
AMAP et jardins partagés accessibles à tous
À La Nouvelle-Orléans aux États-Unis, des familles qui ont la vie dure s’engagent elles aussi dans des projets de jardins partagés (ph. G. Sitter, ATD Quart Monde)
« Les pauvres ne font pas ce qu’il faut pour bien s’alimenter. »
FAUX !
Des familles d’Alsace qui ont la vie dure expliquent comment elles mènent le combat pour une alimentation saine.
Laurence et sa famille étaient dans une AMAP(1) qui proposait des paniers solidaires pour que l’association soit accessible au plus grand nombre. Les personnes avec des bas revenus avaient un panier financé un tiers par la mairie, un tiers par l’association (paniers citoyens) et un tiers par les familles. Le projet a duré un an avec quatre familles qui ont la vie dure. « Ce qui était bien, dit Laurence, c’est que c’était très convivial. Grâce à l’AMAP, j’ai découvert des légumes que je ne connaissais pas. J’ai réussi à faire plein de repas et maintenant, avec trois fois rien, je fais des super bons repas. Une fois par semaine, je mets cinq ou six aliments sur la table et je demande à mes enfants de faire un repas, mais je ne dis pas quoi. C’est eux qui imaginent et qui font. Il y a toujours au minimum un légume dans le lot. Ça leur apprend à cuisiner et ça fait un moment festif parce que je suis présente. Quand ils seront plus grands ou si je travaille, ils sauront se débrouiller. »
Ce genre de projet peut réussir s’il produit du lien et de la rencontre. La mobilité a été parfois un obstacle pour les autres familles. Si elles avaient pu se déplacer jusqu’à l’AMAP, elles se seraient peut-être senties plus impliquées et auraient appris comment cuisiner ces légumes.
Le projet s’est arrêté car, ensuite, Laurence et sa famille ont eu une parcelle de jardin par le Resto du cœur : « Au départ, ça coûte cher, dit-elle, surtout en début de saison, pour préparer le sol et tout ça. Mais quand on arrive à faire des semences pour soi, là, ce n’est plus tellement cher. Même si ce n’est pas tellement rentable malgré les heures qu’on passe dedans, les légumes sont quand même meilleurs. Il y a quelque chose de bénéfique qui restera toujours. S’éloigner de l’appartement et aller dans le jardin, c’est un moment de détente. » Christophe, son mari, ajoute : « C’est toi qui fais la semence et c’est la fierté après quand c’est toi qui récoltes, de pouvoir nourrir tes enfants et qu’ils mangent de tout et équilibré. »
Sylvie, une amie de Laurence, parle d’une initiative de la mairie de Montbéliard, qui a ouvert une Maison de famille dans une cité pour les gens qui ont le Revenu de solidarité active. Elle est dotée d’un grand jardin : une partie de la récolte est pour eux, une partie est vendue sur le marché et une partie sert à faire des repas collectifs avec les voisins. La Ville a donné des bacs pour qu’ils puissent récupérer l’eau et arroser leurs plantes. « Entre eux à présent ils s’entraident, ils se sont expliqué comment planter leurs graines, comment jardiner. Beaucoup ne savaient pas. Ça a créé un lien. À présent, des familles viennent au marché et réfléchissent avant à ce qu’ils vont acheter. Ça redonne du dynamisme aux familles. »
→ Extrait de la Revue Quart Monde n° 230 « Se nourrir », ATD Quart Monde, 2014