Entrez votre recherche ci-dessous :

A voir en février 2018

La chronique de Bella Lehmann-Berdugo

L’ascension. Ludovic Bernard. Fiction. France. 2017. 1H43. DVD ou VOD.

La Courneuve, en Seine-Saint-Denis (93), altitude 29 mètres. Samy, d’origine sénégalaise, est amoureux de Nadia qui n’est pas très convaincue. Pour lui prouver son amour, sur un pari, il se lance sans aucune préparation dans l’ascension de l’Everest, 8843 mètres. Il obtient le financement d’une radio locale. Dès lors, l’aventure devient l’affaire de tout le « 9-3 » : les parents de Samy, ses amis, son professeur qui croyait en lui, les voisins de différentes communautés qui ne se parlaient pas. 

Le rythme du film et l’humour pêchent un peu mais l’énergie d’Ahmed Sylla (humoriste) nous conquiert. Une aventure anti préjugés qui mélange fierté, solidarité et cœur, idéale à voir en famille. D’après l’histoire vraie de Nadir Dendoune, premier Franco-algérien sur l’Everest en 2008.

Une saison en France. Mahamat-Saleh Haroun. Fiction. France. 2018. 97mn

Le parcours pas à pas d’Abbas et ses enfants, demandeurs d’asile depuis dix mois. Le récit fait prendre conscience d’une manière intimiste et très juste des difficultés liées à l’exil pour cause de guerre – la confrontation avec la précarité, les démarches administratives, les logements temporaires, l’absence de repères pour des enfants, l’errance. Il pointe aussi le risque pris par les personnes amies accueillant des gens sans papiers. Le dilemme, le déchirement que cela pose aux uns et aux autres.

Un jour ça ira. Stan et Edouard Zambeaux. Documentaire. France. 2018. 1H30

Dans le centre d’hébergement d’urgence L’Archipel à Paris qui s’apprête à fermer, deux adolescents, Jibi et Ange, participent à des ateliers de pratique artistique. Ils mettent des mots sur leurs espoirs, leurs peurs : « j’ai appris à vivre léger (…) c’est ça un serial déménageur ». Ils deviennent les stars du film. On aimerait mieux connaître les autres jeunes du centre, qui n’osent pas se mettre en avant. Séquences d’émotion, gros plans de visages. Le film joue sur la corde sensible sans beaucoup informer.

 

L’atelier de conversation. Berhard Braunstein. Documentaire. Autriche/France/Liechtenstein. 2018.72 mn.

Dans une salle de la bibliothèque publique du centre Pompidou à Paris, des gens venus des quatre coins du monde se retrouvent chaque semaine pour pratiquer le français à un atelier de conversation gratuit. Des réfugiés de guerre et des personnes chassées de leur pays par des persécutions politiques (et pour raisons économiques ?) côtoient des étudiants. Des thèmes sont proposés par exemple les préjugés, les femmes, le romantisme, le hallal,… Il y a des fous rires -« non les Chinois ne sont pas plus des mangeurs de chien que les Français de cheval », il y a des différends sur les religions (vifs échanges), de l’émotion aussi. La solitude, le désarroi affleurent parfois. Parler s’avère thérapeutique. Certains sont là pour se faire des amis. Beauté des visages et regards attentifs les uns aux autres : une boulangère japonaise, un calligraphe irakien, une jeune mariée américaine, tous s’écoutent avec empathie. Ici en tout cas, en toute simplicité, les frontières sociales et culturelles s’effacent dans une rencontre d’égal à égal.