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À voir en décembre 2022

La chronique de Bella Lehmann-Berdugo

 

Les pires

Lise Akoka, Romane Guéret. Fiction documentaire. France. Prix Un certain regard Cannes. 7 décembre

Un tournage a lieu cité Picasso, à Boulogne-Sur-Mer. Quatre ados, Lily, Ryan, Maylis et Jessy sont choisis pour jouer dans le film. Tout cabossés qu’ils soient, les pires s’avèrent lumineux. Dès lors s’invente un film dans le film où les héros vivent leur vie et leurs rêves au beau milieu d’une équipe imbriquée dans l’histoire -réalisateur y compris- et des habitants incrédules. On plane au-dessus de la banlieue. On ne sait pas toujours si l’on est dans la fiction, l’improvisation ou la réalité. Peu importe. On se laisse porter par leur langage, leurs regards bleus et leur formidable énergie vitale.

Annie colère

Blandine Lenoir. Fiction. France. 30 novembre

En 1974, les ouvrières avortent avec des aiguilles à tricoter, les bourgeoises dans des cliniques anglaises. Enceinte accidentellement, Annie rejoint des femmes et de jeunes médecins du MLAC (Mouvement pour la liberté d’avortement et de la contraception). Elle découvre la méthode Karman, l’entraide très concrète et se forme elle-même. Sa place dans sa famille et dans la société change. Les relations conjugales, amicales sont vues avec grande justesse. Des femmes ordinaires, de bonne volonté transforment les tabous, accèdent au contrôle de leurs vies.

 

In Viaggio

Gianfranco Rosi. Documentaire. Italie. 14 décembre

À partir d’archives inédites du Vatican et d’extraits de ses films, Rosi observe « François », homme sans cesse en mouvement pour comprendre le monde. De Lampedusa au Canada des minorités, le pape multiplie les appels contre la logique de guerre, les migrations forcées, la pauvreté, le climat, le colonialisme, les abus sexuels. Notre société de l’indifférence a-t-elle encore la capacité de rêver ?

Saint- Omer

Alice Diop. Fiction. D’après des faits réels. Lion d’argent Mostra de Venise. 23 novembre

Laurence Coly, jeune femme sénégalaise, comparait en Cour d’assises pour avoir abandonné à la noyade son enfant de 15 mois, une nuit sur une plage de Berck- sur- Mer. Un huis-clos de femmes : la juge, l’avocate et, dans le public, Rama, jeune écrivaine parisienne et africaine. Au milieu d’elles : M. Dumontet, père de Lily et compagnon de Laurence. Entre les mots et les silences des uns et des autres se dessine le portrait flou d’une femme totalement seule, dont l’existence est niée, d’un bébé non reconnu par son père « pour simplifier », dit-il, « C’est l’histoire d’une femme fantôme », sans ressources, sans contact extérieur, peut-être maraboutée, peut-être pas. Le film questionne la maternité, la responsabilité morale, l’emprise, les inégalités matérielles et culturelles. Il ne juge rien, n’explique rien, ne justifie rien. Son intensité, son vertige naissent de ces mystères.

La très grande évasion

Yannick Kergoat. Documentaire. France. 7 décembre.

Un panorama étourdissant de l’économie mondiale capitaliste, ses tenants et ses aboutissants. Listes noires des pays, méthodes « légales » ou pas de blanchiment, ponctuées d’exemples fameux. Tenez- vous bien, il existe même un salon de l’évasion fiscale. L’enquête propose un guide du roublard à l’aide de dessins pédagogiques non dénués d’humour pour faire comprendre les mécanismes à l’œuvre.

Ceux de la nuit

Sarah Leonor. Documentaire. France. 14 décembre

À la frontière italienne, à Briançon, les habitants vivent du tourisme saisonnier. La nuit, des gens venus d’ailleurs tentent de franchir la frontière en milieu hostile. Des autochtones solidaires racontent leurs brèves rencontres avec eux, leurs questionnements. Des « identitaires » ou des gendarmes témoignent de leurs chasses à l’homme. Une nuit dans sa fuite, Blessing, 21 ans, est morte, broyée par le barrage. La caméra montre inlassablement les paysages impassibles au fil des saisons. Où les invisibles ne sont que plus présents, où d’infimes traces de leur passage restent. Seule Eunice, jeune réfugiée avec son enfant, fait exception, on ne sait par quel miracle.

 

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