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Agir contre les préjugés : échos de la journée du 6 février 2020 à Noeux-les-Mines

Le 6 février 2020, ATD Quart Monde a participé à la journée « Citoyenneté numérique » à l’invitation de La Ligue de l’enseignement du Pas de Calais.

Atelier « En finir avec les préjugés sur la pauvreté dans les médias » (photo La Ligue 62)

Le témoignage d’une militante d’ATD Quart Monde a servi de base à l’animation de deux ateliers « En finir avec les préjugés sur la pauvreté dans les médias » :
« Je ne suis pas parfaite, mais je suis un être humain. J’ai toujours eu peur.
ATD Quart Monde m’a aidé à devenir moi, à ne plus avoir peur des gens et à ne plus avoir peur de parler. Avant, j’entendais plein de choses et je me taisais. Préjuger, c’est juger avant de connaître. Quand on ne connaît pas la personne, on n’a pas le droit de juger. Pas sur des apparences, pas sur des on-dit. On a connu les préjugés en famille, à l’école, dans la société… Quand on veut se reconstruire, il faut tenir le coup ! J’ai cru que j’étais une bonne à rien, une fainéante. On entend tout ça à longueur de journée. C’est pour ça que je m’enfermais, que je m’isolais.
On dirait que la pauvreté, ça fait peur aux gens, qu’ils ne voudraient pas que ça leur arrive. Mais c’est pas contagieux !
L’indifférence, ça fait mal aussi. Par exemple, on est dans un endroit où il y a plein de monde et personne ne vient nous parler.
Je voudrais que les gens prennent conscience qu’ils se trompent sur nous.
Il faut aussi tout le temps se justifier, justifier pourquoi on est pauvre. Ça fait mal parce que ce n’est pas ce qu’on a besoin d’entendre.
Il faut que les gens sachent qu’on ne l’a pas choisi, qu’on n’a pas choisi ce qu’on vit. »

Les participants à ces deux ateliers – salariés ou bénévoles dans des services jeunesse de collectivités, des associations d’éducation populaire… – ont cité  des discours qu’ils entendent autour d’eux : « avec les aides sociales, on vit pas si mal que ça », « les gens font des enfants pour les allocs », « ils achètent des IPhones et des vêtements de marques à leurs enfants », « ils ne cherchent pas vraiment du travail »…

L’objectif des ateliers n’était pas de décortiquer en détail ces discours (c’est l’objet du livre En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté), mais de mieux mesurer leurs impacts négatifs sur les personnes visées et sur la société, et d’échanger sur les moyens de les contrer par une meilleure compréhension des mécanismes de l’exclusion et par l’action collective avec les personnes confrontées à la précarité et à la pauvreté et en particulier les jeunes.

De gauche à droite, Jean Christophe Sarrot (ATD Quart Monde), Maxime Saraïva (Ligue de l’enseignement), Flora Beillouin (Labo 148) et Sheerazad Chekaik-Chaila (La Friche). Photo La Ligue 62.

Pour clôturer la journée, une table-ronde « Pour une éducation populaire aux médias et aux réseaux » a été l’occasion de présenter de nombreuses initiatives d’éducation par les médias à la lutte contre les préjugés et l’exclusion, comme par exemple :

Les médias dominants parlent très peu de pauvreté. Lorsqu’ils le font, ils renforcent souvent les clichés et les stéréotypes. À nous de leur écrire pour les encourager à le faire sans préjugés et à nous d’utiliser nos propres médias (réseaux sociaux, radios locales, video…) pour donner la parole à celles et ceux que l’on n’entend presque jamais.

jean-christophe.sarrot@atd-quartmonde.org