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A voir en octobre

Tous les mois, les plans ciné de Bella, notre chroniqueuse cinéma.

LEAVE NO TRACE. Debra Granik. Fiction. 1H49.VOST. adapté d’un roman tiré lui-même d’une histoire vraie)- Sortie 19 septembre 2018 (dépêchez- vous !)

Coup de cœur

Dans les bois de l’Oregon, Tom adolescente vit en osmose avec son père (ancien soldat du Vietnam) et avec la nature. Will  a tout appris à sa fille : lire, écrire, compter, les règles de la survie et une certaine philosophie. Leurs contacts avec la société des hommes sont réduits au minimum. Arrachés à cet état semi sauvage par la police, confiés aux services sociaux (montrés plutôt  positivement), les voilà sous un toit, dans un haras.  Tom prend goût à sa nouvelle vie, Will ne s’y fait pas. Une nouvelle fuite les amène à trouver -assez miraculeusement- refuge dans une communauté de laissés- pour- compte très solidaires et accueillants. Ces humains  (beaux visages ravinés par la vie)  oubliés volontaires de la société américaine, ont choisi eux aussi de ne pas laisser de traces. Sans discours ni démonstration, un père choisit entre protection et liberté pour lui-même et pour sa fille. Une adolescente chemine en douceur vers l’indépendance. Presque un conte de fée.

AMIN. Philippe Faucon. Fiction. France. 2018. 1H31. Sortie 3 octobre 2018.

Amin, Sénégalais est ouvrier immigré dans le bâtiment. Il rencontre Gabrielle sur  le chantier de sa maison. C’est une jeune femme moderne, émancipée, en cours de divorce. Leurs deux solitudes -chacune dans son genre- donnent lieu à une rencontre sentimentale, seul espace de liberté pour eux.  Tandis qu’elle peut se tenir au-delà des conventions, Amin lui se sent empreint du devoir et de l’amour envers ses enfants qui grandissent sans lui et envers sa femme qui souffre de l’absence et voudrait le rejoindre. Toute la finesse et la justesse du film résident dans les non-dits et l’incommunicabilité entre deux êtres, dus aux différences de culture, d’éducation, et d’origine sociale.

Il y a aussi le foyer d’hébergement où loge Amin avec d’autres immigrés, leur amitié. Il y a les retours  au pays dans la famille, la relation paternelle saisie avec naturel, entre gêne et complicité. Il y a l’inquiétude et l’intelligence d’une épouse, montrées avec justesse et pudeur sans dialogues inutiles, ni musique. Il y a le village  précaire et son école où Amin est considéré, accueilli en  donateur. A noter aussi le grand soin porté aux rôles secondaires. A partir d’une situation improbable, un film réaliste, tout en nuances, sans discours ni démonstration.

CAPHARNAÜM. Nadine Labaki. Fiction. France-Liban.2018. 2H30 VOST.  Sortie 17 octobre.

A Beyrouth, Zain, douze ans sans état civil risque cinq ans de prison car il a poignardé et insulté un homme. Il décide à son tour d’intenter un procès à ses parents pour l’avoir mis au monde alors qu’ils n’étaient pas capables de l’élever, ni de lui donner de l’amour. L’enfant travaille dur, sa sœur de onze ans est vendue à un adulte pour se marier. En fuite, il est recueilli par une jeune Ethiopienne en situation irrégulière. Jetée en prison, c’est Zain qui prend soin de du bébé de la jeune femme. Les parents sont montrés sans beaucoup de nuance même si la mère se défend in extremis. Une accumulation de faits imaginés par le scénario, une musique trop présente, des dialogues parfois appuyés ou des scènes violentes desservent le film, le rendent « mélo ». Reste un vrai réalisme documentaire et l’authenticité du jeune acteur  amateur, très attachant, qui puise dans sa propre vie.

NOS BATAILLES. Guillaume Senez. Fiction. France-Belgique. 1H38. Sortie 3 octobre 2018. (Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2018)

Olivier a plusieurs facettes : père aimant et attentif, conjoint déstabilisé par le départ brutal de sa compagne, représentant syndical dans son usine. Cela fait beaucoup pour un seul homme. Du conflit intime au conflit social,  il livre au quotidien toutes sortes de batailles (en premier avec lui-même) pour tout conjuguer, le plus harmonieusement possible.  Des figures féminines intéressantes gravitent  autour de lui. Son énergie positive force notre admiration, le personnage est très convaincant. Portrait d’un héros moderne, sans tambour ni trompettes, pas si banal que ça.

FORTUNA. Germinal Roaux. Fiction. Suisse-Belgique.1H46. Sortie 19 septembre 2018. Ours de Cristal Festival Berlin 2018.

Fortuna, jeune Ethiopienne de quatorze ans, est acccueillie avec d’autres réfugiés dans un monastère catholique des Alpes suisses.  Elle aime Kabir, un jeune Africain et- ça ne rate pas- tombe enceinte.  Des femmes et des hommes de bonne volonté ( beau portrait d’un éducateur tout à fait laïc et d’une réfugiée roumaine) voudraient la guider au mieux. Filmé dans un noir et blanc lumineux, en décors naturels, avec des animaux « symboliques » (un âne confident, à l’empathie extraordinaire), le thème très actuel prend  ici un tour universel.