2017) en me disant que peut-être je trouverais quelque chose. J’avais connu ATD Quart Monde à travers un couple de volontaires que l’on côtoyait dans une paroisse à l’étranger. Je trouvais très courageux qu’ils vivent, avec leurs deux enfants, avec des familles en pauvreté.

J’ai laissé mon nom. J’ai ensuite été invité à une réunion à Montreuil en novembre. C’était clair et bien préparé. J’ai apprécié l’approche égalitaire – il n’y avait pas les « sachants » et les nouveaux, intimidés, tous avaient une parole de même valeur. J’ai aussi apprécié l’échange avec Véronique du pôle Animation des richesses humaines.

Ce qui m’a été proposé – suivre et soutenir les groupes locaux dans leur comptabilité – me convient. Je suis un ancien fonctionnaire des finances. Mes débuts à Montreuil ont été faciles. Il y a ici une bienveillance, une attention partagée.

Ce qui m’intéresse à ATD Quart Monde, c’est le travail de fond par opposition aux « one-shots » d’autres associations, et la place donnée aux militants Quart Monde. Dire que la personne en précarité est au centre, que tout est construit à partir d’elle, ça change tout. »

Cassandre, 18 ans, étudiante en stage à Montreuil

 » Pour mon stage, au départ je voulais être dans la musique. Mais je n’ai pas trouvé. Alors mon père a activé ses contacts. Il fait un mécénat de compétences à ATD Quart Monde. Par ma prof, j’aurais pu aller dans une radio. Mais je préfère le social.

L’accueil ici, je ne peux pas rêver mieux. Tout le monde se présente, il y a un côté humain qu’on ne trouve pas partout. Plus tard, je redoute de me retrouver dans une entreprise où on est invisible.

A ATD Quart Monde, on prend la pauvreté dans sa globalité et on lutte pour des valeurs comme la dignité et le respect des droits. C’est un bon projet. J’ai pu rencontrer des gens sur le terrain. J’ai visité l’entreprise solidaire TAE (Travailler et Apprendre Ensemble) à Noisy-le-Grand et l’entreprise à Lille de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée. Maintenant, dès que je vais entendre des gens autour de moi parler d’entreprise, je vais faire la pub d’ATD, expliquer qu’il y a un autre système de management et que ça marche. « 

Karine, 40 ans, commence une mission à Montreuil

 » Je me déplace en co-voiturage. Un jour, entre Reims et Lyon, j’ai voyagé avec Yves et Élodie, deux volontaires permanents d’ATD Quart Monde. Ils m’ont parlé du Mouvement que je ne connaissais pas, j’ai trouvé ça génial. Cette vision à long terme me parle. J’aime aussi l’idée que l’on donne des outils à des personnes en difficultés, pas seulement des aides ponctuelles.

Je suis très ouverte. Je n’ai plus de lieu fixe où je vis, j’enchaîne les missions de bénévolat. Je me suis proposée comme bénévole au Village des initiatives en octobre place de la République. J’ai bien accroché avec les jeunes qui s’occupaient de la chorale, de la bagagerie… J’ai aussi participé à la préparation puis à l’Université populaire Quart Monde de Reims – cela a été hyper enrichissant et touchant. A chaque étape, à chaque rencontre avec des personnes d’ATD, j’ai eu envie d’en connaître plus. C’était de l’ordre de l’évidence.

J’ai participé au week-end de découverte du volontariat (les 25-27 mai). J’en suis sortie encore plus motivée. Mais avec la même question en tête : avec mon parcours de vie, en quoi est-ce que je peux être utile ? Deux jours plus tard, la Délégation nationale m’a fait une proposition : venir en soutien, jusqu’à la fin de l’année, pour organiser la Journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre. J’ai aussitôt accepté. Cela a été encore plus simple que je l’imaginais. »

Pierre, 28 ans, participant au week-end de découverte du volontariat

 » Ces jours-ci, avec Lucie mon épouse, nous quittons notre travail – elle à la fédération régionale des centres sociaux, moi à l’école de production de Lens. Nous avons décidé de partir en septembre sur un projet de deux ans avec une partie itinérante d’un an autour du monde. Pour la construire, nous avons exploré de nombreuses pistes. Ayant déjà participé à des actions de solidarité internationale, nous avons nos exigences. Nous voulons une association qui soit dans le développement du pouvoir d’agir, surtout pas dans l’assistanat.

Dans son travail, Lucie a côtoyé ATD Quart Monde – elle a co-animé un atelier de Croisement des savoirs (démarche propre au Mouvement). Nous nous sommes inscrits au week-end des 25-27 mai : nous avons découvert ce qu’était le volontariat à ATD, très différent des autres associations, avec un travail dans la durée. On a rencontré des personnes avec des engagements incroyables, dans un esprit qui nous parle totalement.

Aujourd’hui, nous échangeons pour voir si notre projet peut s’inscrire dans la dynamique d’ATD. Pour sa partie itinérante, on pourrait, en tant qu’alliés, faire le lien entre les antennes du Mouvement à l’étranger autour d’une oeuvre d’art commencée dans un pays, poursuivie dans un autre… Notre idée est d’aller à la rencontre des gens, de vivre dans la simplicité. Après, on pourrait envisager un volontariat permanent, pour un an ou deux d’abord. Car s’engager pour 20 ans, c’est assez affolant. « 

Mathilde, 23 ans, étudiante en Master d’économie

« Je suis passée par hasard au Village des initiatives place de la République car j’habite pas loin. J’ai écouté des enfants qui racontaient un projet monté dans leur bibliothèque de rue. Au milieu des livres, il n’y a plus de barrières sociales… J’ai aussi été touchée par le témoignage de deux animatrices qui expliquaient que, parfois, il n’y avait pas d’enfants lorsqu’elles arrivaient mais qu’elles étaient là de toute façon et que c’était le plus important.

J’ai discuté avec un allié qui distribuait les journaux. Cela m’a confortée dans mon impression : c’est un Mouvement qui a une grande force, en particulier avec ce croisement de personnes en pauvreté, de chercheurs, d’alliés…

A la réunion de novembre à Montreuil, cela m’a impressionnée de découvrir que certains choisissent de s’engager dans des quartiers difficiles pour 590 euros par mois. J’ai aussi trouvé très intéressant les actions de promotion de lois pour changer les politiques publiques, comme avec Territoires zéro chômeur de longue durée ou avec le DALO (droit au logement opposable).

Ce qui m’attire aussi à ATD Quart Monde que j’ai connu au Mouvement eucharistique des jeunes à Tours, c’est que ce soit une association laïque, plus ouverte dans la manière d’aborder la question de la pauvreté.

Je voulais m’engager au-delà d’une action dans l’année, j’ai fait une demande de service civique à Marseille pendant mon année de césure, l’an prochain. J’ai écrit à l’équipe locale, indiquant mes attentes. Étienne m’a répondu ce que l’équipe me proposait. »

 

Dossier réalisé par Véronique Morzelle et Véronique Soulé

Photo: Lors de la session de découverte du volontariat du 25 au 27 mai 2018 à Pierrelaye. ©Carmen Martos, ATDQM