
Abandonnons nos préjugés et agissons. 26 présidents d’associations se mobilisent
Depuis 2007-2008, nos pays industrialisés s’enfoncent dans une crise dont certains disent qu’elle remonte en réalité à bien plus loin que cela. Mois après mois, plus de chômage, plus de souffrances, moins de confiance dans l’avenir et dans les autres, plus de discours qui divisent et de boucs émissaires… On a l’impression d’être sur le pont du Titanic. À bord du Titanic, il n’y avait pas assez de canots de sauvetage pour tous les passagers. Pouvons-nous accepter le discours de certains responsables politiques : « Tout le monde ne pourra pas sortir de la crise, il n’y en aura que pour les pays et les travailleurs qui acceptent d’être payés moins et seront plus compétitifs » ?
Non. Voyons les choses autrement.
Prenons la mesure du désespoir et des dégâts que le chômage de longue durée et le sentiment d’inutilité créent chez les personnes. Dans les villes et les campagnes, les ravages sont d’autant plus considérables qu’ils s’introduisent discrètement. Mais ils sont profonds et brisent des vies, des enfances, des familles, des avenirs, des quartiers, des territoires. Sans moyens suffisants et innovants, de nombreux professionnels au service de l’humain (dans le travail social, les services aux personnes, la santé, l’aide à la recherche d’emploi, l’éducation, la formation, la sécurité, les collectivités…) perdent eux-mêmes leurs repères et le sens de leur métier.
Prenons conscience que cela pourrait être autrement. Car nous ne sommes pas sur le pont du Titanic, mais en France, sixième puissance économique mondiale. Et 25e seulement au classement mondial du bonheur par les Nations Unies. La richesse ne fait pas le bonheur, c’est la réduction des inégalités et de la pauvreté qui accroît le bien-être d’un pays(1). L’accroissement de la richesse crée la violence quand elle n’est pas partagée et ne contribue pas au bien être de tous.
Associons tout le monde afin de voir et d’agir autrement. C’est la condition pour produire une pensée nouvelle qui peut nous sortir de la crise. Nous reconnaissons une pensée nouvelle au fait qu’elle nous surprend. Surpris, vous le serez en découvrant ici les trésors d’inventivité dont font preuve des familles en grande difficulté et ceux qui s’engagent avec elles. À Nogent-le-Rotrou, une association agit pour que la culture pénètre dans les appartements des cités. Dans le Morbihan, des enseignants mettent tout en œuvre pour que les enfants réussissent et que les « décrochés » retrouvent des motivations. En Alsace, on s’efforce que chacun ait accès à une alimentation saine. Ailleurs, on projette de nouvelles manières de créer de l’emploi, y compris avec les familles les plus exclues.
Ces initiatives et bien d’autres sont des réponses à la crise que nous vivons depuis 2008 et que les personnes en situation de grande pauvreté vivent depuis longtemps. Elles dessinent des projets communs qui sont possibles à partir du moment où nous abandonnons les préjugés que nous portons les uns sur les autres pour réfléchir et agir ensemble.
Nous, associations et organismes partenaires de la 28e Journée mondiale du refus de la misère, vous invitons le 17 octobre 2014 à croire qu’un autre monde est possible et à le mettre en œuvre avec celles et ceux qui nous surprendront si nous parvenons à les associer. Signons www.jeneveuxplus.org et agissons.
Philippe Guérard, président d’Advocacy France, Nathalie Ménard, présidente de l’AFEV, Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France, Romuald Dzomo Nkongo, président de ANI International, Caroline Saliou, présidente de l’APEL, François Content, directeur général d’Apprentis d’Auteuil, Christian Laruelle, directeur de l’ASSFAM, Pierre-Yves Madignier, président d’ATD Quart Monde France, Jean-Pierre Pascual, président du CCSC, Daniel Cadoux, président de la CNAPE, Marie Derain, Défenseure des Enfants, Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France, Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, Claudie Miller, présidente de la FCSF, Bernard Devert, président d’Habitat et Humanisme, Jean-Charles Huver, président de l’ICEM – Pédagogie Freinet, Geneviève Jacques, présidente de La Cimade, Pierre Bercis, président de NDH, Yann Baggio, président de l’Ordre de Malte, Jean-Baptiste de Foucauld, président de l’Association de Service du Pacte civique, Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique, Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT, Roland Hubert, cosecrétaire général SNES-FSU, Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, François Fondard, président de l’UNAF, Dominique Balmary, président de l’UNIOPSS.