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Les Visages d’ATD Quart Monde – Amélie Lemoine, volontaire à Cuzco : « J’y apprends énormément »

Amélie Lemoine

Amélie Lemoine est membre de l’équipe d’ATD Quart Monde à Cuzco, au Pérou, où elle est en charge des bibliothèques de rue.

Cela faisait quasiment deux ans qu’elle n’était pas rentrée en France. Amélie Lemoine, 27 ans, est volontaire permanente d’ATD Quart Monde à Cuzco, au Pérou. Une mission qui la passionne et où elle s’investit à fond. En décembre 2018, Amélie a toutefois passé les fêtes avec les siens. Venue participer en France à un regroupement de volontaires internationaux d’ATD Quart Monde, elle a prolongé son séjour par une plongée au sein des structures du mouvement, puis par un séjour dans la maison familiale de Vouziers, petite localité des Ardennes.

Nous l’avons rencontrée à Noisy-le-Grand où elle venait passer une semaine au Centre de promotion familiale.

Inca

La route d’Amélie a croisé celle d’ATD Quart Monde un peu par hasard. Étudiante en Master 2 en Relations interculturelles et coopération internationale à l’université de Lille, elle doit faire un stage de cinq mois. Elle rêve du Pérou.

Dans le cadre d’un projet universitaire, elle a découvert l’existence d’ ATD Quart Monde mais ne connaît guère plus. En cherchant son stage, elle découvre que le mouvement est implanté à Cuzco, une ville de 350 000 habitants perchée dans la Cordillère des Andes. « J’ai envoyé ma candidature par mail et on m’a répondu : ‘On t’attend’« . La voilà partie dans l’ancienne capitale de l’empire inca, de mars à juillet 2016. Elle prolongera comme bénévole jusqu’en novembre.

« Les valeurs, les actions, le rapport à l’humain, tout cela m’a tout de suite touchée« , confie Amélie. Très vite, elle est tentée par le volontariat permanent : « Durant ce stage, j’ai beaucoup appris, participé aux bibliothèques de rue, aux Universités populaires Quart Monde, désignées là-bas par un terme en quechua : ‘Uyarinakusunchis’. En plus, mes collègues me parlaient de leur expérience du volontariat. Cela me correspondait. »

Amélie parle lentement, posément, même quand elle se montre enthousiaste. Souvent, elle prend un petit temps de réflexion avant de répondre, cherchant le mot juste. Un recul qui ajoute de la profondeur, de la sincérité à ce qu’elle dit.

De retour en France pour valider son master, elle discute avec les délégués d’ATD Quart Monde pour l’Amérique latine. Fin 2016, le mouvement lui propose d’aller faire son année de découverte du volontariat à Cuzco. Amélie mesure sa chance : « D’habitude, cela se passe en France. Là, je retournais au sein de mon équipe. » Elle repart en mars 2017 « super contente » : « J’avais vraiment envie d’aller plus loin.« 

Enfants

À Cuzco où l’équipe compte cinq volontaires, Amélie est aujourd’hui chargée de la bibliothèque de rue qui a lieu chaque samedi dans un quartier éloigné du centre, mal desservi, sans routes ni eau potable.

« Je n’avais jamais travaillé avant avec des enfants. Au début, je me demandais si j’allais être à la hauteur… Mais très vite, j’ai vu les enfants qui nous reconnaissaient quand on arrivait pour la bibliothèque de rue, les bras qui se lèvent… » En 2018, il y avait jusqu’à une quarantaine d’enfants.

Chaque mardi, Amélie se rend aussi à Cuyo Grande, une petite localité où vivent un couple de volontaires et leurs deux enfants aux côtés des plus démunis. Elle aide à l’animation des bibliothèques de rue – à Cuyo Grande et dans trois villages environnants.

L’équipe étant réduite, tout le monde fait un peu tout à Cuzco. Amélie prête main forte à la préparation des Universités populaires Quart Monde. Organisées quatre fois par an, elles rassemblent entre 30 et 40 personnes. Parmi les thèmes débattus : la participation citoyenne, la gestion des déchets, la violence à l’école, la corruption,…

« J’y apprends énormément. Écouter les témoignages des familles, leur expérience, est très enrichissant. On se rend compte de la réalité. Il y a un système de lois mais elles ne s’appliquent pas à tous. »

Grand-mère

À Cuzco, Amélie partage un logement avec Soledad, jeune volontaire argentine. Elles habitent au pied du quartier de la bibliothèque de rue, perché sur une hauteur. « Cela nous permet d’être près des familles. On a créé des liens forts avec certaines. On est invité à des mariages, à des anniversaires. On nous appelle s’il se passe quelque chose, on passe prendre le café. »

L’avenir ? Amélie se voit bien encore un an à Cuzco d’autant que son ami péruvien, qui en est originaire, veut lui aussi devenir volontaire. Puis ils iront au gré des missions proposées. Les conditions de vie modestes des volontaires ne la dérangent pas. « Je préfère cela plutôt qu’un travail bien payé et qui ne me plaît pas. J’apprécie aussi le fait que tout le monde soit payé pareil – en tenant compte, à l’étranger, du niveau de vie du pays.« 

Loin des Ardennes, elle ne cultive pas le mal du pays. Ses parents, à la retraite – son père était artisan menuisier, sa mère infirmière – sont venus visiter la région à Noël 2017. Son frère, consultant en entreprise, les accompagnait ainsi que sa grand-mère de 91 ans. Elle serait bien montée à Cuzco, à 3 400 mètres d’altitude, mais son médecin lui a fortement déconseillé. Alors, elle est restée à Lima, la capitale, car il faut être raisonnable. Pour Amélie, là-haut, c’est un peu sa famille.

Véronique Soulé