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A voir en ce début d’année

Chaque mois, notre chroniqueuse ciné, toujours fidèle au poste, vous livre ses recommandations !  En ce début d’année, deux films et deux expositions à ne pas rater. 

Les invisibles. Louis-Julien Petit. France. Fiction. 2019. 1H42.[Photo de Une]

Elles se surnomment Edith Piaf, Simone Veil, Dalida, La Cicciolina, Françoise Hardy et fréquentent le centre d’accueil de jour pour femmes sans domicile fixe « l’Envol ». Celui-ci est sur le point de fermer : Manu, la responsable (Corinne Masiero), Audrey et Angélique, des travailleuses sociales, et Hélène, bénévole, vont tout tenter pour les mener vers un emploi. Celles qui, avant la rue, avaient un métier ou des compétences n’ont rien perdu de leurs rêves. Regardées différemment, « coachées » avec bienveillance et exigence, elles affirment leur dignité et leur solidarité. Les unes apprennent des autres. Une formidable énergie domine le film sans nier les difficultés. Une expérience régénérante aussi pour ces actrices en herbe mêlées à des professionnelles et un voile lucide levé sur ces « invisibles ».

 

Une affaire de famille. Hiraku Kore-eda. Japon .Fiction. 2H01.VOST. Sortie 12 décembre 2018. Palme d’or du Festival de Cannes.

Au retour d’une virée au supermarché pour voler les denrées nécessaires à la famille, Osamu et son fils Shota recueillent Yuri, une petite fille mutique violentée par ses parents. Ils la ramènent à la maison déjà bien remplie. Elle est rapidement adoptée même si cela fait une bouche de plus à nourrir. La tendresse qu’ils se portent les uns aux les autres transparaît à chaque plan. Ils vivent entassés, mais comme dans un nid tout chaud. Ici aucun misérabilisme mais plutôt une joie et une ironie constantes tout au long du film.

Les femmes de la famille sont des travailleuses pauvres (la maman travaille dans une blanchisserie industrielle, la fille aînée est « escort girl », la grand-mère perçoit une maigre pension) mais ils ne joignent pas les deux bouts, c’est pourquoi ils vivent de rapines, uniquement pour leur consommation élémentaire. En réalité cette « famille » est constituée de personnes isolées, rejetées et au passé chargé, qui se sont choisies, qui ont tissé des liens aussi fort que les liens du sang.

C’est avec beaucoup d’empathie et de bienveillance que le  réalisateur  se penche sur ses personnages, laissés pour compte du système capitaliste. Anticonformiste et volontairement provocateur, il interpelle l’hypocrisie, la pudibonderie de la société japonaise.  Avec une question récurrente dans ses films : qu’est-ce qui fonde véritablement une famille ?

 

A Bread Factory. Patrick Wang. Etats-Unis. Fiction. Partie 1 : sortie 28 novembre 2018. 2H.VOST – Partie 2 : sortie 2 janvier 2019. 2H. VOST.

La première partie, intitulée « Ce qui nous lie », se passe dans un lieu de culture alternatif aux prises avec les subventions, dans un village américain. Une comédie originale (la vraie vie et la vie en scène se mêlent) et satirique sur les gens, les politicards, le consumérisme. Mais aussi des longueurs, des scènes démonstratives ou prévisibles montées (exprès) comme un « sitcom » télé.

La seconde partie, intitulée ironiquement « Un petit coin de paradis » montre le village transformé : les touristes et l’argent affluent, l’immobilier flambe…mais les deux gérantes de la Bread Factory se battent toujours désespérément pour la culture. Entre- temps, nous nous sommes attachés aux personnages, de ce côté-là en tout cas, ça va mieux. Et les bonnes intentions du film sont confirmées. 

 

Deux belles expositions qui ont du sens :

Dorothea Lange-« Politiques du visible ». Exposition temporaire jusqu’au 27 janvier 2019. Musée du jeu de Paume, Concorde Paris. Réservation obligatoire. Horaires conseillés : 13H-14H/17H-19H.

La photographe documentariste (1895-1966) a parcouru les Etats-Unis, notamment de 1933 à 1957 sur les traces de travailleurs migrants agricoles ou ouvriers au fil des saisons et durant la grande dépression économique. Certaines photos sont inédites, d’autres très connues. Les clichés noirs et blancs révèlent une approche qui se voulait humaniste vis-à-vis de ses modèles. Dorothea Lange se présentait en toute simplicité  à eux et les interrogeait sur leur vie avant de leur proposer de les photographier. Il se dégage de ces personnes, dans leurs attitudes et leurs regards, une très grande dignité.  Par leur force muette et leur beauté, ces portraits, ces paysages aussi, sont parfaitement accessibles à des enfants. Possibilité d’ateliers en famille.

 

Persona grata. Exposition temporaire jusqu’au 20 janvier 2019. Musée de l’immigration. Palais de la Porte Dorée. Porte de Vincennes, Paris. Gratuit pour les moins de 26 ans.

Des œuvres contemporaines qui nous questionnent sur l’hospitalité,  le rejet, l’exil…que nous soyons « nantis » ou plus précaires. Très bien présentées ces photos, vidéos, peintures, installations et sculptures –tantôt insolites tantôt humori

stiques, tantôt inquiétantes, parfois très belles (il y en a pour tous les goûts)- ne sont pas toujours évidentes pour des enfants, sans accompagnement adapté. Demander le livret parcours- jeux pour 8-12 ans. Le billet donne droit aux collections permanentes la plupart très parlantes et ludiques.

 

 

 

Bella Lehmann-Berdugo