
Accès au logement : Ségrégation vis-à-vis d’une catégorie d’hébergés
Un habitant de M., avec 3 associations familiales du département, écrit au maire de sa ville :
« Nombre de nos concitoyens vivent dans la rue, en squats ou au mieux à ‘l’hôtel’ (marchand de sommeil), avec toutes les conséquences que cela entraîne pour eux et leur famille. (…) Votre service logement, en accord discret avec certains bailleurs, refuse tout dossier émanant d’une personne hébergée chez une autre, si cette dernière est débitrice de loyers.
A toute demande d’explication, formulée par le candidat à un logement, même réponse : «Ordre de Monsieur le Maire !». En quoi ce demandeur doit-il être tenu responsable de la situation débitrice de celui qui l’accueille ? Connaissant votre attention vers les personnes défavorisées, nous doutons fort que vous ayez donné un tel ordre ! Cependant il y a là un délit flagrant de discrimination sociale !
C’est pourquoi, nous en appelons à votre autorité afin que vos services se mettent en conformité avec la loi. »
Le maire répond qu’aucun ordre de sa part n’a été donné. Au téléphone le responsable du service logement se défend d’une telle accusation : « on ne fait pas ça ! » et explique que, « les bailleurs ont le droit de faire ce qu’ils veulent chez eux » .
Peut-être, mais n’est-il pas injuste et discriminatoire de ne pas prendre en compte une demande de logement ? Persuadé que oui, ce citoyen ne lâche pas l’affaire.
Il raconte : « Après enquête personnelle, je constate que, depuis notre courrier, rien n’a bougé. Nous avons donc pris rendez-vous avec le chef de cabinet du maire, également responsable du service logement. »
Celui-ci annule au dernier moment les rendez-vous, mais s’explique au téléphone.
« On a eu consigne de bloquer les dossiers qui ne comportaient pas la dernière quittance de l’hébergeant. La commission d’attribution , d’emblée, refuse ces demandes. »
Cependant, trois mois après le début de cette mobilisation, les choses sont rentrées dans l’ordre : le maire ne bloque plus les dossiers de demande de logement, même incomplets. « C’est déjà une réussite ! » se félicite ce citoyen, même s’il est bien conscient que, si l’offre ne correspond pas à la demande, les familles les plus pauvres auront beaucoup de mal à ce qu’un logement leur soit proposé.